q) Le processus d'acculturation
L'acculturation est selon la définition
anthropologique, le résultat de contacts et
d'interpénétrations de cultures différentes. Elle
nécessite un contact entre les cultures et aboutit à des
transformations culturelles de l'un ou des deux groupes. Les migrants chinois
sont a priori soumis à ce processus d'acculturation. John Berry a
modélisé un schéma des stratégies d'acculturation
qui peut revêtir selon lui quatre formes différentes selon
l'importance que l'individu attache à la conservation de sa culture
d'origine et/ou l'acquisition de la culture d'accueil :
Un individu considérant qu'il doit préserver sa
culture d'origine sans tenir compte de la culture d'accueil adopterait une
stratégie de séparation.
Le rejet de la culture d'origine et la recherche du
conformisme avec la société dominante se caractérise par
une stratégie d'assimilation.
Le maintien de la culture d'origine et l'adoption de la
culture d'accueil se caractérise par l'intégration.
Le rejet des deux cultures se caractérise par la
marginalisation.
Modèle des stratégies d'acculturation,
adapté de Berry (1997)
Dans ce modèle, l'intégration est le
résultat d'un compromis entre le maintien de sa culture d'origine et une
acquisition de la culture dominante.
Bien qu'intéressant ce modèle de
stratégie d'acculturation ne rend pas compte de la réalité
du vécu identitaire des migrants chinois interrogés. En effet, la
plupart des personnes interrogées ont fait part de leur réelle
volonté d'intégration dans la société
française. Au regard de ce qui est renvoyé par cette population
et dans la conscience collective du reste de la population, les migrants
chinois se caractériseraient par une stratégie de
séparation, préservant leur culture d'origine et refusant celle
du pays d'accueil. Cette affirmation hâtive ne tient pas compte des
difficultés liées au grand écart culturel de deux
civilisations distinctes et s'étant développées autour de
modes de pensée, philosophie, conception du monde radicalement
différente, dont le système républicain ne tient pas
compte dans le cadre public. Ainsi, les personnes interrogées faisaient
davantage référence à une stratégie de survie
plutôt qu'à une stratégie de séparation, beaucoup
d'entre eux étant pris, malgré eux dans un processus fermé
de gestion de la migration installée depuis des décennies. La
nécessité de rembourser une dette lourde, la précarisation
sociale des migrants les plus fragiles, notamment des dongbei exploités
par des migrants wenzhou organisés depuis longtemps, le
déterminisme social et culturel leur imposant une obligation de
résultats quant à leurs motifs de départ etc. restreignent
leur capacité d'intégration. (Témoignage). Cette
volonté revendiquée d'intégrer la société
française est notamment observable par le fait que la sortie de l'emploi
communautaire marque une certaine mobilité professionnelle et salariale
dont les migrants tirent fierté (Témoignage).
|