Chapitre III. La place de l'Islam dans la vie des
croyants.
La vie entière du croyant est guidée par
l'Islam, que ce soit sa vie personnelle ou ses relations sociales. En effet
l'Islam ne connait pas de séparation entre le pouvoir religieux et le
pouvoir terrestre, au contraire des sociétés de culture
chrétienne. En Europe il y a toujours eu deux chefs distincts, celui du
religieux d'une part et celui de la noblesse de l'autre.
Dans la première section sera étudiée
l'absence de séparation entre le domaine du spirituel et du profane.
Ensuite, dans la seconde section, sera étudié le domaine de la
loi humaine dans cette culture où la religion occupe une telle place.
Section I. L'absence de distinction entre le domaine du
spirituel et le
domaine du profane.
Les chefs musulmans ont toujours eu une double
responsabilité, politique et religieuse. Par exemple le Roi du Maroc est
aussi le chef des croyants, tout comme l'étaient les Califes.
Cette absence de séparation se retrouve dans la vie
quotidienne des musulmans qui doivent continuellement agir conformément
au droit religieux afin de pouvoir atteindre l'au-delà à leur
mort. Pour Ignaz Goldziher, cette préoccupation d'être en accord
avec le droit religieux est de tous les instants et c'est principalement la
Sunna qui édicte les règles.
« [L]e critérium prépondérant
chez les Arabes, pour apprécier ce qui était convenable et
légal dans toutes les circonstances de la vie, consistait à se
demander pour tout geste s'il correspondait à la norme et à
l'habitude héritées des ancêtres. Il n'y a de vrai et de
juste que ce qui a ses racines dans les idées et les m urs
héréditaires qui constituent la Sunna , que ce qui s'accorde avec
elle. C'était là ce qui leur tenait lieu de loi et de sacra,
l'unique source de leur droit et de leur religion ; s'en écarter passait
pour une faute contre l'infrangible règle des m urs consacrées.
» 36
36 Voir note supra 21. Chapitre VI, §1, page 213
Pour Abraheem Abdulla Muhmmed Al-Marzouqi, la force obligatoire
de la Sunna se retrouve autant dans un verset du Coran que dans un hadit du
Prophète37 :
« That legal authenticity of the Sunna as a second
primary source of Islamic legislation is exemplified by the following:
"Who obeyeth the messenger, obeyeth Allah, and whoso
runneth away: We have not sent thee as a warder over them" H.Q.IV.80.
On this matter Ibn Kathrr confirms al-Shafi'r's opinion.
Moreover he points to the Prophet's Hadith, as a part of Sunna which says
"Whoever obeyed me he obeyed Allah, and whoever disobeyed me, he has disobeyed
Allah» » 38 .
Cette immixtion du religieux dans la vie du croyant intervient
dans tous les domaines, que ce soit celui de la famille, du commerce ou encore
de la propriété. Ainsi l'on peut retrouver des règles du
droit des contrats, dont certaines sont les même que celles du droit
civil français, ainsi « [e]n matière de vente, le
contrat opère transfert de la propriété de la chose vendue
à l'acheteur au moment et par le fait même de l'accord des
volontés » 39.
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