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Engagement politique et associatif des femmes en Mauritanie. Le « négoféminisme maure »: entre stratégies féminines et pratiques informelles du pouvoir politique

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par Nejwa El Kettab
Université de Picardie Jules Verne - Master 2 recherche sociologie 2012
  

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b) Prolifération d'un militantisme de la jeunesse au coeur de ce mouvement, constitution du

parti des Kadihines.

Dans ce contexte de crise et de divergences idéologico-politiques, apparait un mouvement étudiant (présent en Mauritanie mais aussi dans d'autre pays tel que l'Egypte, l'Irak, la France, ...). L'union des étudiants mauritaniens qui comportait surtout les éléments maures, avec en parallèle l'ASM (association des étudiants mauritaniens) qui était négro-africaines. Les étudiants maures mettaient l'accent sur l'arabité de la Mauritanie tandis que les négro-africains étaient soucieux du caractère négro-africain de la Mauritanie alimenté surtout par une peur de l'influence montante de l'arabe et du recul de l'enseignement du français.

Le gouvernement mauritanien connaissait des difficultés à réguler l'effervescence de ces mouvements contradictoires ce qui accentuait la faiblesse du parti unique qui dirigeait le pays. De plus, le seul revenu du pays : La Miferma (société de mine et de fer de Mauritanie), véritable source de richesse pour le pays était une société dominée par les européens (en particulier par les

belges et les anglais) et la France, bénéficiant ainsi des principaux revenue de cette société minière. Le gouvernement mauritanien avait des accords militaires avec les autorités françaises débouchant sur une très forte présence de consultants français dans l'administration mauritanienne, si bien que les mouvements naissants des étudiants reprochaient à l'Etat d'être un gouvernement néo-colonial.

Ce qui a hâté la prise de conscience politique du mauritanien fut la grève entreprise par les ouvriers de la Miferma, elle a été réprimée par l'armée mauritanienne dans le sang (plusieurs morts). C'est ainsi que les syndicalistes et les étudiants ont commencé à percevoir le gouvernement comme étant néo-colonial au service de la France. Ces mouvements au départ corporatistes se sont petit à petit politisés, si bien qu'à l'intérieur du pays le syndicat des enseignants, des ouvriers, les étudiants et l'organisation des lycéens se sont regroupés pour mener un travail politique contre le gouvernement en place qu'ils accusaient d'être le valet de l'impérialisme français .

Tout d'abord cette prise de conscience a permis la naissance d'un mouvement contestataire nationaliste arabe sous l'influence du Nassérisme égyptien, et du mouvement de Baath. Ce mouvement nationaliste arabe luttait pour la promotion de la culture arabe, le positionnement de la Mauritanie au sein des pays arabe voulant affirmer le caractère arabe du pays contre lequel se dressaient les noirs qu'ils appelaient « chauvins ».

Petit à petit dans les feux de la lutte, s'est crée une conscience de la nécessité de dépasser les clivages ethniques. Les mouvements syndicalistes et étudiants ont opéré un glissement vers la Gauche, ils adoptent peu a peu des idées socialistes pour se radicaliser au fur et à mesure vers des idées communistes (s'inspirant de Marx et Lénine). Ils ont vu dans l'idéologie marxiste une solution à la crise et aux problèmes ethniques que traversait la Mauritanie. La reconnaissance ethnique devenait le point de jonction entre les noirs et les arabes.

Les syndicats, l'élite des intellectuels et les étudiants ont commencé à adopter les idées marxistes, dépasser la notion d'arabe, de noirs, etc. Ils ne posent plus le problème en terme ethniques mais en termes de classes sociales. La contradiction n'est plus entre noirs et arabes mais entre le capitalisme européen et les forces de travail. Une véritable approche marxiste s'opère.

Ce mouvement fait boule de neige et s'étend, il devient de plus en plus important et acquière de plus en plus d'adeptes. Le parti des Kadihines a rallié et touché les couches populaires, les marginalisés (les « haratines » qui sont les anciens esclaves, les griots, les anciens esclaves, les artisans,...). Les marginalisés par le système des castes se sont sentis concernés par cette mouvance et c'est en conséquence qu'il devient un mouvement populaire, il est dirigé par des intellectuels marxistes qui se sont trouvé en opposition avec le mouvement nationaliste arabe. Ce mouvement marxiste a été accusé par le mouvement arabe (mis de coté) de mettre en avant les noirs et d'oublier l'arabisation qui, rappelons le, est leur cause principale.

Le mouvement des Kadihines s'est répandu dans les zones précarisées (bidonvilles etc.), touchant ainsi une grande part de la population ce qui a permis de dépasser les clivages ethniques. Parmi ses principales avancées, ce parti a exercé une forte pression sur le gouvernement pour l'adoption de politiques beaucoup plus patriotiques, si bien qu'il a amené le pouvoir en place à réviser les accords militaires avec la France . Un ensemble de changements s'est opéré également suite aux revendications des Kadihines : La nationalisation de la Miferma en 1974 (devenue la SNIM), la création de la monnaie nationale, la reconnaissance de la pluralité ethnique,...Suites à ces bouleversements socio-politiques, un grand nombre de jeunes ont intégré ce parti. C'est ainsi qu'une grande part des anciens Kadihines ont estimé que le gouvernement ayant opéré d'importants changements qualitatifs pour le pays justifierait son intégration et sa collaboration avec le parti. Suite à cela, un grand nombre d'anciens Kadihines se sont ralliés au parti au pouvoir, le PPM (Parti pour le peuple mauritanien).

Les Kadihines qui ont intégré le parti de Moktar ould Daddah (le PPM) ont perdu leur combativité, le président a su rallier à son parti une force gauchiste considérable suivi d'une politique d'arabisation ; ce qui provoqua l'implosion du PK donnant naissances à deux partis : Le mouvement national démocratique24 (MND) et l'Alliance mauritanienne des démocrates (AMD). Une grande part des Kadihines négro africains ont rejoint le parti de l'AMD et du Flam25.

24. Minorité très active sur le plan politique et qui existe toujours aujourd'hui.

25? Pati luttant contre les discriminations raciales et l'esclavage des noirs en Mauritanie

C'est donc une tendance qui existe encore, active mais pas avec la même ampleur. Les anciens Kadihines ont tous le sentiment d'avoir participé à un grand tournant de l'Histoire politique de la Mauritanie.

Les Kadihines ont constitué un réservoir pour tous les pouvoirs qui se sont succédés dans la mesure où ils sont restés très actifs dans le paysage politique mauritanien. Ils sont devenus des caméléons politiques, ils se sont accommodés aux différents régimes qui ont dirigé la Mauritanie. Même si le marxisme n'est plus d'ordre, il est resté une certaine vision du politique et un esprit d'organisation propre à eux.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway