III.2.5. Faible représentation des femmes dans les
partis politiques
Le nombre des femmes dans les instances supérieures de
prise des décisions au niveau des partis politiques a été
un frein à l'émergence d'une classe politique féminine. 9
femmes seulement étaient dirigeantes de partis sur les 267
autorisés à fonctionner en 2006, avant les élections.
- Le Congrès LOKOLE (COLO) : AKERE LYOMBE
BOTUMBE
- La Dynamique pour le
Développement national (DDN): NGOY KILUMBA
- Le Front Commun des Nationalistes (FCN) : NTUMBA
BIJIKA
- Le Mouvement des Démocrates (MD) : Justine MPOYO
KASA-VUBU
- Le Mouvement Populaire de la Révolution Fait
Privé (MPR Fait Privé) : NZUZI WA MBOMBO
- L'organisation Politique des Kasavubistes (OPKA) :
Marie Rose KASA-VUBU
- Le Parti Libéral Démocrate
Chrétien (PLDC) : Anne KANKOLONGO
- Le Rassemblement des Démocrates Conciliants (RADECO)
: Tacher LUSAMBA
- Le Rassemblement du Peuple Congolais (RPC) : LINGBANGI
Sylvie
Au regard de ce qui précède, les
résultats de notre enquête sur terrain à Kindu prouvent
qu'il existe au Congo des facteurs ayant enfreint la capacité des
femmes à mobiliser l'opinion publique ou mieux un grand nombre
d'électeurs en leur faveur. Il s'agit des facteurs ci-dessous :
- Les contraintes géographiques : l'étendue
de la RDC et l'enclavement de certaines circonscriptions électorales
- L'accès limité des femmes aux médias
- La pauvreté financière et de temps
- La perception populaire généralement
négative du leadership féminin
- L'ethnicité et la tribalité
- La qualité du message de campagne
- Le clivage entre les animateurs des organisations
féminines de la ville de Kindu et celles des territoires (milieux
ruraux).
- Le conflit d'intérêts dans le chef des femmes
dans leurs stratégies collectives
- L'existence des structures peu inclusives
- Etc.
III.2.6. L'absence d'une culture politique chez la plupart
de femmes congolaises
La pratique politique exige une certaine expérience,
mais aussi une manifestation d'intérêt pour les activités
politiques. Ce qui n'a pas été perceptible chez une grande partie
de femmes enquêtées à la base. « La politique est
bonne pour les hommes, une femme impliquée dans la politique n'est pas
un modèle et s'expose à beaucoup d'anti valeurs, notamment :
la prostitution, la corruption, la trahison, le divorce, etc. ».
L'enquête de terrain révèle le fait que
l'environnement direct, le niveau d'instruction influent sur la participation
politique des femmes. Les milieux urbains sont plus favorables à la
participation politique des femmes par rapport aux milieux ruraux et semi
ruraux notamment les quartiers périphériques de Kindu. Sur 100
femmes interrogées à la base, 10 ont un niveau universitaire, 35
ont fait le secondaire et 55 le primaire ou n'ont pas étudié.
De ces femmes, 73 n'ont pas manifesté de
l'intérêt pour les activités politiques, dont 50 parmi les
analphabètes et ayant un faible niveau d'instruction, contre 20 de
celles qui ont étudié. Par rapport au milieu, 27 femmes sur 35
des Quartiers périphériques ne s'intéressent pas à
la politique et dans la commune d'ALUNGULI un peu plus
hétérogène, 19 femmes sur 35 ne sont pas
intéressées par la politique.
La commune MIKELENGE est majoritairement habitée par
les originaires des territoires de KIBOMBO et de KAILO. Dans cette commune,
où l'on note un pourcentage assez élevé de femmes
instruites, 10 femmes seulement sur 30 n'ont pas manifesté de
l'intérêt pour les activités politiques.
Tableau N°16: Niveau d'instruction des
femmes de Kindu
Commune
|
Primaire
|
%
|
Secondaire
|
%
|
supérieur
|
%
|
MIKELENGE/35
|
23
|
53.4
|
9
|
24.6
|
3
|
16.66
|
KASUKU/30
|
8
|
18.6
|
15
|
44.11
|
7
|
38.88
|
ALUNGULI /30
|
12
|
27.9
|
10
|
29.41
|
8
|
44.44
|
TOTAL
|
43
|
100%
|
34
|
100%
|
18
|
100%
|
Source : Rapport annuel de l'Antenne de l'UNICEF à
Kindu, année 2010
A noter que par rapport au site de KASUKU et MIKELENGE, les
femmes d'ALUNGULI se sont montrées plus hostiles à l'implication
des femmes dans le champ politique. Cela pour des raisons qui touchent à
la fois au milieu, au niveau d'instruction et aux
références/modèles de l'environnement direct. Ces femmes
sont rarement en contact avec des femmes évoluant dans la sphère
politique. Le niveau d'instruction des femmes y est faible et elles
côtoient difficilement des femmes qui s'adonnent à des
activités politiques. Les germes de la construction sociale des sexes,
qui mettent les femmes en dehors du champ politique y persistent encore de
manière sensible.
Un des paradoxes relevés dans le chef des femmes est
que, quand bien même elles reconnaissent que les femmes peuvent
participer à la vie politique, mais c'est
« l'autre » qui peut le faire et non pas «moi».
Une des enquêtées dit : « les femmes peuvent
bien participer à la vie politique et changer bien des choses car elles
cautionnent moins les antivaleurs ». Mais à la question de
savoir si elle peut faire la politique, la réponse était
nette : « moi je ne peux pas car cela risque de mettre mon foyer
en danger ».
Cette reconnaissance de participation politique des femmes
pour les autres met en évidence le fait que les femmes demeurent encore
sous tutelle de leurs époux, du moins pour celles qui sont
mariées, et suscite la question de la capacité réelle des
femmes dans les options d'engagement politique.
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