PARAGRAPHE 2 : Les approches de solutions et les
conditions de leur mise en oeuvre
Les approches de solutions consisteront en des axes d'actions,
qui devront être entreprises, afin d'enrayer les facteurs
identifiés grâce à nos enquêtes (A).
Quant aux conditions de mise en oeuvre des solutions, elles se
résumeront en des recommandations, à l'endroit des acteurs devant
intervenir pour l'amélioration des conditions de
délégation de la maîtrise d'ouvrage publique
(B).
A - Les axes d'actions a entreprendre
Comme nous l'avons précisé en présentant
l'intérêt du sujet, notre étude est essentiellement
destinée, non pas à identifier les conditions de rentabilisation
des activités de l'AGETIP-BENIN, mais à déterminer les
mesures nécessaires pour que soit optimisée la gestion de la
délégation de la maîtrise d'ouvrage publique, afin
d'obtenir de meilleures prestations des agences de MOD, y compris
l'AGETIP-BENIN, sans faire obstacle à la rentabilisation des
activités de ces dernières. Par conséquent, les actions
que nous proposons devront être mises en oeuvre, les unes par l'Etat et
toutes les entités publiques concernées, les autres par
l'AGETIP-BENIN et autres agences de MOD. Ces actions visent, d'une part
à améliorer le cadre juridique d'exercice la MOD
(1) et d'autre part à instaurer des conditions
favorables à la célérité dans la passation et
l'exécution des conventions de MOD (2).
1. Les actions visant à améliorer le
cadre juridique de la MOD
Elles consistent d'abord en un renforcement du dispositif
légal et réglementaire actuel de la MOD et en la prise de mesures
nécessaires à l'effectivité de la concurrence. Ensuite,
elles concernent l'aménagement des procédures applicables aux
MOD.
Ø Le renforcement du dispositif légal et
réglementaire actuel et la prise de mesures nécessaires à
l'effectivité de la concurrence
Revoir et compléter les textes législatifs et
réglementaires de la MOD
Les textes relatifs aux conditions de passation et
d'exécution des conventions de MOD devront être revus et
complétés. En ce qui concerne la revue des textes, il ne s'agit
pas de remettre en cause les acquis positifs de la réforme, mais de
partir d'un réexamen des dispositions prises, pour corriger certaines
lacunes, et ce, en associant, dans la mesure du possible, les acteurs de la
commande publique concernés. A titre d'illustration, la loi portant MOP
prévoit l'application du code des marchés publics, pour la
sélection des MOD alors que son décret d'application fixe des
dispositions non conformes au code. De même, le code des marchés
publics doit tenir compte de la spécificité de la MOD, en
envisageant des conditions particulières de la passation des conventions
de MOD, qui pourront être fixées par voie réglementaire.
Cette revue devra s'accompagner de la prise d'autres textes
nécessaires à une meilleure organisation de la
délégation. Il s'agit par exemple des textes
réglementaires relatifs au modèle-type de convention de
maîtrise d'ouvrage déléguée, aux obligations
minimales, en matière de rapports et de comptes rendus à fournir
au maître d'ouvrage, aux différentes garanties à souscrire
par le maître d'ouvrage délégué, au régime
des pénalités applicables au maître d'ouvrage
délégué, etc.
Prendre des mesures nécessaires à
l'effectivité de la concurrence
Certaines mesures sont nécessaires à
l'amélioration de l'impact du cadre juridique de la MOD sur
l'effectivité de la concurrence. Il s'agit, entre autres :
- de la promotion de la MOD auprès des
maîtres d'ouvrage publics : la mise en concurrence sera
meilleure, lorsque le marché de la MOD sera suffisamment pourvu pour
intéresser les agences. S'il y a peu de marchés et de faible
montant, il est inévitable que les grandes agences postulent
systématiquement pour tous les marchés, limitant de facto les
chances d'accès des agences de faible taille. Or, on ne peut envisager
de contraindre les MO à déléguer les prérogatives
qu'ils détiennent et sont libres d'exercer ou de faire exercer en leur
nom. L'Etat devra organiser, en association avec plusieurs agences de MOD (non
pas une seule ou deux), des activités de sensibilisation.
