B/ Les progrès dans l'éducation relative
à l'environnement
Avec la participation des Instituts pédagogiques
nationaux, beaucoup d'outils pédagogiques sont déjà
produits40. Aussi, le PFIE a donné lieu à la
production d'un guide méthodologique et pratique pour la formation des
enseignants. La politique d'éducation engagée par le gouvernement
se manifeste par une volonté d'inscrire tous les enfants en age d'aller
à l'école et d'améliorer la scolarisation des filles,
ainsi que leur maintien dans les classes. Au niveau du secteur non formel, la
mise en oeuvre de certains programmes d'alphabétisation et
d'éducation à la base, a souvent accordé aux questions
environnementales un aspect non négligeable.
Ces avancées ont été le fruit d'une
multitude d'acteurs (ETAT, ONGs, Associations d'élus), mais aussi, de
plusieurs projets et programmes caractérisant la volonté
politique du gouvernement, de faire de ces questions d'éducation, de
sensibilisation et de formation, un des fondements de la politique globale de
gestion durable de l'environnement. Cette dynamique s'inscrit dans l'optique de
susciter, voire de créer un nouveau type de citoyen respectueux de son
environnement.
Dans le cadre de l'éducation et la sensibilisation du
public (Article 13), à l'instar des pays de la sous région, le
programme de formation et d'information en environnement (PFIE), lancé
le 26 octobre 1990 à Podor, s'est poursuivi jusqu'en 2000. Il a
été considéré comme un cas de succès pour la
gestion des aspects concernant l'agro-biodiversité qui dépassent
le niveau national et se règlent au niveau régional et
transnational41.
Le PFIE est le volet relatif à l'enseignement primaire
du Programme sahélien d'éducation (PSE) adopté en 1988 par
le Comité inter-états de lutte contre la sécheresse au
Sahel (CILSS)42. Le CILSS comptait ainsi inverser la tendance
à la fragilisation des économies du Sahel et à la
paupérisation croissante de ses populations induites par la
détérioration de l'environnement au cours des dernières
décennies (raréfaction des ressources en eau, réduction de
la quantité et de la diversité des espèces
végétales et animales, diminution sensible des productions
agricoles, d'élevage et de péche, exode massif des
populations).
Le PFIE, financé par l'Union européenne au titre
des aides non remboursables, a été implanté dans les neuf
États membres du CILSS : Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie,
Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et
Tchad.
Au Sénégal, trois objectifs généraux
ont été assignés au PFIE :
1. améliorer la qualité et l'efficacité de
l'enseignement dispensé à l'école primaire;
2. renforcer les capacités locales pour la gestion des
ressources naturelles;
3. sensibiliser les populations sahéliennes aux
problèmes de l'environnement à travers l'école.
40 Commission nationale du Développement
durable, 2001. RAPPORT NATIONAL DU SENEGAL POUR LE SOMMET MONDIAL SUR LE
DEVELOPPEMENT DURABLE. EVALUATION POUR LA MISE EN OEUVRE DE L'AGENDA
21. 26 pages.
41 FAO, nd. La biodiversité agricole en Afrique
de l'ouest. Le travail sur les groupes thématiques centraux. Archives et
documents de la FAO.
http://www.fao.org/docrep/008/y5667f/y5667f0v.htm
42 Berthelot M., 2007. ÉTUDE DE LA CONTRIBUTION
DU PROGRAMME DE FORMATIONINFORMATION POUR L'ENVIRONNEMENT A LA
PÉRENNISATION DE L'ÉDUCATION RELATIVE A L'ENVIRONNEMENT DANS
L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SÉNÉGALAIS. Thèse
présentée à la Faculté des études
supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de
doctorat en administration et évaluation en éducation pour
l'obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.). 435 pages.
Le Sénégal a implanté le PFIE à
une échelle relativement étendue : plus de 20 circonscriptions
scolaires ont été couvertes ; plus de 5 000 maîtres et de
150 000 élèves ont été formés ; un vaste
éventail de démarches et d'outils pédagogiques à
l'intention des divers acteurs engagés en ERE a été
développé43.
Le 30 juin 2001, le PFIE sénégalais a
clôturé ses activités, après une phase de transition
qui devait permettre de mettre en place des plans d'accompagnement en vue
d'intégrer l'éducation environnementale à
l'éducation de base des élèves de l'enseignement
primaire.
En effet, ce Programme constitue un exemple à
promouvoir et à pérenniser. Les acquis sont nombreux : conception
et élaboration d'outils pédagogiques, amélioration du
rôle actif des maîtres, prise de conscience des populations de la
nécessité de mieux gérer leur environnement44.
C'est pour garder les acquis du PFIE que la Cellule
d'Education et de Formation Environnementales (CEFE) a été
créée en janvier 2002 par arrêté ministériel
n° 000970/MJRHP/Cab du 18 janvier 200245.
Ses missions se résumaient comme suit :
· aider à l'élaboration de la politique
nationale d'éducation environnementale et de formation en matière
d'environnement et de gestion des ressources naturelles ;
· coordonner les initiatives des directions techniques
nationales et des services rattachés au ministère ainsi que
celles des autres départements ministériels, dans ce domaine ;
· préparer les conditions et mesures
institutionnelles, administratives et pédagogiques d'intégration
de l'éducation environnementale dans les curricula du système
éducatif notamment au niveau des programmes éducatifs, des
dispositifs de formation initiale et continue, de la production des manuels
scolaires et des supports didactiques ainsi que de la mise en place de
systèmes et instruments d'évaluation adaptés ;
· d'identifier, d'instruire et de formuler, pour le
compte des directions techniques et des ministères
intéressés, des projets et programmes d'éducation et de
formation environnementales ;
· aider à la mobilisation des moyens humains,
techniques et financiers nécessaires à la mise en oeuvre de ces
projets et programmes ;
· apporter un appui méthodologique et un
accompagnement technique et pédagogique aux projets et programmes
d'éducation et de formation environnementales ;
· assurer le suivi et l'évaluation des actions
d'éducation et de formation environnementales développées
dans les secteurs formel et non formel de l'éducation ;
43 Berthelot M., 2008. La
dimension critique de l'éducation relative à l'environnement dans
un pays en développement : réflexions issues d'une
expérience sénégalaise. ÉDUCATION RELATIVE
À L'ENVIRONNEMENT, Vol. 7, 2008. Pp 109-132.
http://www.revue-ere.uqam.ca/PDF/Volume7/06_Berthelot_M.pdf.
