Le Sénégal était en 2006, à 8% de
sa superficie couverte par les aires protégées, soit un gap de 4%
à combler par rapport aux prescriptions de la Convention sur la
diversité biologique. Pour réaliser cet objectif, trois grands
programmes sont mis en oeuvre49. Il s'agit : du Projet de Gestion
Intégrée des Ecosystèmes du Sénégal (PGIES),
du Programme de Gestion Intégrée des Ressources Marines et
Côtières (GIRMAC) et du Projet Conservation de la Diversité
Biologique par la Réhabilitation Participative des Terres
Dégradées dans les Zones arides et Semi-arides
Transfrontalières de la Mauritanie et du Sénégal ; ce
dernier projet se distingue par son caractère régional mais
surtout les spécificités en relation avec la nature des
ressources transfrontalières en partage.
Les stratégies mises en oeuvre sont principalement
axées sur la création de Réserves Naturelles
Communautaires (RNC) et d'Aires Marines Protégées (AMP) sur des
espaces jouxtant les aires protégées mises en place par l'Etat
(parcs et réserves) et sur la promotion de la cogestion (y compris des
parcs et réserves). Ces RNC véritables pôles de
développement durable où seront encouragées les
activités productrices non dégradantes, sont conçues pour
réduire la forte pression sur les ressources des parcs et
réserves. A terme, ce sont des réserves de biosphère
supplémentaires où seront associés développement et
conservation qui vont être créées.
La pertinence des stratégies mises en oeuvre tient au
fait que:
· elles sont centrées sur la lutte contre la
pauvreté, principale menace sur la biodiversité;
· elles s'insèrent dans la dynamique de
décentralisation grace à une forte responsabilisation des
collectivités locales notamment dans l'allocation et la gestion des
terres destinées aux RNC ; ce qui garantit une certaine
sécurisation foncière ;
· elles encouragent la synergie et le partenariat avec
les autres intervenants
· enfin, elles s'appuient fortement sur les initiatives
locales, etc.).
Au plan de l'objectif à atteindre, le gap de 4%
à combler correspond à une étendue d'environ 800.000 ha ;
il y a lieu de préciser qu'il concerne aussi bien la biodiversité
terrestre que marine.
Au terme de la mise en place des 20 RNC et du Corridor de
migration de la faune herbivore entre le Ferlo et le Niokolo Koba prévus
par le PGIES, 800.000 ha de terres seront versés dans ce qu'il est
convenu d'appeler les aires protégées.
Toutefois, des contraintes pèsent sur une partie de ces
territoires (300.000 ha du corridor), en raison d'activités intenses de
chasse dont la compatibilité n'est pas toujours
démontrée.
49 LOM A.D., 2006. La prise en compte la dimension
environnementale, la conservation de biodiversité dans les politiques
nationales et la lutte contre la pauvreté : étude de cas du
Sénégal. Communication a la Conférence mondiale
sur la Biodiversité. Paris du 19 au 21 Septembre 2006. Ministère
du Plan et du Développement Durable. 27 pages.
En 2002 le Sommet Mondial pour le Développement
durable (SMDD) tenu à Johannesburg, recommandait aux Etats, la
nécessité de mettre en place des réseaux d'aires marines
protégées fondées sur des données scientifiques
d'ici 2012.
En 2003, le 5ème congrès mondial des
Parcs tenu à Durban, appelé « Accords de Durban ", insistait
sur le fait que les réseaux d'aires marines protégées
devront couvrir à terme, 30% des océans contre 0,5% à
l'époque du Congrès50. Il a été
également recommandé la mise en oeuvre d'une approche par
écosystème de la gestion durable des pécheries et de la
conservation de la biodiversité.
La concrétisation des efforts des pays de
l'écorégion d'Afrique de l'Ouest s'est traduite au Congrès
mondial sur les Parcs de 2003 précité, par la présentation
de la « stratégie régionale pour les aires marines
protégées en Afrique de l'Ouest ", élaborée dans le
cadre du PRCM.
En 2004, cette déclaration d'intention fut suivie de
la création des 5 premières AMP du Sénégal, par
décret présidentiel N° 2004-2460 du 17 novembre
200451. Dans les stratégies définies, ces programmes
n'ont pas perdu de vue les activités économiques qui participent
du développement du terroir et de l'amélioration des moyens
d'existence des populations, gages d'une réduction de la pression sur
les ressources des parcs et réserves et d'une bonne conservation de la
biodiversité.
Le Sénégal détient le taux le plus
élevé en termes de superficie terrestre protégées
(Figure 1), avec un peu plus de 24%.
ème
50 5 Congrès Mondial des Parcs à
Durban, 2003 - Accord de Durban : « Création et expansion des
réseaux d'aires protégées marines (12% des terres
émergées sont désormais classées en aires
protégées dans le monde contre 0,5% de la surface des
océans) " : a recommandé que les Etats s'orientent sur la
protection d'au moins 5% de leur espace littoral et marin ; 1er Congrès
Mondial des Aires Marines Protégées, Geelong 2005 : «
Création urgente de réseaux d'AMP écologiquement
représentatifs ; objectif : protéger 10% des
écosystèmes marins suffisamment représentatifs des milieux
et des espèces y vivant "
51 On peut constater que l'adoption du décret
présidentiel du 4 novembre 2004 semble révéler une
volonté politique du gouvernement de se conformer aux engagements
internationaux.
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
0,50 2,50
% Aire terrestre protégée
24,1
1,50
16,10
6,80
5,00
8,07
Figure 1 : % des aires protégées dans le
réseau du PRCM (Simào da Silva A., 2011)52 Ce
taux est d'environ 14 % pour les eaux territoriales sous protection (Figure
2).
25,00
20,00
35,00 32,39
30,00
15,00
10,00
5,00
0,00
% Eaux territoriales sous protection
13,75 11,67
8,40
5,26
1,79 1,76 0,00
Figure 2 : % eaux territoriales sous protection dans le
réseau du PRCM (Simào da Silva A., 2011)
52 Simào da Silva A., 2011. Vue
d'ensemble des progrès réalisés dans la mise en oeuvre du
Programme de travail sur les aires protégées en Afrique de
l'Ouest. 17 pages.
http://www.cbd.int/images/lifeweb/roundtables/westafrica/Pr%C3%A9sentationProgres-Alfredo.ppt