- de la catégorisation des
agences : on ne peut comparer que des structures
comparables. La différence qui existe entre les agences de MOD au
Bénin est trop grande, en termes de capacités techniques
notamment, pour que l'on puisse les comparer objectivement. Même en
tenant compte de la qualité des ressources humaines pour les agences
sans expérience, on ne comblera pas le gap. Il s'impose d'effectuer une
catégorisation des agences, en fonction de critères objectifs
(ancienneté, expériences, capacités techniques et
financières, par exemple) et dans des conditions transparentes. Ainsi,
les agences d'un même calibre pourront être mises en concurrence,
selon des seuils déterminés. Le tableau suivant est
proposé, à titre d'illustration seulement.
Tableau n° 6 : Catégorisation des
agences de MOD (Illustration)
Catégories et Critères
|
Chiffre d'affaire
(F CFA)
|
Personnel technique
|
Personnel de gestion
|
Seuils de projet accessibles (F CFA)
|
1ère : Grandes
agences (longue expérience et efficacité
prouvée)
|
20 milliards et plus
|
5 Séniors
|
3 séniors
|
3 milliards et plus
|
2ème : Moyennes
agences (ayant fait leurs premiers pas avec succès)
|
Entre 5 et 20 milliards
|
3 Séniors
|
2 séniors
|
Entre 1 et 3 milliards
|
3ème : Petites
agences (viennent de démarrer)
|
Moins d'un milliard
|
1 ou 2 Séniors
|
1 sénior
|
Moins d'un milliard
|
L'une des conditions de succès de cette
catégorisation est que la commande soit suffisante dans chaque
catégorie.
- de l'incitation à la spécialisation des
agences : au cours d'un atelier tenu le 28 avril 2008 au PLM
Alédjo, en vue de la vulgarisation des termes de référence
pour la mise en place d'agences de MOD, les agences présentes à
la rencontre se sont montrées hostiles à l'idée de la
spécialisation des MOD. Leur crainte nous semble fondée car, dans
un contexte où le niveau de délégation est encore
jugé faible, se confiner dans un domaine précis serait suicidaire
puisque la « part de marché » de l'agence s'en
trouverait certainement réduite. Or, la spécialisation des MOD
nous paraît indispensable au développement de la maîtrise
d'ouvrage déléguée. En effet, les domaines
d'investissements publics sont de plus en plus variés et
l'évolution rapide des différents secteurs engendre des
complexités et la nécessité d'une spécialisation
plus accrue. Les maîtres d'ouvrage délégués
gagneraient à se spécialiser dans des domaines précis
où ils se positionneront comme une référence
incontestable. Nous suggérons que la spécialisation soit
progressive. Ainsi, les agences peuvent continuer à exercer diverses
activités mais tout en s'investissant davantage dans un domaine
précis qui fera leur particularité.
- du renforcement des capacités des cadres
chargés de la passation des marchés publics sur les
spécificités liées à la MOD : une
convention de maîtrise d'ouvrage déléguée n'est pas
un marché public ordinaire. En témoignent les résistances
qui ont été suscitées, sous d'autres cieux, par leur
intégration dans le champ d'application du code des marchés
publics (voir supra). Cela signifie que les cadres chargés de la
passation et de l'exécution des marchés de MOD doivent être
suffisamment aguerris pour assurer la gestion de tels contrats, dans des
conditions adéquates. Un accent sera mis sur l'exécution de ces
conventions, car certains membres de cellules de passation des marchés
publics ont déploré le fait de ne plus avoir aucun lien avec les
MOD, dès lors que ceux-ci ont été
sélectionnés.
Ø L'aménagement des procédures
applicables aux MOD
La continuité des régimes dérogatoires
s'explique, comme nous l'avons vu, par le souci de la
célérité et le laxisme des structures nationales
chargées de contrôler et de réguler les marchés
publics. Pour la plupart des personnes interrogées, l'efficacité
des MOD serait véritablement compromise, si ceux-ci devaient appliquer
de façon rigide, comme l'exige la loi, le code béninois des
marchés publics. Cela signifie, qu'en pratique, « des
adaptations » sont nécessaires et doivent être
envisagées par la loi portant MOP et le code des marchés publics,
puis précisées par voie réglementaire. Aussi faut-il
impérativement que soient associées les structures de
contrôle et de régulation des marchés publics, afin de
retenir de commun accord les modalités suivant lesquelles elles
interviendront pour assurer leur mission auprès des MOD, dans des
conditions qui ne mettent pas en péril la célérité
recherchée. Dès lors, les manuels de procédures techniques
des agences devront être revus, pour tenir compte des exigences qui
auront été prévues dans les procédures
aménagées.
En tout état de cause, les aménagements n'auront
pas pour objet de dispenser totalement les agences, de l'application du code et
de ses textes d'application. Ainsi, seules les dispositions susceptibles de
compromettre la célérité feraient l'objet
d'aménagements, toutes les autres devant s'appliquer rigoureusement.
Les questions relatives au cadre juridique de la MOD ainsi
réglées, il sied d'aborder celles qui sont liées aux
retards enregistrés.
2. Les actions destinées à enrayer
les retards observés
Elles se résument en des mesures visant à
assurer, d'une part la célérité dans la conclusion des
conventions de MOD et d'autre part l'exécution diligente des
marchés de travaux, en MOD.
Ø Les mesures visant à assurer la
célérité dans la conclusion des conventions de MOD et le
démarrage à bonne date des projets
La lourdeur dans les procédures administratives s'est
révélée l'unique cause du retard dans
l'opérationnalisation des projets en MOD. Pour limiter les effets de
cette lourdeur, nous suggérons les actions suivantes.
Adopter des documents-types
L'adoption de documents-types, par secteur, peut constituer
une solution intéressante, afin de réduire les délais que
nécessitent l'étude et la validation des documents, par les
différents intervenants. Ainsi, plus le document-type adopté est
bien préparé et adapté aux exigences du domaine
considéré, plus rapide sera le contrôle de sa
validité, un tel contrôle ne se limitant alors qu'à de
menus détails. Les documents-types dont il est question ici sont
notamment le dossier d'appel d'offres-type, la convention-type de MOD, etc.
Alléger les procédures et responsabiliser les
acteurs
Eu égard à l'importance du choix d'un
maître d'ouvrage délégué, il est normal que l'on
s'entoure de toutes les précautions, pour qu'il ne soit pas
effectué à la hâte. Toutefois, la lourdeur des
procédures, dont le but est de sécuriser l'emploi des deniers
publics, vient à compromettre l'efficacité de la dépense
publique, en raison des conséquences fâcheuses d'un
démarrage tardif des projets. Les procédures doivent
nécessairement être revues, dans le sens de leur
allègement. Pour ce faire, une responsabilisation des cadres
s'impose : en un mot, faire confiance mais contrôler. Ainsi, l'Etat
doit veiller à assigner à ses cadres, des objectifs clairs,
assortis de délais, dans le mépris desquels des sanctions
précises seront effectivement appliquées :
l'efficacité des dépenses publiques en dépend.
Instaurer l'usage de fiches ou bordereaux de suivi des
marchés
Des fiches ou bordereaux de suivi des marchés peuvent
être conçues dans les services du maître d'ouvrage, pour
suivre l'évolution des dossiers transmis à différents
intervenants pour validation. Ainsi, à chaque projet de marché ou
de convention à faire valider et approuver, on adjoindra une fiche
marquant les différents destinataires. Dès lors qu'il a
reçu un dossier, chaque intervenant marquera la date à laquelle
il l'a reçu. Après l'avoir traité, il indiquera la date
à laquelle il l'a transmis au prochain intervenant et ainsi de suite.
