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Microfinance et problématique de réduction de la pauvreté au Bénin: expérience des femmes du programme de Micro Crédits aux Plus Pauvres(mcpp) dans la commune rurale d'Adjarra

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par Dègnon Benjamin GOGAN
Université d'Abomey-Calavi - Diplôme d'études approfondies en socio-anthropologie du développement 2012
  

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5.2- La microfinance au Bénin et dans le monde

Les connaissances scientifiques sur la microfinance dont il s'agit ici ont été tirées de la littérature des études récentes sur la microfinance tant au Bénin, en Afrique que dans le monde.

En effet, au Bénin, une équipe de chercheurs commis par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD-Bénin 2007) a réalisés une étude sur le diagnostic approfondi du secteur de la microfinance au Benin. L'objectif général de l'étude est d'analyser les performances globales du secteur de la microfinance au Bénin avec un accent particulier sur la demande et l'offre des produits et services de microfinance. De façon spécifique il a été question de l'analyse des aspects de l'offre et de la demande de services financiers de même que les contraintes, opportunités et mesures visant à desserrer les contraintes identifiées.

L'analyse de la situation de l'offre s'est intéressé à la typologie des IMF, la couverture géographique, les conditions d'intervention et des performances, les dynamiques de concurrence, les contraintes géographiques et socio-économiques, les stratégies d'interventions, l'application des pratiques optimales, la gouvernance, les systèmes d'information de gestion (SIG), la sécurité physique et financière (assurances et centrales de risques),les potentialités du secteur et conditions de viabilité / pérennité des IMF, les perspectives de développement, d'évolution du secteur et d'intervention des différents acteurs (plans de développement et d'affaires des IMF, programmes du gouvernement et des bailleurs de fonds, modalités de financement...).

L'analyse de la demande s'est orientée vers la demande satisfaite de services et produits d'épargne, de crédit, de micro-assurance et de transfert d'argent et la demande potentielle pour ces produits notamment le type et la nature des besoins exprimés, la répartition de la clientèle par catégories socio-économiques.

Pour ce qui est des défis et des contraintes de la viabilité des IMF opérant dans les zones rurales, l'étude a permis d'identifier les contraintes comme l'enclavement, l'analphabétisme de la population, la faible capacité de mobilisation des ressources, la faiblesse de la production agricole et son caractère aléatoire, les aléas climatiques et calamités naturelles, la faible disponibilité de l'énergie électrique, les problèmes de sécurité, les difficultés d'approvisionnement en carburant et le manque d'infrastructures.

A l'université d'Abomey-Calavi Ingrid Sonya M. ADJOVI (2009) par le biais de son mémoire de maitrise en sociologie, a étudié les interactions entre l'Etat, les organisations de la société civile, les institutions de microfinance et les groupements féminins dans l'économie informelle à Cotonou. Elle a tenté de comprendre la participation de ces divers acteurs sociaux dans l'économie informelle à travers la pratique des activités génératrices de revenus, leur financement et la réglementation. Dans une approche de l'individualisme méthodologique et de l'interactionnisme, les résultats de cette étude ont montré dans leurs globalité que l'économie informelle trouve son explication dans certains facteurs sociaux (la pauvreté, l'analphabétisme et la logique de prédétermination professionnelle), culturels (croyances relatives à l'argent et à la richesse, les croyances liées aux stratégies de vente des produits et la force du verbe) et économiques (faible niveau de revenu et d'épargne), sans isoler la forme de régulation exercée par l'Etat sur les divers acteurs collectifs en présence.

