c) Impact de cette mouvance politique sur l'activité
politique et les trajectoires des femmes
aujourd'hui en Mauritanie
Au-delà des transformations politiques et
idéologiques opérés par le PK, il a modelé l'esprit
de ses principaux acteurs. Il a participé au passage d'une culture
traditionnelle du pouvoir à un modèle moderne de l'organisation
politique. Les femmes ont joué un grand rôle dans cette mouvance,
tant au niveau des lycées qu'au niveau des syndicats et des partis
politiques. Ce n'était pas le niveau intellectuel, la classe sociale ou
l'appartenance ethnique qui caractérisaient les femmes Kadihines mais
elles ont spontanément intégré cette mouvance, prises dans
l'élan contestataire de la vie politique de leur pays. Cette
période de soulèvements dans les années 1960 a vu naitre
des femmes qui s'impliquaient entièrement dans le militantisme politique
contrairement à aujourd'hui où d'un point de vu politique les
femmes y participent de façon informelle, où leur engagement est
davantage associatif et social que politique.
Ce militantisme des femmes Kadihines a eu un impact
considérable sur les trajectoires sociales et les carrières
politiques de ces femmes aujourd'hui, certaines ont poursuivi leur
carrière en politique, d'autres dans le milieu associatif et d'autres
ont développé une littérature engagée (roman,
théâtre, poésie,...).
Parmi ces femmes il y a Sy Lalla Aïcha Ouedraogo,
présidente d'un comité pour la promotion des droits de l'Homme,
elle a accepté de nous exposer sa trajectoire de militante et nous
offrir ainsi le point de vue d'un ancien membre du PK appartenant à la
communauté négro-africaine.
Sy Lalla Aïcha Ouedraogo, présidente du
CSVDH
(Comité de Solidarité avec les Victimes
des Violations des Droits humains en Mauritanie) Le 19/04/2012 à
Nouakchott
Quel est votre parcours social et universitaire ?
:
« Je suis Peul26 . Je suis originaire du
Brakna. J'ai fait mon primaire à Bogué et mon lycée
à Nouakchott. J'ai milité très tôt dans le mouvement
des Kadihines, comme ma mère. C'était un mouvement national
démocratique qui revendiquait une unité nationale. Il
était opposé au parti unique. Au lycée de Bogué, le
mouvement y était en plus assez fort. J'ai milité depuis 1976,
la
date où je suis venue à Nouakchott pour
étudier au collège des jeunes filles. A cause de la
répression, j'ai été arrêtée en 1973. J'ai
fait 42 jours de prison, c'est pour cela qu'on m'a renvoyé du
lycée. Parce que j'ai milité. Le mouvement était contre la
féodalité et pour les valeurs démocratiques. On peut dire
que c'était un parti communiste. Je suis née dans une famille
religieuse, j'ai été dans les hautes sphères de la culture
Kadih. Il y avait un mouvement féminin très fort. C'est pour cela
que jusqu'en 1974, je n'ai pas été à l'école. En
1974, j'ai fait le concours national de santé publique. Je suis devenue
sage-femme. Ce n'est pas vraiment ce que je voulais faire mais je n'avais pas
le choix, mes parents voulaient que je m'occupe. Jusqu'en 1984, j'ai
travaillé à l'intérieur du pays comme sage-femme. Je suis
aussi allée à Dakar, j'ai fait l'Ecole Nationale
Supérieure en santé publique. J'ai été prof
adjointe en santé publique. Je suis ensuite allée à
Montréal où j'ai fait une maîtrise en santé
publique. En 2000, j'ai passé le bac en même temps que mon fils.
Mes enfants en rient encore. J'ai enseigné à l'Ecole Nationale.
