CHAPITRE PREMIER
LA MISSION DE L'UNION AFRICAINE AU SOUDAN:
Une initiative courageuse
L'Union Africaine s'est engagée activement dans la
résolution du conflit au Darfour en déployant près de sept
mille (7000) soldats africains sur le terrain. Cette mission de peacekeeping,
gérée par l'Union Africaine est la première dans le cadre
d'une institution africaine. Il est nécessaire de préciser que sa
mise en place a eu lieu grâce à l'appui de l'Union
Européenne, des Etats-Unis d'Amérique et du Canada. Cette mission
de paix s'appelle la MUAS, c'est-à-dire ``Mission de l'Union Africaine
au Soudan.''
Notre analyse sur cette force, pour être
complète, va s'articuler autour de deux parties : la
présentation de la MUAS dans tous ses aspects fera l'objet de notre
première section et tandis que nous essayerons de montrer dans la
seconde section les résultats obtenus dans la résolution de la
crise au Darfour grâce à la contribution de la MUAS.
SECTION PREMIERE : PRESENTATION DE LA MUAS.
La présentation de la MUAS induit la
distinction entre les circonstances qui ont conduit à sa naissance
(paragraphe 1) et les questions de sa composition et de son mandat (paragraphe
2).
PARAGRAPHE I : L'HISTORIQUE DE LA NAISSANCE DE LA MUAS.
Nous distinguerons la MUAS I de la MUAS II afin de rendre
plus facile la compréhension des contextes.
A - LE CONTEXTE DE LA MUAS
I
Le 8 avril 2004, sous les auspices du Président
tchadien Idriss DEBY et le Président de la Commission de l'UA, et en
présence des observateurs et facilitateurs internationaux, les parties
soudanaises ont signé un accord de cessez-le-feu humanitaire sur le
conflit du Darfour ainsi qu'un protocole sur la mise en place de l'assistance
humanitaire aux populations du Darfour. Conformément à cet
accord, les parties se sont convenues entre autres:
- de cesser les hostilités et de proclamer un
cessez-le-feu ;
- de mettre en place une commission de cessez-le-feu qui fera
rapport à une commission conjointe ;
- de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire au
Darfour ; et enfin
- de conjuguer leurs efforts en vue d'établir une paix
globale et définitive au Darfour.
Après une mission de reconnaissance conduite par l'UA
et incluant tous les partenaires,qui a visité le Darfour du 7 au 16 mai
2004,des recommandations ont été faites pour la mise en place de
la commission de cessez-le-feu,le déploiement d'observateurs et
d'éléments militaires pour assurer leur protection. Le 28 mai
2004, les parties soudanaises ont signé un accord sur les
modalités de la mise en place de la commission de cessez-le-feu et le
déploiement d'observateurs militaires dans la région du Darfour.
Conformément à cet accord, il a été
décidé de déployer 60 observateurs militaires (MILOBs)
et 300 militaires chargés d'assurer leur protection, ainsi que des
observateurs des parties soudanaises. Il a été également
convenu que des représentants de la Communauté Internationale,
à savoir ceux des Etats membres de l'Union Européenne, des
Etats-Unis, etc. participent à cette mission.
Le 9 juin 2004, la commission de cessez-le-feu et le premier
groupe d'observateurs ont été installés à
El-Facher. Pendant ce temps, la situation humanitaire et sécuritaire
continuait à se détériorer au Darfour, et il est
rapidement devenu évident que les 60 observateurs de l'UA étaient
peu nombreux et insuffisamment repartis sur le terrain pour mener à bien
leur mandat, et ce, dans un contexte marqué par l'accroissement des
violations du cessez-le-feu. La décision de la 3ème session
ordinaire de la conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA
tenue à Addis-Abeba du 6 au 8 juillet 2005, de porter à 80 le
nombre des observateurs militaires de l'UA ne pouvait changer la situation de
façon significative.
L'effectivité du déploiement initial de la MUAS
a été limitée aussi bien par sa taille
réduite que par les défis logistiques
rencontrés sur le terrain. Le petit nombre d'observateurs du Darfour,
quelque fût leur efficacité et leur dévouement ne pouvait
assurer une surveillance réelle sur un territoire aussi grand et
particulièrement dans un contexte où les parties n'avaient pas
rempli leurs obligations aux termes de l'accord de cessez-le-feu humanitaire
qu'ils ont signé.
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