Une telle mesure permettra de situer les responsabilités.
D'autres mesures permettront d'éviter les retards
d'exécution des marchés de travaux.
Ø Les mesures visant à permettre
l'exécution diligente des marchés de travaux
Conformément au diagnostic établi, les
difficultés de mobilisation du financement, le manque de promptitude des
maîtres d'ouvrage dans le respect de leurs obligations, la mauvaise
organisation et/ou l'inefficacité des bureaux d'études et
entreprises expliquent les retards d'exécution des marchés de
travaux, en MOD. Aussi faudra-t-il agir à plusieurs niveaux.
S'assurer de la disponibilité du financement avant
de sélectionner un MOD
Le MOD n'est ni une banque, ni un bailleur de fonds. Les
maîtres d'ouvrage publics ne doivent pas perdre de vue que lorsqu'ils
décident de recourir à la délégation de la
maîtrise d'ouvrage, cela suppose qu'ils ont les ressources
nécessaires au financement de l'opération. C'est ce qui distingue
fondamentalement la MOD de la concession (contrat de délégation
de service public dans lequel le concessionnaire finance les frais de premier
établissement et se rémunère en exploitant l'ouvrage ou le
service public). Ainsi, une gestion plus rigoureuse du programme
d'investissement public (PIP) s'impose dans les services de programmation et
les services financiers des maîtres d'ouvrage. Par ailleurs, il arrive
parfois que la lenteur procédurale fasse perdre les ressources
extérieures nécessaires à la mise en oeuvre de
l'opération, mettant ainsi le MOD dans une situation
préjudiciable à sa crédibilité. Des efforts doivent
être fournis, afin d'assurer au MOD le financement nécessaire
à ses activités.
Améliorer les conditions de mise à
disposition du financement aux MOD, en dérogeant aux procédures
classiques de décaissement
Une fois la mobilisation des ressources assurée, les
modalités de mise à disposition desdites ressources
méritent d'être revues. En effet, les conditions dans lesquelles
les MOD reçoivent les fonds nécessaires à l'avancement des
travaux ont été unanimement jugées insatisfaisantes. Du
reste, ce problème n'est pas une particularité du Bénin,
car, comme nous l'avons vu, les autres agences de la sous-région sont
confrontées à une telle difficulté. Après le
versement de la première tranche du financement à titre d'avance,
les appels de fonds émis, avec la justification des dépenses
antérieures, ne sont pas traités de façon à
faciliter l'exécution des travaux.
L'amélioration des modalités de versement des
fonds est indispensable, car l'utilité même du recours à la
MOD en dépend. En effet, lorsqu'un appel de fonds dure deux ans avant
d'être traité et que le MOD, confronté à des
difficultés, n'arrive plus à superviser les chantiers, d'ailleurs
désertés par l'entrepreneur, il n'y a plus grande
différence avec la maîtrise directe, et pourtant, il y a un
surcoût, à savoir les honoraires du maître d'ouvrage
délégué.
Nous suggérons que les procédures de
décaissement classiques ne soient pas appliquées, dans toute leur
rigueur, aux fonds à verser aux MOD, de façon à renforcer
les audits et contrôles de gestion effectués auprès de
ceux-ci. Introduire davantage de célérité dans le
décaissement des fonds permettrait de rationnaliser l'usage des deniers
publics.
Transmettre à temps les avis de non objection
Les avis de non objection devront être transmis à
temps aux MOD, pour ne pas ralentir leurs activités. Dans ce sens, les
maîtres d'ouvrage gagneraient à se faire représenter
à toutes les phases de passation des contrats, afin d'exercer leur
contrôle à ce stade.
