Section II. La dichotomie entre la Loi (sar) et la
politique (Siyasa).
Les théologiens s'appuyèrent sur cette
nécessité pour le droit de s'adapter aux évolutions de la
société pour trouver une solution à cette impasse. Ils
séparèrent les règles de droit en deux catégories.
La première demeurerait immuable et figée, c'est le Sar, ou la
Loi proprement dite. La deuxième comprend tout ce qui dépend de
la Siyasa, la politique, « en ce sens qu'il est impose par les
nécessités d'un bon gouvernement de la communauté et qu'il
est édicté par l'autorité établie »
35.
Cette obligation qu'ont les gouvernants d'administrer la
communauté dans l'intéret de ses habitants va permettre la
création de nouvelles lois pour la société à la
condition qu'elles respectent les règles du Sar. Ensuite, notamment sous
l'influence du droit occidental au XIXème siècle, la
Shari'a va s'effacer de plus en plus de l'environnement juridique des pays
musulmans pour ne connaître qu'une application théorique.
Cet effacement va prendre fin durant la deuxième
moitié du XXème siècle, le monde musulman
connaissant un retour du pouvoir religieux et de la Shari'a au sein de la
société. Les exemples de cela sont nombreux : l'Iran est devenu
une république islamique en 1979 suite à la Révolution
Islamique, en 1980 une modification de la constitution égyptienne fait
de la Shari'a la principale source du droit, ou encore les islamistes
modérés du partie pour la justice et le développement
arrivés au pouvoir en Turquie en 2003.
34Page 76.
35Tyan, Emile. Méthodologie et sources du droit
en Islam (Isti?sân, Isti?lâ?, Siyâsa ðar?iyya). Studia
Islamica, N° 10 ,1959, p 79-109.
Page 103.
Dans les pays musulmans où la Shari'a est
appliquée, elle joue un rôle important car elle s'impose aux lois
des hommes qui doivent respecter les prescriptions religieuses. C'est pour
cette raison que le prêt à intérêt est encore
interdit dans de nombreux pays musulmans.
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