En 1994, il y a eu la conférence de Bengin. A l'époque, on m'a
empêché d'intervenir car j'étais dans le parti de
l'opposition (l'UFD). J'ai été aussi militante au sein de la
société civile. L'association dont je suis aujourd'hui la
présidente. Ce qui a principalement motivé mon militantisme et ma
volonté d'intégrer la société civile, ce sont les
événements de 1989, à cause de son aspect
racial27. La prolifération des mouvements racistes en 1989
à engendrer des antagonismes séparant les ethnies alors que la
Mauritanie c'est nous tous. Le gouvernement à l'époque n'a pas
accepté nos différences. En 1989, l'Etat a profité de cet
antagonisme pour prétexter que les négro-africains voulaient
faire un coup d'Etat, on les a alors exterminé. C'est pour cela que je
m'y suis toujours opposée. C'est pourquoi j'ai fondé la CVSDH en
1993, grâce à un groupe de femmes. C'était des femmes qui
avaient été touchées par ces événements. Il
y avait aussi des mauresques, des haratines... des veuves, des pauvres, etc.
elles se sont toutes réunies pour donner de l'argent à certaines
femmes pour leur venir en aide. »
Pouvez-vous nous parler de l'évolution de la
situation de la femme en Mauritanie ?
27.En 1989, l'antagonisme entre le mouvement Bassiste et
Nassérien, qualifiés de racistes par beaucoup d'ancien Kadihines
, surtout ceux issus des communautés négro-africaines de
Mauritanie. Des personnes issues de l'ethnie négro-africaine
accusées d'avoir voulu renverser l'Etat militaire ont été
tuées par les militaires au pouvoir. Ce fût une période
sanglante.
« Il y a effectivement une évolution. Mais il est
vrai qu'on dit toujours que tout va bien tout haut mais dans la pratique, c'est
différent car les femmes dans la sphère décisionnelle ne
sont jamais là. Quand il s'agit de soutenir un parti politique ou un
projet, elles sont là, mais quand il y a des décisions, des
actions, elles ne sont plus là. C'est le patriarcat malgré tout
qui empêche cela. »
Que pensez-vous de la prolifération des
associations féminines ?
« Il y a une prolifération malsaine des
associations, il y a eu quelques associations «cartables». J'explique
cela par le fait que politiquement, dans l'air de Maayoua, il y avait plein
d'associations qui étaient contre le pouvoir, qui critiquaient le
gouvernement, alors le Président créait des associations qui
étaient contre celles-ci. D'où le grand nombre d'associations en
Mauritanie. Toutes les femmes ministres aujourd'hui ont une association mais
celles-ci sont des associations avec l'Etat, financées par le
gouvernement. Les associations parfois même deviennent des entreprises
familiales. »
Que pensez-vous de la situation de la femme
négro-africaine en Mauritanie ?
« La femme négro-africaine est plus soumise au
mari que la femme maure. La polygamie est tolérée. Elle travaille
dans la maison, culturellement c'est ce qui constitue un frein à son
émancipation. En ce qui concerne ma personne, même si mon
militantisme m'a pénalisé, car souvent je ne m'entendais pas avec
les régimes en place, on m'a affecté loin pour m'embêter.
En réalité, j'ai travaillé de 1978 à 1994 dans la
fonction publique, la répression s'abattait toujours sur moi mais je ne
regrette rien car ce sont mes convictions. J'attends ma retraite, je continue
ma lutte pour une unité nationale et pour la femme. »
Durant cet entretien qui s'est déroulé dans le
domicile de cette militante, Aicha Sy semblait gérer ses
activités chez elle, le salon étant équipé d'un
ordinateur, d'une imprimante, d'un fax et d'une bibliothèque ; on
comprend en y pénétrant qu'elle est en perpétuelle
connexion avec son activité au sein de la société civile.
La majorité des femmes dirigeant des associations interrogées
pour cette étude semble être avant tout des mères de
familles, s'occupant de leur foyer mais qui mènent en parallèle
leur militantisme, leur carrière ne constitue pas un frein à leur
rôle de mère de famille. L'implication des femmes dans ces deux
sphères que l'on oppose souvent est un phénomène courant
au sein du militantisme féminin mauritanien. La vie domestique des
femmes maures n'étant pas associée à l'oppression ou au
confinement exclusif à l'espace maintenu par
une violence patriarcale, l'engagement de ces femmes dans la
vie publique devient l'autre face indissociable de leur trajectoire. Il
n'existe pas de dissociation entre les deux puisque la culture du maintien du
foyer par les femmes est par essence le reflet d'une forme d'autonomie que nous
avons développé au préalable dans l'exposition de la
figure féminine maure dans la société.