Développer des actions de formation au profit des
bureaux et entreprises, et faire preuve de rigueur à leur
égard
Le monde des entreprises locales en Afrique souffre, à
notre avis, davantage de sa mauvaise organisation que de l'incompétence
de son personnel. On y trouve rarement des politiques de développement
à long terme, le profit immédiat et personnel étant
préféré à la mise en place progressive et certaine,
d'une structure de grande taille et performante. Aussi ne devrait-on pas se
lasser d'organiser des activités de sensibilisation, de formation des
cadres des entreprises et bureaux, en insistant sur l'importance de la rigueur
et du professionnalisme, qualités indispensables à la performance
d'une entreprise. Toutefois, ces actions, dont les effets ne seront
perceptibles qu'à long terme, doivent faire l'objet d'une politique
globale, faisant oeuvrer en synergie, l'ensemble des compétences
nationales.
A court terme, il convient de faire preuve de rigueur dans la
gestion des relations contractuelles avec les cabinets et les entreprises.
D'une part, la passation des contrats et marchés doit permettre de
choisir les soumissionnaires les plus à même d'exécuter les
prestations. Le critère de la moins-disance généralement
appliqué par les MOD, nécessite que la note technique minimale
soit élevée le plus possible. Ainsi, attribuer un contrat
à un soumissionnaire techniquement passable au détriment d'un
autre dont l'offre technique est excellente, en raison d'une
légère différence de prix, serait fortement discutable.
De même, des critères de post-qualification
devraient être prévus, dans les dossiers de consultation, pour
s'assurer de la réalité des informations inscrites dans les
soumissions. Par ailleurs, l'application correcte et systématique des
pénalités de retard constituerait un élément
favorable à la diligence des partenaires.
Enfin, l'ensemble des suggestions faites ci-haut pourrait
contribuer à améliorer les prestations des bureaux et
entreprises, dans la mesure où des conditions favorables seraient
réunies.
La mise en oeuvre des approches de solutions que nous avons
développées nécessite que des recommandations soient
formulées à l'endroit des différents acteurs de la
commande publique.
B - CONDITIONS DE MISE EN oeUVRE DES
SOLUTIONS
Elles consisteront en des recommandations en direction des
principaux acteurs devant intervenir pour que soient améliorées
les conditions de passation et d'exécution des conventions de MOD,
à savoir d'une part l'Etat et les collectivités locales
(1), et d'autre part les agences de MOD
(2).
1. Recommandations en direction de l'Etat et des
collectivités locales
Ø Recommandations à l'Etat
L'Etat doit oeuvrer à faire réunir certaines
conditions indispensables au succès de la délégation de la
maîtrise d'ouvrage publique. Nous évoquerons notamment les points
qui suivent.
Renforcer les capacités des maîtres d'ouvrage
publics
La décision de réaliser un ouvrage ou
d'exécuter un projet appartient au maître d'ouvrage public seul,
qui devra, avant de choisir tout prestataire, définir le programme de
l'opération et son enveloppe financière prévisionnelle.
Les capacités institutionnelles et techniques des maîtres
d'ouvrage doivent, en conséquence, être améliorées,
afin que ceux-ci puissent réaliser convenablement la planification et la
programmation des investissements.
Veiller à la pertinence du recours à la MOD,
en ce qui concerne l'objet de la délégation
Le recours à la MOD doit répondre au souci
d'assurer l'efficacité et l'économie dans l'exécution de
la dépense publique. Ainsi, autant la maîtrise d'ouvrage
déléguée doit être promue auprès des
personnes morales de droit public, autant on doit veiller à ne pas
encourager une utilisation abusive de cet outil contractuel, pour éviter
d'en faire un « fourre-tout ». Principalement
utilisée en matière de travaux, où elle se justifie bien
souvent, la MOD ne devrait être choisie, en matière de
fournitures, que de manière exceptionnelle, notamment lorsqu'il s'agit
de fournitures complexes.
