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Participation communautaire et professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale en Côte d'Ivoire: expérience du projet kfw8 à  Kaouara et N'Déou (Région des Savanes)

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par Eugène KANGA SOSSONAN
Centre de recherche et d'action pour la paix - Master en éthique et gouvernance 2011
  

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CHAPITRE II : L'ACCES A L'EAU ET LA DEMARCHE DE PROFESSIONNALISATION EN COTE D'IVOIRE

Ce chapitre sera consacré dans un premier temps à la présentation du secteur de l'eau en Côte d'Ivoire (II-1). Ensuite, il sera question de la description de la professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale (II-2).

II-1- LE SECTEUR DE L'EAU EN COTE D'IVOIRE

A partir d'un historique portant sur l'évolution de la gestion des ouvrages hydrauliques, ce chapitre présente les différents acteurs qui interagissent dans le secteur de l'eau en Côte d'Ivoire (en milieu rural) pour ensuite faire un état des lieux des actions menées avant 1956 jusqu'à l'avènement de la professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale aujourd'hui. Enfin, une présentation du projet spécifique KfW8 est faite pour aboutir à la description de ladite politique.

II-1-1- PRESENTATION DU SECTEUR DE L'EAU

II-1-1-1- Evolution de la gestion des ouvrages hydraulique en milieu rural

Les actions en faveur de l'approvisionnement en eau en milieu rural ont débutés avant les indépendances. Toutefois, ce secteur a fondamentalement connu son essor à partir de 1973 avec le vaste PNHH initié par le gouvernement ivoirien. Ce secteur a connu une évolution en cinq phases principales.

II-1-1-1-1- Avant 1956

Avant 1956, la gestion de l'eau était confiée à une régie directe du service public d'eau par l'intermédiaire des services techniques des municipalités. Ces services étaient dotés d'un service chargé des réseaux d'eau.

II-1-1-1-2- De 1956 à 1973

A partir de 1956, les Autorités Administratives (Etat, Municipalités) décidèrent de confier la gestion du service public d'eau à des sociétés publiques et privées comme l'Energie Electrique de Côte d'Ivoire (EECI) pour l'intérieur du pays et la Société d'Aménagement Urbain (SAUR) pour la ville d'Abidjan. Cette société sera remplacée en 1959 par la Société de Distribution d'Eau de la Côte d'Ivoire (SODECI).

II-1-1-1-3- De 1973 à 1980

L'année 1973 marque un tournant décisif dans le secteur de l'eau avec la mise en oeuvre du vaste Programme National d'Hydraulique Humaine. A partir de 1975, l'exploitation et la gestion des ouvrages d'Hydraulique Humaine (rurale et urbaine) est déléguée à un seul opérateur privé : la SODECI. Les prestations étaient payées par l'Etat par le biais de la taxe sur le prix de l'eau en ville. Le mécanisme de financement était le suivant :

ü la SODECI entretenait et réparait toutes les pompes et chaque village payait 60.000 f CFA par an par pompe.

Ce fonctionnement fut stable pendant quelques années. Des difficultés vont survenir suite à l'augmentation des points d'eau de 1000 au départ à 4500 au point où l'équilibre financier fut rompu. C'est alors que des solutions alternatives seront adoptées à partir de 1981.

II-1-1-1-4- De 1981 à 1986

A partir de 1981, l'entretien des ouvrages d'hydraulique rurale sera assuré par la SODECI mais cette fois avec le paiement des prestations par le village à hauteur de 60.000 FCFA par an par pompe. En effet, les principes de participation et d'utilisateur-payeur, voudraient que les communautés bénéficiaires des projets contribuent au paiement de cette somme pour permettre une appropriation meilleure et pour inculquer à ces dernières le fait que les points d'eau sont des biens publics qui doivent être gérés par tous. Cependant, cette politique va connaître des dysfonctionnements liés au fait que les populations ne s'acquittent toujours pas des frais de paiement des prestations de la SODECI. C'est ainsi que la SODECI ne passe pas parce que le village n'a pas payé et que le village ne paye pas parce que la SODECI n'est pas venue réparer sa pompe. Le constat est amer : environ 70 % des pompes sont en panne.