Si nous nous penchons sur la trajectoire de Aïcha
Ouedraogo pourtant issue de la communauté négro-africaine, cette
militante a repris ses études après avoir était
mariée et mère de famille, elle a passé son
Baccalauréat en même temps que son fils, « il n'est jamais
trop tard pour ce genre de chose » dit-elle. La politique qu'elle
mène au sein de son association , à savoir la protection et
l'aide des familles ( les femmes plus particulièrement) pauvres et
exclues , une initiative qui fut motivée par un événement
marquant ( les événements de 1989) et sanglant ayant
déchiré des familles. C'est donc un engagement auprès des
plus démunis: des veuves et des orphelins issus de toutes les
communautés qu'Aicha Sy souhaite mener son action. Il y a un rôle
de médiatrice, dépasser les antagonismes ethniques pourtant
à l'origine de ces événements pour venir en aide à
ces populations. On retrouve ce rôle de médiatrice dans la quasi
totalité des engagements féminins de la péninsule arabique
mais aussi dans une grande partie de l'Afrique noire. « J'ai beaucoup
d'amis maures, je parle hassanya, c'est cette Mauritanie que je veux, une
Mauritanie unie, sans barrières de langues [...] C'est en unissant nos
différences que le pays avancera » dit `elle à la fin de
l'entretien en me raccompagnant à la porte, on comprend ici qu'elle
repousse les limites du féminisme ou du militantisme féminin pour
une cause plus large. Le socle commun de ces femmes engagées est dans la
multiplicité de leur terrains de lutte, ce ne sont pas des causes
spécifiquement féministes mais un féminisme au service de
questions plus larges concernant l'avenir du pays dans toutes ces
dimensions.
L'analyse des trajectoires sociales et politiques de ces
femmes nous permettent de cerner la spécificité de leurs
activités politiques et la relation étroite qui se tisse entre
leur carrière et leur trajectoire sociale. Dans l'entretien suivant, que
j'ai entrepris dans le domicile de l'intéressée, il s'agit d'une
femme maure ancienne ministre de la condition féminine, on peut
distinguer entre
autre dans son parcours, l'influence des événements
liés à sa vie personnelle sur sa carrière politique.
Toutou mint Khattry, ancienne ministre de la condition
féminine et de l'enfance
(Elle a milité contre le régime des
militaires), A Nouakchott, le 07/07/2012
Quel est votre parcours social et universitaire
?
« Je suis née dans une famille très
conservatrice, très attachée aux traditions, là où
l'éducation des femmes n'était pas primordiale. C'est grâce
à ma mère qui m'a soutenue pour que j'étudie que je suis
allée à l'école. Mon oncle était
député, il est venu me chercher et je suis partie dans plusieurs
villages où j'ai fait l'école. J'étais
hébergée chez des familles, je tenais absolument à finir
mes études, tout ceci jusqu'en 1984. Pendant les problèmes
politiques (le premier putsch de
Heydala28 ), moi et mes soeurs avions lutté
politiquement, ce que mon père n'a pas apprécié. A
l'époque, un homme m'a demandé en mariage. Je ne l'aimais pas
mais j'ai accepté car je voulais ma liberté dans la capitale
où j'ai passé mon bac (pendant ma première grossesse).
J'ai pu faire mon bac et ma fille est née le lendemain des
résultats du bac. J'avais une volonté de fer (je suis
passée aux rattrapages). J'ai fait un bac D29 puis une
maîtrise en économie, ainsi qu'une formation dans la FUNIAP dans
le développement durable. J'ai travaillé au sein du
ministère du développement durable puis j'ai été
nommée ministre de la SOMINEX puis j'ai été ministre de la
promotion féminine et de l'enfance. C'est pendant mon cursus scolaire et
universitaire que j'ai eu des difficultés mais c'est ma mère qui
m'a aidée. Puis j'ai fait un remariage, cette fois d'amour (rires).