Renforcer le contrôle exercé sur les
MOD
Le contrôle des activités des MOD est d'une
importance indéniable. Il conditionne en effet la qualité de la
gestion des mandataires de la maîtrise d'ouvrage publique, car il
constitue un moyen certain pour éviter les dérives de gestion
susceptibles de compromettre les intérêts des personnes publiques.
Or, il semble évident que l'Etat et les maîtres d'ouvrage publics
n'exercent pas vraiment, sur les MOD, le droit de contrôle dont ils
disposent : ce qui ne met pas à l'abri de la mauvaise gestion,
notamment au plan financier. Deux observations majeures peuvent être
évoquées, sur cette question.
D'une part, même si la loi MOP du Bénin
reconnaît aux maîtres d'ouvrage, en ses articles 7 et 11, un droit
de contrôle technique, financier et comptable sur leurs mandataires, elle
renvoie aux conventions de MOD, en ce qui concerne les modalités d'un
tel contrôle. Il en résulte un contrôle peu
systématisé, et une certaine méfiance entre partenaires.
Il conviendra que, par voie réglementaire, les modalités du
contrôle à effectuer par les maîtres d'ouvrage soient
clairement précisées.
D'autre part, le ministère des finances, les corps
administratifs de contrôle et la chambre des comptes de la cour
suprême ne s'intéressent pas suffisamment aux conditions dans
lesquelles les MOD gèrent les deniers publics. L'Etat doit veiller
à ce que les rapports d'activités, d'audits techniques et
financiers soient transmis à ces organes, qui intégreront les MOD
dans leur champ de contrôle.
OEuvrer à une meilleure maîtrise du
régime de responsabilité contractuelle découlant de la
délégation de la maîtrise d'ouvrage
La délégation de la maîtrise d'ouvrage
donnant lieu à un mandat, une correcte répartition et une bonne
maîtrise des responsabilités contractuelles entre le mandant, les
mandataires et les constructeurs sont nécessaires. Les maîtres
d'ouvrage publics doivent être suffisamment informés sur les
mécanismes de mise en jeu des responsabilités contractuelles,
lesquels dépendent de l'étendue des missions confiées au
MOD. Les considérations générales qui suivent
méritent d'être évoquées :
- le MOD n'est tenu, à l'égard du maître
d'ouvrage, que de l'exécution correcte des obligations dont il a
été personnellement chargé par celui-ci ; aussi les
fautes commises par les constructeurs ne peuvent-elles, en règle
générale, être opposées par le maître
d'ouvrage au mandataire que si ces fautes sont elles-mêmes imputables
à des fautes personnelles du mandataire ; de même, le MOD ne
peut invoquer d'éventuelles fautes commises par les constructeurs pour
s'exonérer de sa propre responsabilité à l'égard du
mandant ;
- le MOD, selon l'étendue de ses attributions, peut
être tenu de s'assurer au titre de la garantie décennale et
souscrire des polices d'assurance lui permettant de se couvrir des sinistres
intervenant pendant toute la durée des travaux ;
- la responsabilité contractuelle du MOD se trouve
limitée dans le temps par la délivrance du quitus par le
maître de l'ouvrage, celui-ci renonçant à compter de cette
date à opposer au mandataire les fautes qu'il a commises dans l'exercice
de son mandat, sauf si des réserves sont émises dans le
quitus.
Ø Recommandations aux collectivités
locales
Considérées comme maîtres d'ouvrage
publics pour les investissements relevant de leur domaine de compétence,
les collectivités locales devraient se positionner comme de
véritables « clients » des MOD. De même, dans
la mesure où elles désireront conserver l'exercice de leur
maîtrise d'ouvrage, elles pourront recourir aux services d'assistance
à la maîtrise d'ouvrage (AMO) ou à la conduite
d'opération, fournis par certains MOD.
