III.
Problématique
Nous pouvons constater à travers l'exemple du travail
de l'association chinoise H. et de l'association franco-chinosie P. qu'ils
représentent une porte d'entrée indispensable pour une accession
au statut de citoyen d'un public migrant chinois encore méfiants
vis-à-vis de l'extra-communautaire. Cette méfiance, malgré
l'image que cette population véhicule (calme, discret,
intégré économiquement etc.) est cependant
réciproque venant de la société d'accueil. Celle-ci est
surtout répandue dans les quartiers fortement investis par la
communauté chinoise où l'expansion des grossistes en maroquinerie
ou des traiteurs chinois ne semble pas contrôlable. La
méconnaissance mutuelle des cultures respectives stigmatisent les
craintes de chacune des parties. En ce sens, le travail des associations H et P
offre un sas de communication (et de médiation le cas
échéant) idéal. Pierre Picquart évalue à 649
le nombre d'associations, dont 50 sont chinoises et 599 franco-chinoises. Ces
chiffres datent de 2002.
Du point de vue des institutions nous pouvons remarquer que
bien qu'une ouverture vers la prise en compte de particularismes culturels et
surtout du parcours migratoire des migrants est petit à petit mise
à jour, elle reste timide et cantonnée à des projets
expérimentaux et à l'échelle locale. Pris entre des
valeurs républicaines à portées universelles, absolue et a
priori sans concession possible et la nécessité de s'adapter
à l'évolution de la société elles restent pour le
moment dans la lignée d'origine. Au regard de cette analyse, une
question de recherche venant préciser la question de départ se
dégage : En quoi l'action sociale de droit commun peut-elle
favoriser l'inclusion sociale des migrants en partenariat avec les associations
communautaires sans contredire les principes républicains de
non-discrimination, d'unité et d'indivisibilité ?
Afin d'apporter un élément de réponse
à ce nouveau questionnement nous allons émettre une
hypothèse. Celle-ci devra tenir compte de l'analyse du recoupement des
éléments théoriques et pratiques effectué. Nous
l'avons vu, l'élément principal stigmatisant les parties sur
leurs valeurs propres parfois hermétique à toute ouverture, vers
l'autre, est la méconnaissance de celui-ci. Une meilleure
compréhension réciproque passe par l'apprentissage des codes
culturels de l'autre. Elle évite aux individus des attitudes
dictées par des idées reçues.
Par ailleurs, l'un des principes fondateurs de la
République est l'Egalité. C'est pour garantir
l'égalité de tous que les institutions sont amenées
à reconnaître des particularismes culturels, sans pour autant
remettre en question la République une et indivisible. En ce sens,
l'égalité est conciliable avec la différence. Nous l'avons
vu, l'écart culturel entre la population chinoise et celle de la France
représente un fossé très difficile à combler pour
l'une et l'autre des parties pour autant qu'elles le veuillent. Cet
écart s'avère être un frein pour les migrants. Il les
discrimine dans leur accès à l'intégration et à la
participation à la vie publique. Nous faisons donc l'hypothèse
qu'un travail commun sur l'interculturalité pourrait répondre
à la question de recherche qui a émergée. En outre, des
actions de formation à la médiation interculturelle et le recours
à des disciplines comme l'ethnopsychiatrie pourraient créer une
passerelle d'échange et ainsi favoriser l'intégration sociale des
migrants dans un souci d'intérêt général et commun.
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