»
Quelle est l'influence de la culture maure sur la
situation de la femme selon vous ?
« Je pense que la femme maure a une place qu'on ne trouve
pas dans d'autres sociétés. La civilisation ici essaie de
considérer la femme, l'homme n'a de valeur que s'il respecte la femme
mais d'un point de vue politique ce n'est pas pareil car sur la scène
publique, ce sont les hommes qui prennent les avants. La situation politique de
la femme ici aujourd'hui est changeante en fonction des contextes politiques.
Pendant la période de transition (2005-2006), le quota de 20%
instauré a permis une avancée. On a eu une bonne présence
dans le Parlement mais cette loi n'a pas imposé le fait qu'elle soit
mère par exemple. Durant la présidence de la Sidi ould Cheikh
Abdellahi, la femme est entrée dans divers secteurs. Par exemple, dans
la diplomatie on avait deux ambassadrices, dans le domaine juridique on avait
des juges etc.... Au début de la présidence de notre actuel
Président, Mohamed ould Abdel Aziz, il y a eu une femme ministre des
affaires étrangères30 . Malheureusement, depuis
quelques temps, on assiste à une dégradation d'un point de vue
des représentations politiques. Aujourd'hui, ils sont revenus sur cette
loi, c'est flou. On assiste à une baisse du nombre des femmes ministres,
ambassadrices, parlementaires etc.... Je pense que c'est parce que le mouvement
féminin ici n'est pas mature, avant les femmes
28? En 1980, deuxième coup d'Etat par le colonel Mohamed
Khona Heyadala contre Salek Moustapha 29? Ce qui correspond à un bac
scientifique
30 Naha Mint Meknas, première femme dans le monde arabe
à occuper ce poste
étaient engagées, aujourd'hui elles le sont
moins. Il faut qu'il y ait un « connecting31 » pour
réunir toutes ces femmes. Les femmes aujourd'hui sont
éduquées mais elles ne sont pas intéressées par la
politique. »
Que pensez-vous de la place de l'Islam dans la situation
des femmes en Mauritanie?
« D'un point de vue islamique, moi par exemple qui
provient d'une famille conservatrice, ça ne m'a pas empêché
d'être une militante engagée. De plus, notre compréhension
de l'Islam ici n'est pas un frein à la présence de la femme en
politique. Même le parti islamique ici Tawasul, les femmes y sont
très présentes et actives. Et puisque c'est la seule religion,
elle ne peut pas être facteur d'oppression. Mais le problème qui
persiste aujourd'hui, c'est que dans la société comme dans la
politique, la femme doit être très forte. Elle est en
perpétuel besoin de faire ses preuves, de montrer qu'elle est capable de
s'engager, d'être active. Elle a cette double pression qui ne facilite
pas son acceptation dans la sphère publique, voilà pourquoi on
doit s'organiser. D'ailleurs je suis la Secrétaire
générale du projet « the connecting » qui n'a pas
encore été mis en place car on attend son officialisation.
»
Pouvez-vous me parler de votre engagement politique
?
« A l'époque du putsch qui a eu lieu contre le
Président Sidi ould Cheikh Abdellahi, car élu
démocratiquement, nous avions fait une manifestation, moi et d'autres
femmes du parti dans lequel j'étais. J'étais
vice-présidente du parti ADEL. J'ai fait la première
déclaration contre le coup d'Etat à la télévision
et notre Président, à l'époque auteur du putsch, m'avait
appelée pour me dire de ne pas m'inquiéter pour mon poste et de
ne pas me mêler de cette affaire. Ce n'était pas mon poste qui
m'inquiétait mais plutôt l'avenir politique du pays. On est
allée manifester devant l'institution des Nations-Unies. C'était
une manifestation féminine. On a été frappées,
malmenées et c'est à partir de là que les autres hommes
ont bougé. Les hommes de l'opposition se sont réunis pour s'unir
contre le coup d'Etat en 2008. Cette manifestation féminine est parue
dans un article du journal Elle mettant en évidence notre
volonté de fer malgré la répression. »
On comprend à travers les propos de Toutou mint Khattry
que sa carrière dans le milieu politique est intimement liée
à son parcours sociale. Son premier mariage constitua pour elle le
moyen
d'échapper à la tutelle parentale et de
retrouver une liberté de mouvement lui permettant de vivre dans la
capitale afin d'exercer son activité politique. Le paradoxe ici se
traduit par le recours à une pratique source d'oppression des femmes
(mariage arrangé, précoce) pour se frayer un chemin dans les
cercles du pouvoir. Il est nécessaire ici de reconsidérer le
statut de la femme dans cette société dans la mesure où
les pratiques rétrogrades deviennent une source d'émancipation.