2. Recommandations à l'endroit des agences
de MOD
Deux agences de MOD au Bénin (AGETIP-BENIN et AGETUR)
sont membres d'un réseau africain dénommé :
Association des agences africaines d'exécution des travaux
d'intérêt public (AFRICATIP). Cette association, qui contribue
véritablement au développement de la MOD en Afrique, permet aux
deux agences sus-mentionnées, de participer à des échanges
d'expériences et de contribuer, aux côtés des autres
agences membres, à relever des défis communs.
Ne remplissant pas encore les critères requis pour
adhérer à l'AFRICATIP, les autres agences de MOD du Bénin
gagneraient à collaborer avec AGETIP-BENIN et AGETUR, afin que puissent
être menées en synergie les activités de promotion de la
MOD à l'échelle nationale.
- NIVEAU D'ANALYSE
|
Problématique
|
Objectifs de l'étude
|
Eléments du diagnostic
(causes réelles)
|
Approches de solutions
|
NIVEAU GENERAL
|
(Problème Général)
Gestion peu efficace de la délégation de la
maîtrise d'ouvrage publique
|
(Objectif Général)
Identifier les conditions d'amélioration de la
passation et de l'exécution des conventions de maîtrise d'ouvrage
déléguée au Bénin
|
(Cause Générale)
-
|
-
|
N
I
V
E
A
U
X
S
P
E
C
I
F
I
Q
U
E
S
|
1
|
Faible impact du cadre juridique sur les conditions de mise en
concurrence des MOD.
|
Proposer les conditions dans lesquelles pourra être
établi un cadre réglementaire et légal propice à la
saine et transparente concurrence sur le marché de la MOD.
|
- lacunes et imprécisions des textes adoptés en
matière de MOD ;
- insuffisance des mesures de mise en oeuvre de la
réforme.
|
- revoir et compléter les textes législatifs et
réglementaires de la MOD ;
- prendre des mesures nécessaires à
l'effectivité de la concurrence (promotion, catégorisation,
etc.).
|
2
|
Pratique de dérogation de fait au code des
marchés publics.
|
Suggérer les conditions d'application du code des
marchés publics aux maîtres d'ouvrage
délégués.
|
- souci des MOD d'accélérer les
procédures en évitant les lourds contrôles a priori
exigés par le code ;
- laxisme des structures nationales chargées du
contrôle et de la régulation des marchés publics
|
Aménager les procédures applicables aux MOD, en
concertation avec les structures nationales chargées du contrôle
et de la régulation des marchés publics, afin de définir
les modalités de leur intervention auprès des MOD, sans faire
obstacle à la célérité.
|
3
|
Retard dans l'opérationnalisation des projets et
programmes en MOD.
|
Déterminer les mesures nécessaires à la
célérité de la sélection du MOD et de la signature
de la convention de MOD.
|
Lourdeur dans les procédures administratives
|
- adopter des documents-types ;
- alléger les procédures et responsabiliser les
acteurs ;
- instaurer l'usage de fiches ou bordereaux de suivi des
marchés.
|
4
|
Retards d'exécution des marchés de travaux.
|
Identifier le contexte favorable à l'exécution
diligente des marchés de travaux en maîtrise d'ouvrage
déléguée.
|
- difficultés de mobilisation du financement par les
MO ;
- mauvaise organisation et/ou l'inefficacité de
certaines entreprises et bureaux d'études ou de contrôle ;
- manque de promptitude des maîtres d'ouvrage dans le
respect de leurs obligations.
|
- s'assurer de la disponibilité du
financement ;
- améliorer les conditions de mise à disposition
du financement (dérogation aux procédures classiques de
décaissement) ;
- transmettre à temps les avis de non objection aux
MOD ;
- développer des actions au profit des bureaux et
entreprises et faire preuve de rigueur à leur égard.
|
Source : Nos observations
Tableau n° 7 : Tableau de synthèse
de l'étude (TSE)
|