En application des dispositions des codes forestiers et de la
protection de la chasse et de la faune, les structures de gestion des
différents parcs et réserves exercent des attributions
précises. Chaque parc ou réserve est créé et
fonctionne avec un statut et un règlement intérieur
conformément aux lois et règlements en vigueur au
Sénégal.
Dans la pratique cependant, on relève que les textes
organisant ces parcs et réserves ne leur confèrent que des
pouvoirs décisionnels très limités du reste. La plupart
des autorités et services techniques, de nombreux partenaires au
développement rencontrés sur le terrain ont largement
fustigé cet aspect de la gestion de la biodiversité.
Il faut dire aussi que les limites budgétaires et le
manque de moyens en sont les causes principales. Le budget alloué
à ces parcs et réserves est très insuffisant par rapport
aux tâches qu'ils doivent accomplir et les ressources financières
collectées de ceux-ci (ressources financières découlant
des visites touristiques) sont directement versées dans les caisses du
Trésor public alors qu'elles devraient servir à une bonne gestion
de ces parcs et réserves.
Il ne sert à rien de mettre sur pied des parcs et
réserves si on ne leur donne pas les moyens de gestion pouvant apporter
des solutions aux nombreux problèmes rencontrés. Par ailleurs,
les entretiens avec certains conservateurs des parcs et réserves, et
ingénieurs des Eaux et Forêts ont permis de s'apercevoir de la
nécessité de structures fortes et capables de prendre de
véritables décisions pour la sauvegarde de la biodiversité
dans les aires protégées.
Malgré les progrès enregistres dans la mise en
place des Aires marines protégées, beaucoup de lacunes persistent
encore87.
C'est ainsi qu'au regard des enjeux des aires marines
protégées (AMP) tels qu'exprimés dans les arènes
internationales qui placent la gouvernance au centre des débats, les
lacunes sont révélées par la littérature sur un
cadre d'analyse adapté aux AMP. La construction de ce cadre s'est
appuyée d'une part sur les acquis conceptuels de la gouvernance des
activités à risque, d'autre part sur l'application de ces acquis
à la gouvernance environnementale, enfin sur la déclinaison de
cette gouvernance en termes d'économie politique et de science
politique.
Les AMP ouest-africaines sont apparues comme un champ
d'application privilégié de ce cadre d'analyse en
référence à une certaine exemplarité. L'analyse de
leur mode de gouvernance a révélé des contradictions qui
renvoient à l'environnement des politiques publiques dont l'analyse a
mis en lumière les impasses : le rôle démesuré des
groupes de pression internationaux, l'aspect trop sectoriel et technique des
mesures d'aménagement des péches, l'inachèvement de la
décentralisation, la fragmentation de l'État et de la
société civile.
Face à ces impasses s'impose la nécessaire
articulation des échelles de pouvoir et de décision ainsi que la
requalification du rôle de l'État comme médiateur et
arbitre. Les leçons de l'analyse de la gouvernance des aires marines
protégées ouest-africaines permettent de proposer quelques
directives pour des modes de gouvernance : un meilleur ciblage des objectifs,
une organisation juridique des droits d'accès et des
délégations de pouvoirs, un financement spécifique des
mesures de gouvernance, une évaluation précise des coûts et
des bénéfices.