Psychologie criminelle et analyse comportementale des
inculpés:
? Exclusion du cas des criminels récidivistes
Le présent sous-titre appelle en toute logique la
nécessité de répondre a deux questions fondamentales et
déterminante dans la fixation du cadre du présent document: D'une
part, pourquoi pratiquer une telle exclusion; d'autre part, quelles typologies
de criminels se trouvent de ce fait exclu du présent champ
d'investigation ?
Exclure l'étude de l'influence des facteurs
comportementaux des accusés récidivistes obéit en premier
lieu a une logique statistique :* Une étude réalisée par
la Sous-direction de la Statistique, des Etudes et de la Documentation
révèle que sur une période d'observation de 18 ans, 137
criminels condamnés en 2001 avaient déja été
sanctionnés pour un crime, soit un taux de récidive de 4,7%. Ce
taux varie selon le type de crime: de 14,7% pour les vols aggravés a
1,8% pour les viols.
Parmi les 137 condamnés récidivistes de 2001, 87
l'ont été pour vol aggravé, 28 pour viol, 11 pour homicide
volontaire.
Le taux de récidive par type de crime varie de 14,7 %
pour les vols aggravés a 1,8% pour les viols. En matière
criminelle la récidive a l'identique est fréquente (75,2 %) du
fait de l'éventail réduit des types de crimes. Des
différences de comportement apparaissent toutefois : près de 80%
des récidivistes condamnés pour viols avaient déja
étaient condamnés pour viol, près de 90 % des voleurs
avaient déja commis un vol criminel, en revanche seulement 45,5 % des
condamnés pour homicide volontaire avaient précédemment
été condamnés pour ce type de crime.
La récidive en matière criminelle se produit en
moyenne 7,2 ans après la premiere condamnation. La moitié des
récidives criminelles ont lieu en moins de six ans, les trois quarts en
moins de neuf ans. Ces délais peuvent paraItre courts s'agissant de
condamnés criminels pour lesquels les peines d'emprisonnement ou de
réclusion sont souvent très longues. Mais ils auront
fréquemment subi une détention provisoire importante dont la
durée s'impute sur celle de la peine. Par ailleurs les
aménagements de peine anticipent la remise en liberté.
Ce délai moyen varie selon le type de crime, il
s'établit a six ans pour les vols aggravés, a près de neuf
ans pour les homicides et a près de sept ans lorsqu'il s'agit de
viols.
S'il convient de relativiser les résultats d'une telle
étude qui mériteraient une analyse approfondie de la
méthodologie d'observation employée ainsi qu'une analyse
comparative effectuée sur une ou plusieurs périodes
différente, elle constitue néanmoins une illustration
intéressante éclairant la problématique de la
récidive sous un angle quantitatif : La récidive criminelle
concernerait environ 5% des condamnés.
*Pierre Tournier, chercheur au CNRS, publie des
résultats confirmant cette tendance ;*ces résultats ne sont pas
démentis par le ministère de la justice qui publiait ainsi en
2004 une étude démontrant que seuls 2,2 % des condamnés
pour homicide et 1,3 % des violeurs avaient déja un
antécédent criminel.
En dépit de la multiplication des interventions
politiques sur le theme de la récidive, le phénomène ne
revêt pas la même ampleur quant a son effectivité que quant
a sa médiatisation et a la communication accrue dont il fait l'objet ;
le présent document s'attachera donc a l'étude du plus grand
nombre : les criminels primaires.
Cette exclusion aboutit-elle a l'exclusion d'une typologie
particulière de criminels ? Répondre par l'affirmative aboutirait
a une stigmatisation du criminel incompatible avec un regard d'ouverture
porté sur la question; sachant qu'environ un tiers des condamnés
récidivistes le sont pour des infractions similaires, il semble d'autant
plus difficilement concevable de déduire que l'exclusion des cas des
criminels récidivistes entraIne l'exclusion d'une catégorie de
criminels formée a partir de la nature du crime commis.
L'intérêt de l'exclusion de la récidive de
la présente réflexion réside en le fait principal de la
concentrer sur la problématique du comportement d'accusés non OE
rodés ç aux rouages de la pratique judiciaire et n'adoptant face
aux jurés et a la Cour d'autre attitude que la leur, conditionnée
par le poids sensoriel et émotionnel que suscite en eux le
procés.
Ces criminels donnent d'eux-mêmes une
représentation induite par un afflux de sentiments dont la nature de
l'expression ne sert pas toujours favorablement leur défense et rajoute
a leur défenseur un échelon OE interne ç de
complexité.
Les récidivistes, quant a eux, connaissent
généralement le comportement attendu d'eux et tendent, sauf
exception, a répondre a cette attente.
* Les condamnés de 2001, SDSED
* Pierre Tournier, la récidive criminelle a
l'épreuve des chiffres * Infostats 2004
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