Si on se penche sur le parcours de cette ancienne ministre et
kadiha32, il est aisé d'affirmer qu'elle considère que
c'est par l'affrontement et la rébellion que les femmes peuvent
être écoutées, la manifestation des femmes qu'elle a
organisé contre le coup d'Etat en 2005 était la seule initiative
dénonçant ce putsch. « C'est uniquement lorsque les forces
de l'ordre nous ont maltraitées et blessées que les hommes ont
décidé de bouger et de faire quelque chose [...] C'est à
partir de là que les hommes appartenant aux autres partis politiques se
sont unis contre l'auteur du putsch, il a fallu qu'on soit touchées et
médiatisées pour qu'ils réagissent ! ». Il est
aisé de constater ici que l'action des femmes reste subordonnée
à celle des hommes, leurs initiatives ne prennent forme sur le terrain
qu'à travers son application par les hommes. On retrouve la limite du
pouvoir accordé aux femmes, il existe une frontière plus ou moins
distincte entre l'espace décisionnel (qui revient aux hommes) et
l'espace réservé aux femmes (revendications, implication dans la
société civile, discours engagé, etc.). Cet état de
fait semble être propre à la période actuelle car la
période contestataire des Kadihines a vu naitre un engagement entier des
femmes dans l'espace public au coté des hommes. La manifestation devant
le siège des Nation Unis à Nouakchott en 2005 constitua pourtant
un tournant décisif dans le déroulement des affaires politiques
en Mauritanie dans la mesure où les différents partis de
l'opposition ont exigé l'élection démocratique et
transparente d'un président de la république, ce qui
déboucha sur l'élection du président actuel Mohamed ould
Abdel Aziz. Comme l'affirme Celine Lesourd dans son analyse33 du
rôle des femmes durant les campagnes électorales où
l'initiative féminine est au coeur de la vie politique et peut
être décisive de part le poids de la parole des femmes dans la
société et leur main mise sur un certain nombre
d'activités culturelles et associatives. Une
32.Nom féminin donné aux femmes faisant parti du
Parti Kadihine
33.Céline Lesourd, « Femmes mauritaniennes et
politique. De la tente vers le puits ? », L'Année du Maghreb
novembre 2010
implication décisive sur l'avenir du paysage politique,
mais une politique dirigée essentiellement par les hommes ; si elles
participent à la campagne présidentielle c'est pour élire
un président et non pas une femme à la tête d'un parti.
Dans la vie nomade il ne s'agissait pas d'un pouvoir centralisé et d'une
logique politique fondée sur un Etat-nation républicain mais d'un
pouvoir tribal décentralisé où les décisions
revenaient au chef masculin de la tribu, certes des décisions
indissociables de l'empreinte de la culture berbérophone mais qui
restent réservées aux hommes portant le nom de la tribu. Cette
formation d'espaces de pouvoir organisant l'implication des hommes et des
femmes dans les affaires politiques en Mauritanie peut nous amener à
entreprendre une approche culturaliste nous permettant d'affirmer que la
répartition du pouvoir aujourd'hui entre les hommes et les femmes
s'explique par l'héritage de la culture maure nomade et tribale,
conférant à la femme une place importante dans la vie publique de
la communauté. Une implication féminine n'intégrant pas la
sphère décisionnelle et celle de la haute gouvernance.
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