Par ailleurs, Yaya Koloma (2007) décrit les faits marquants du secteur de la microfinance au Mali, son contexte, ses caractéristiques, et son articulation avec les politiques publiques de réduction de la pauvreté et des inégalités, notamment de genre. Les nouvelles orientations du financement du développement ont conduit le Mali à considérer la microfinance comme l'un des outils majeurs des politiques publiques de

lutte contre la pauvreté, en instaurant un cadre réglementaire et une politique nationale de microfinance. Elle toucherait 6,5% de la population totale estimée à 11,6 millions en 2005. Ce taux aurait connu un accroissement de 27,7% entre 2003 et 2005. Sur 1,9 millions de familles maliennes en 2005, la proportion de familles touchées par les services microfinanciers s'élèverait à 38,8%. Les femmes représenteraient 40,3% de la clientèle des institutions de microfinance. Les controverses théoriques et empiriques ont conduit à revoir l'espoir tant suscité de l'efficacité des services de la microfinance en termes de lutte contre la pauvreté et les inégalités de genre. L'étude du cas du Mali, à travers les quelques rares évaluations d'impact qui ont été réalisées, permet de constater que, même si une amélioration certaine des conditions de vie de certains clients ou clientes bénéficiaires des services n'est pas à écarter, une réduction certaine de la pauvreté peut paraître difficile.

D'un autre côté, Isabelle Guérin et Jane Palier (2007) mettent en cause le lien automatique fait entre microfinance et autonomisation des femmes et montrent que cette approche un peu simpliste ne reflète pas la réalité ; car elle n'examine pas les limites de l'outil de développement qu'est la microfinance. Or, Linda Mayoux (2007) se demande si les tendances actuelles à la commercialisation ou au ciblage de la pauvreté affichées dans `Ways Forward for Microfinance' (voies possibles pour la microfinance) lors du récent Sommet de microcrédit sont susceptibles d'améliorer l'impact sur les questions de genre. Mayoux présente des façons d'intégrer l'autonomisation des femmes dans ces deux tendances actuelles mais en précisant qu'il faudra que la microfinance prenne un engagement beaucoup plus clair en faveur de l'égalité des genres.

Par contre, Ranjula Bali Swain (2007) de l'université d'Uppsala aborde les différentes définitions et utilisations du concept d'autonomisation. Forte de sa recherche sur les groupes d'entraide en Inde, elle montre que la formation joue un rôle prépondérant dans

l'autonomisation des femmes. Selon les conclusions de ses travaux, les femmes ne constituent pas un groupe homogène. Elles ont des besoins financiers différents qui varient selon le contexte socioculturel et leur expérience. Elles ne forment pas un groupe marginalisé puisqu'elles ont des relations et des échanges d'expériences avec les hommes à des niveaux divers. C'est plutôt Susan Johnson (2007), de l'Université de Bath qui explique pourquoi il est essentiel que les institutions de microfinance en particulier et le secteur en général, comprennent cet aspect de la question et voient comment l'intégrer aux études d'impact. Susan montre qu'il faut ouvrir la `boîte noire' de l'économie des ménages, comprendre les relations hommes/femmes et les décisions relatives à l'attribution des ressources pour concevoir des services microfinanciers qui permettront aux femmes d'atteindre leurs objectifs.

Tamara Underwood (2007) du Réseau Européen de la Microfinance (REM) quant à elle, a eu le mérite de rendre publics les résultats de son travail de recherche sur les femmes et le microcrédit en Europe occidentale. Elle a examiné les raisons pour lesquelles dans cette région la clientèle de la microfinance est constituée à 39% de femmes. Ces raisons sont, selon Tamara, le manque d'éducation, la formation commerciale insuffisante, le manque d'expérience commerciale, le faible accès à l'information, l'insuffisance de confiance en soi, le revenu bas et l'absence de garantie ou de biens nantis. Par contre Maria Darbringer de l'Université de Vienne (2007) a résumé une étude socio-anthropologique d'un projet de microcrédit en Equateur. Ses travaux ont permis de mieux saisir le comportement des femmes qui tentent de jongler avec leurs nombreuses responsabilités. Elle s'attarde sur la nécessité de ne pas se confiner aux aspects économiques lors de l'évaluation de l'impact des programmes de microfinance pour étudier aussi les relations sociales.

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