III.2.3. Le fait d'une « campagne
électorale transactionnelle »
La campagne électorale a été un moment
pour la formation de l'opinion publique et de constitution d'un
électorat. Beaucoup de facteurs ont cependant enfreint la
capacité des femmes à se constituer une base électorale
sûre et importante. L'absence de ce pouvoir mobilisateur a un fondement
à la fois culturel et économique, mais aussi a des liens avec le
niveau d'expérience des femmes dans le jeu électoral.
Au regard du décor planté par la campagne
électorale, ce moment n'a pas été l'occasion de
défendre des projets de société mais plutôt un
moment des dons. Ce qui dès le départ a fait naître un
modèle de « campagne électorale
transactionnelle » où les électeurs se sont
lancé à la recherche d'un bien-être de campagne.
Ce fût un moment d'ambiance exceptionnelle, de
créativité tournée beaucoup plus vers la manipulation des
consciences, plutôt que vers la défense des projets de
société. Quand bien même une portion de la population
constituée essentiellement d'intellectuels pouvait encore faire
attention au discours idéologique, la majorité a plutôt
mordu aux discours ethnicisés, mais surtout prometteurs de bonheurs
même sans support de politique.
La constance et la promotion des valeurs qu'incarnaient les
femmes dans leur majorité ne savaient répondre à la
quête des « biens de campagne » dont la population
était à la recherche. Cette population en quête de survie
au jour le jour s'est vu ouvrir un marché circonstanciel. C'est à
elle que devaient s'affronter des femmes sans suffisamment de moyens et novices
dans leur majorité dans le champ de la compétition politique.
III.2.4. La faiblesse du marketing politique et
d'accès aux médias
Les femmes n'ont aussi apparemment pas eu assez de temps pour
l'accoutumance au marketing politique qui implique la connaissance des
électeurs, le soin à apporter à son image, la
particularité du thème central de sa campagne, l'entretien de
bonnes relations avec les médias, le rôle de la
publicité : arme essentielle utilisant des canaux tels que les
imprimés, des messages bien conçus, les médias (radio,
télévision, etc.), les affiches.
Face aux médias à la fois les femmes candidates
et électrices n'y ont pas accédé facilement. En ce qui
concerne les femmes dans leur ensemble, l'enquête démographique et
de santé de 2007 démontre que : 31% de femmes déclare
suivre la radio au moins une fois par semaine, 20% de femmes regardent la
télévision au moins une fois par semaine, 9% de femmes lisent un
journal au moins une fois par semaine et en somme, 3% de femmes seulement sont
à la fois exposées à la radio, à la
télévision et lisent les journaux. Or ces canaux ont
été fortement sollicité pendant la campagne
électorale, sans que les femmes électrices ou candidates n'y
aient suffisamment accès.
L'étendue de la RDC, l'enclavement de certaines
entités en sont des facteurs aggravants. La campagne devait être
basée sur une connaissance relativement exacte des situations de
différentes couches de populations rencontrées. Ce qui n'a pas
été facile pour les candidates féminines souvent
déconnectées de la base.
Les femmes ont cependant reçu un appui technique de
certains partenaires pour développer des stratégies de campagne
tel que le « porte à porte », la sensibilisation des
femmes à la base, mais cela n'a pas porté le résultat
escompté.
La multitude d'actions menées sur terrain par les
femmes et les organisations féminines n'ont pas été
suffisantes pour la formation d'une opinion publique et de l'électorat
féminin. Le déficit d'appropriation du discours féminin
pour le changement a milité pour un déficit dans la formation
d'une opinion publique en faveur des femmes.
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