(3) La clandestinité, appui du
repli communautaire
Outre le fait de la barrière de la langue,
l'accès à la société française est
également barré par une donnée importante, l'absence de
titre de séjour. Ce fait constitue un handicap supplémentaire,
l'insécurité dans laquelle cette absence de statut
régulier met les migrants imprègne leur quotidien. Nous l'avons
vu, elle conduit à une méfiance de tous les instants et au repli
sur les semblables. Il leur est conseillé d'éviter de sortir pour
éviter les contrôles, et de ne pas fréquenter de
français car "on ne connait par leurs intentions". Les contacts sont
très limités et exclusivement entre chinois. Enfin, l'absence
total de connaissances sur la société française et ses
modalités de socialisation et de sociabilité limite les
opportunités d'échanges avec l'extérieur et confine la vie
quotidienne des migrants chinois à l'intérieur des limites de la
communauté.
La communauté chinoise, notamment Wenzhou, est soumis
à des conditions de vie difficiles par les conditions de leur projet
migratoire. Cependant leur histoire d'émigrant/immigrant les a
habitué, conditionné à vivre à l'écart des
règles et à composer avec elles, celles de la
société d'accueil, parfois peu souple et qui tendent à se
durcir encore (exemple des lois Sarkozy I et II). Malgré tout, ils ont
toujours eu des ressources propres. Ce pouvoir d'adaptation leur a
évité de se retrouver dans des situations d'extrême
précarité. Il faut d'ailleurs un minimum de ressources et de
moyens financiers pour envisager migrer. Ils ont développé une
sorte de culture de la marginalité qui contribue à leur
autonomie.
Cette autonomie vis-à-vis de la société
d'accueil a cependant un coût, celui de la dépendance à la
communauté.
Effectivement, le fait communautaire peut aussi rendre la
population des migrants chinois vulnérable surtout les migrants sans
statut légal. Le contrôle du quotidien de ces personnes est
facilité par des offres proposé par la communauté, pour la
communauté dans la communauté. Dans ce contexte d'absence
d'alternatives, certains patrons, propriétaires ou interprètes,
personnes ressources des primo-arrivants et migrants sans papiers ou simplement
des migrants chinois ne parlant pas du tout la langue, profitent et exploitent
cette fragilité.
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