II-1-1-1-5- A partir de 1987

En 1987, le gouvernement de la Côte d'Ivoire avec l'appui de la Banque Mondiale a procédé à un bilan du secteur de l'eau. Les constats furent déplorables. En effet, les populations ne s'acquittèrent pas toujours de la somme de 60 000 f CFA par an par pompe ce qui va entraîner des arriérés financiers à la SODECI. Suite à ce constat, il a été décidé la responsabilisation des populations rurales pour l'entretien et la réparation des ouvrages. Pour ce faire, des Artisans Réparateurs (AR) furent formés ; un pôle de pièces de rechange fut mis sur pied ainsi que la création de 12 Directions Territoriales de l'Hydraulique (DTH). Ces dernières (les DTH), sont désormais plus proches des populations rurales pour pouvoir les assister, faire le diagnostic, les aider à entretenir les ouvrages. Comme mesure d'accompagnement, l'Etat a subventionné les pièces de rechange pour que ces dernières aient un prix uniforme sur l'ensemble du territoire national.

Face à ces échecs constatés avec la gestion des ouvrages par la SODECI, une restructuration du programme d'hydraulique villageoise verra le jour avec la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale finalement confiée aux populations locales elles mêmes en 1989. Cette gestion communautaire verra la mise sur pied de :

ü 9.500 Comités locaux de gestion;

ü réseau de 400 Artisans-Réparateurs ;

ü réseau de distribution de pièces de rechange de pompes (1 revendeur central à Abidjan et 12 points de vente à l'intérieur du pays).

A partir de 1990, une innovation dans le secteur hydraulique va voir le jour avec l'introduction d'un nouveau système appelé système d'Hydraulique Villageoise Améliorée (HVA) sous l'impulsion de l'Etat de Côte d'Ivoire et le soutien de certains bailleurs de fonds notamment la Banque Mondiale.

La politique de gestion des ouvrages en milieu rural (gestion communautaire) va connaître dans les premières années (1989-2000) un essor considérable. Toutefois, de graves défaillances seront constatées. En effet, en 2001, un bilan diagnostic du sous secteur Hydraulique Villageoise a été mené suivi d'un autre en 2002 concernant le sous-secteur Hydraulique Villageoise Améliorée. A l'issue de ces deux bilans, il s'avère que la gestion communautaire présentait de nombreuses difficultés. Il s'agit entre autres de l'absence de capital donc pas de garantie en cas de mauvaise gestion, du mauvais fonctionnement des comités eaux notamment 40 % en HV et 79 % en HVA, des comités déficitaires en HVA 38 %, des taux de panne élevé : 33 % en HV et 25 % en HVA. Pour couronner le tout, l'intervention de l'Etat est insuffisante ainsi que le bénévolat qui montre également ses limites dans la mesure où par expérience, il se trouve que les « bénévoles» s'usent vite (tendance à essayer de trouver une compensation quelconque, pas profitable à la population). Le bénévolat n'est donc pas la forme idoine pour la gestion durable des ouvrages d'hydraulique rurale.

Face à toutes ces difficultés, le Ministère des Infrastructures Economiques (MIE) par le biais de l'Office National de l'Eau Potable (ONEP) a jugé impérieux de revenir à une professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale. Pour joindre l'acte à la parole, les réflexions ont débutées en 2001 couronnées en 2006 par un atelier régional à Yamoussoukro -qui a coïncidé avec l'avènement des Conseils Généraux-. Devant l'incapacité de ces Conseils à prendre en charge les dépenses en matière hydraulique, le concept d'usager-payeur vit le jour. Aussi, cette professionnalisation se veut être mieux adaptée au milieu rural car la première expérience avec la SODECI fut une professionnalisation adaptée au milieu urbain et ne tenait pas compte de certaines réalités, conceptions et perceptions du monde rural. Tirant les leçons de la gestion professionnelle faite par la SODECI, il a été décidé la présence d'un opérateur économique qui serait en permanence au contact des populations dans ce nouveau dispositif.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams