PROBLEMATIQUE
Vue de l'espace, la terre apparaît comme une
planète «bleue» parce que la plus grande partie de sa surface
est recouverte d'eau. Mais seul 2,5% de cette eau est douce dont la plus grande
partie se trouve gelée et inaccessible dans les calottes
glacières et au Groenland, laissant moins de 1% d'eau douce disponible
dans les lacs, les rivières et le sous-sol. Environ un tiers seulement
des eaux douces potentielles du monde peut être utilisé pour les
besoins de l'homme2
Le besoin en eau est la chose la mieux partagée dans le
monde. On peut rester plusieurs jours sans manger, mais on ne peut rester plus
de trois jours sans boire. Nous pouvons varier les aliments que nous mangeons
et même refuser de manger tel ou tel aliment; mais nous ne pouvons pas
refuser de boire de l'eau car on ne peut se passer d'elle. En moyenne, chaque
personne doit pouvoir disposer d'un minimum de 50 litres, l'idéal
étant de 100 litres, d'eau potable par jour, pour boire, cuisiner et
pour son hygiène personnelle. L'eau est indispensable à
l'organisme humain, elle représente 85% de la masse du cerveau, 73% de
celle du foie, 86% du coeur et 83% pour le sang ainsi que les
reins3. Elle constitue donc l'élément fondamental qui
lie tous les organes du corps humain. La consommation d'une eau de mauvaise
qualité portera atteinte à ces organes, voire donnera un coup
fatal à l'organisme tout entier. Donc notre santé dépend
dans une large mesure de la qualité de l'eau que nous consommons.
Après de nombreux travaux de recherches menés sur les maladies
d'origine hydrique, Louis PASTEUR déclara: «80 à 90% des
maladies dont nous souffrons sont liées à l'eau que nous
buvons». L'eau au lieu d'être source de vie peut devenir vecteur de
transmission de maladies mortelles, elle est donc mi-ange, mi-démon. La
qualité de l'eau de boisson doit préoccuper tout le monde.
Les actions sur l'eau, l'hygiène et l'assainissement
sont donc avant tout des actions de prévention, au même titre que
d'autres activités préventives comme par
2IRC/OMS, 2002. 3ASSOUMA, 2005
exemple la vaccination. Le travail des spécialistes de
l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement, n'est pas seulement un
travail technique, puisqu'il vise à prévenir les maladies
liées à un environnement malsain. L'assainissement d'un site
participe à l'amélioration de l'état de santé des
populations et permet donc aux équipes médicales de soigner dans
les meilleures conditions possibles.
Cette analyse est partagée par le feu Dr. LEE
Jong-wook, ex-Directeur Général de l'OMS lors du lancement de la
décennie internationale d'action «l'eau, source de vie»
(2005-2015) «L'eau et l'assainissement sont indispensables à la
santé publique. Je dis souvent qu'ils en constituent la base, car
lorsqu'on aura garanti à tout un chacun, quelles que soient ses
conditions de vie, l'accès à une eau salubre et à un
assainissement correct, la lutte contre un grand nombre de maladies aura fait
un bond énorme»4.
Si la qualité de l'eau est au centre des
préoccupations des pays industrialisés, pour de nombreux pays en
voie de développement, la question y est bien plus aiguë, l'eau y
étant un vecteur de maladies graves voire mortelles. Selon l'OMS, en
2002 1,1 milliards de personnes ne disposaient pas d'un service
approprié d'approvisionnement en eau; 2,6 milliards de personnes
n'avaient pas accès à des moyens appropriés
d'assainissement, et environ 1,8 million de personnes, dont 90% d'enfants de
moins de cinq ans, meurent chaque année des suites de maladies
diarrhéiques.
De plus chaque année 500 millions de personnes
souffrent d'une maladie transmise par l'eau. Plus de 13 millions de gens
meurent chaque année de pathologies liées aux eaux impropres.
Toutes les 8 secondes, un enfant meurt d'une maladie transmise par l'eau. En
fait, la première cause de mortalité chez les enfants de moins de
5 ans provient des maladies infectieuses transmises par l'eau. Donc, l'eau
impropre à la consommation tue plus de personnes que toutes les autres
formes de violence5.
4 OMS, 2003citation de l'ex-DG LEE
Jong-wook
5 VERMEYLEN, 2007
L'amélioration des conditions de vie et
d'hygiène que permet l'assainissement est déjà une
première réponse à la lutte contre la prolifération
des vecteurs de maladies.
Dans les villes béninoises en général et
à Porto-Novo en particulier, la couverture en eau potable n'est pas
totale. L'accès à l'eau potable continue de poser problème
dans beaucoup de quartiers. Cette inégalité dans la
qualité des services d'approvisionnement en eau créée un
marché pour les vendeuses d'eau et encouragent l'utilisation de sources
d'eau et de puits locaux non potables dans les bidonvilles. Le manque d'eau de
bonne qualité dans un environnement encore insalubre représente
un risque pour la santé des populations et des élèves en
particulier. Cette situation peut amener les vendeuses de nos
établissements scolaires à offrir de l'eau non potable aux
élèves, les exposant ainsi à la diarrhée, à
la dysenterie, au choléra, à la typhoïde, etc. De plus, les
systèmes de transport et de stockage de l'eau utilisée par les
vendeuses ne garantissent pas toujours une bonne qualité de l'eau. Ces
eaux de puits ou de robinet contenues dans des récipients plastics, des
bassines, ou des sachets qui sont mal entretenus et remplis dans un milieu peu
hygiénique (l'état de salubrité de la cantine, habillement
des vendeuses, eau non couverte, etc) sont polluées ou
contaminées et exposent les consommateurs aux risques de maladies.
La population en majorité, constituée de la
couche enfantine et juvénile qui sont plus vulnérables aux
maladies, doivent bénéficier d'une attention particulière
car le milieu scolaire est un lieu public et les élèves
représentent l'avenir de la nation.
JUSTIFICATION DU THEME
L'eau et assainissement sont devenus une préoccupation
majeure à l'échelle planétaire. Depuis la
conférence de Rio de Janéiro de 1992, les réflexions sur
l'environnement sont devenues une préoccupation et s'inscrivent
désormais dans le processus général de
développement des nations. Au Bénin, le document de
stratégie de réduction de la pauvreté initié par
l'Agence Béninoise pour l'Environnement témoigne de la place
accordée à ce problème.
«La mise en valeur efficace des ressources naturelles est
reconnue comme une composante clé d'un développement durable sur
le plan environnemental. Une mauvaise gestion des ressources peut devenir un
frein au développement socioéconomique»6. Les
investissements qui visent à assurer une meilleure alimentation en eau
et un cadre sain aux populations doivent s'inscrire dans une approche qui
garantisse la santé des populations et la pérennité des
infrastructures. Mais ceci n'est pas toujours le cas dans les pays en
développement et moins encore au niveau des établissements
d'enseignement qui sont des lieux d'apprentissage pour la vie.
La lutte contre la pauvreté passe par l'accès
à une eau propre tant pour les adultes, que pour les
élèves et écoliers.
Au Bénin la question est préoccupante. C'est
pour quoi notre étude a retenu des établissements d'enseignement,
des écoles primaires et secondaires comme terrain de recherche.
Aussi il n'est plus à démontrer que c'est la
couche juvénile qui est la plus vulnérable aux maladies, les
statistiques de l'OMS le montrent. Il est dès lors évident que
cette couche est la mieux indiquée pour véhiculer le message du
changement de comportement.
Porto-Novo, capitale du Bénin et qui devrait être
la vitrine du pays, n'a guère un aspect attrayant. Il suffit de circuler
dans certains quartiers de Porto-Novo pour se rendre compte de
l'insalubrité notoire. Beaucoup de quartiers ne
bénéficient pas encore d'eau potable. Dans les
établissements scolaires, il suffit d'une simple observation pour
constater les conditions assez désastreuses dans lesquelles les enfants
s'alimentent.
L'environnement dans lequel les élèves
s'alimentent peut les exposer à des risques assez graves.
OBJECTIFS DE RECHERCHE
L'objectif principal de cette recherche est d'étudier les
problèmes liés à l'approvisionnement en eau et à
l'assainissement du milieu scolaire. Spécifiquement l'étude
permettra de:
6 commission européenne, 1999
- Apprécier la situation actuelle de l'approvisionnement
en eau et de l'assainissement en milieu scolaire;
- déterminer la qualité des eaux consommées
dans le milieu scolaire;
- identifier les pratiques et autres sources de nuisance de
l'environnement et des
eaux de boisson des usagers de l'école afin
d'éveiller la conscience de ceux-
ci sur les maladies hydriques, sur les méfaits du manque
d'assainissement et
d'hygiène;
- faire des propositions pour l'amélioration de la
santé en milieu scolaire. HYPOTHESES DE RECHERCHE
Les hypothèses de travail s'articulent autour des
principaux points ci-après:
- l'alimentation en eau et l'assainissement demeurent un
problème dans les milieux scolaires;
- le mauvais comportement lié à l'alimentation en
eau et à l'assainissement est responsable des risques de maladies;
- l'ignorance des méfaits des maladies hydriques est
à la base des négligences notées par rapport à la
protection de l'environnement;
- les techniques de prélèvement d'eau et
d'assainissement utilisées dans les établissements posent
problèmes.
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