44 Mboup A., 2007. Analyse des acteurs de la zone
côtière sénégalaise.
FIBA.
http://www.lafiba.org/index.php/fr/content/download/2251/14683/version/1/file/040A+Acteurs+Senegal.pdf
45MEPNBRLA, 2009. Cellule d'éducation et de
formation environnementale (CEFE).
http://www.environnement.gouv.sn/article.php3?id_article=62
· de promouvoir le développement des
relations de coopération, d'échange et de partenariat en
matière d'éducation et de formation entre l'Etat et les autres
intervenants nationaux, régionaux et internationaux ;
· mener toutes études et recherches pour le
développement de l'éducation et de la formation
environnementales.
Les activités de la CEFE s'articulaient
essentiellement autour du Programme Test Bois d'Ecole (PTBE) dont l'objectif
est de contribuer à l'amélioration du cadre de vie et
d'étude des élèves et des enseignants et à la
formation de la conscience citoyenne.
L'éducation et la formation environnementales ne
doivent pas avoir comme seules cibles, les élèves et les
enseignants, le reste de la population (qui constitue la frange la plus
importante et ayant des actions néfastes beaucoup plus importantes sur
l'environnement et les ressources naturelles) doit nécessairement en
bénéficier.
L'éducation environnementale s'implique dans le
fonctionnement des sociétés. Sérénité, bien
être, bonheur de vivre avec les autres, santé, constituent autant
de besoins essentiels à l'être humain pour être en mesure de
construire. Ces aspects représentent des éléments majeurs
dans l'éducation environnementale qui aide chacun à :
· comprendre les enjeux sociaux d'aujourd'hui et de demain,
d'ici et d'ailleurs ;
· être un acteur dans la mise en oeuvre des solutions
collectives aux problèmes qui se posent en laissant toujours à la
personne libre choix de son engagement ;
· gérer avec les autres en responsabilité et
en toute conscience les espaces, sociétés et ressources.
Le Ministère de l'Education a tenté de s'arrimer
à cette vision. Le Programme de Développement de l'Education
et de la Formation (PDEF) en tant que nouveau paradigme de la politique
éducative nationale intègre parfaitement les
préoccupations environnementales. Il s'en
est d'ailleurs suivi une refonte des programmes à
travers l'approche par les compétences oül'environnement
et le développement.
Se référant à l'évolution des
Sciences de l'Education, la Commission Nationale de Réforme de
l'Education et de la Formation (CNREF) a recommandé une autre forme
d'écriture du programme pédagogique46.
C'est ainsi qu'il a été introduit en 1998 dans
le programme de sciences naturelles des classes de secondes scientifiques
l'enseignement de notions fondamentales d'Ecologie suivant les thèmes
suivants :
· Thème 1 : Structure d'un écosystème
2 semaines
· Thème 2 : Fonctionnement d'un
écosystème
- 2.1. Facteurs écologiques et leur influence 4
semaines
46 Ministère de l'éducation nationale,
1998. Programme des sciences naturelles. Premier et second cycles. 146
pages.
- 2.2. Production et productivité d'un
écosystème 3 semaines
· Thème 3 : Diversité des
écosystèmes 2 semaines
· Thème 4 : Evolution des écosystèmes
1 semaine
Les objectifs du programme sont les suivants :
· Avoir des connaissances scientifiques dans le domaine de
l'Environnement, notamment en Ecologie, en Physiologie ;
· Maîtriser la notion d'espèce, sa
diversité et certains aspects de l'évolution des espèces.
Les résultats suivants sont attendus du programme :
· Savoir-faire : acquérir les
méthodes et techniques de la démarche expérimentale
· Savoir-être : prendre conscience de la
nécessité de protéger l'Environnement
Les méthodes employées sont les suivantes :
· Sorties pédagogiques ;
· Travaux pratiques et cours
· Réalisation de documents de jardins botaniques, de
mares artificielles, etc.
Enfin, le Ministère en charge de l'environnement a
préparé un plan de formation47 de son personnel dans
les domaines relatifs à l'environnement. Il a été
élaboré avec l'appui technique et financier de la
Coopération Technique Allemande, GTZ, à travers le Projet
Assistance-Conseil à la gestion et à la protection des ressources
naturelles au Sénégal.
Au total, dans le cas du Sénégal, des acquis
existent dans le domaine de l'implantation et du développement de
l'éducation relative à l'environnement car au plan institutionnel
et juridique un cadre est défini, suivi des orientations
majeures48.
47 Ministère de l'Environnement et de
l'Assainissement, 2004. Plan de Formation pour le Personnel du Ministère
de l'Environnement et de l'Assainissement. 74 pages.
48 Niang A.S., 2010. L'ÉTAT DE LA SITUATION ET
des PERSPECTIVES D'AVENIR De l'éducation relative à
l'environnement au
SENEGAL. 5 pages.
http://www.planetere.org/bulletin/2010/pdf-doc/ete/Situation-ERE-Senegal.pdf
|