II.4.2. La reprise de la coopération
structurelle
Des forces exogènes ont aussi marqué de leur
influence les interactions politiques, économiques et sociales entre
divers acteurs pendant la période post conflit. L'influence des
institutions financières internationales, et des grandes puissances, en
direction des États et particulièrement ceux de pays
sous-développés au Sud a permis une recomposition des rapports
sociopolitiques et ont contribué à l'émergence et à
la prise en compte de la société civile comme nouvel acteur dans
la gestion de la vie nationale.
La société civile apparait comme un nouvel
espace social où se construisent des nouvelles dynamiques pour la
résorption de la crise sociale, et donc le lieu de construction des
nouvelles ressources, stratégies et formes politiques de
régulation, mais aussi comme le lieu où se construisent les
dynamiques en vue de l'émergence de la démocratie, qui est l'une
des conditions évoquées par les institutions internationales pour
garantir les bonnes relations de partenariat.
La reprise de la coopération structurelle avait comme
entre autres exigences, l'implication de la société civile dans
le processus de négociation, de la mise en oeuvre et d'évaluation
des politiques de coopération.
L'accord de Cotonou le consacre et donne davantage de
possibilité de représentation de la société civile
dans les sphères où se gèrent les questions de
développement national. Cet accord qui fut signé en juin 2000
pour les relations entre l'Union européenne et les pays ACP avait comme
principes fondamentaux :
- L'égalité des partenaires
- La participation de nouveaux partenaires (acteurs non
étatiques, organisations de la société civile et secteur
privé)
- Le dialogue et l'engagement mutuel
- La différenciation et la négociation
Ainsi, la société civile est introduite comme
une des composantes de la politique de coopération internationale, mais
qui n'était pas vraiment organisée au début. L'impact de
la participation de la société civile se fait aussitôt
ressentir car en 1990, les organisations de la société civile
étaient représentées à 21%, mais en 2003, elles ont
été représentées à 72% des projets
financés par la Banque Mondiale.
II.4.3. Les faits de guerres : atrocités et
violences dans la ville de Kindu
En dépit de l'ouverture politique, la
déliquescence effrénée de l'Etat va jusqu'aux guerres
d' « agression » de 1996 et 1998. Cette vague de
guerres aura causé la mort d'environ 4,7 millions de personnes, des
problèmes nutritionnels de plus de 16 millions de personnes, les
conditions d'hébergement difficiles, les épidémies de
diverses natures ainsi que d'autres circonstances particulières telles
que des viols massifs sur les femmes et les filles.
La société civile non seulement
témoignera et informera l'extérieur sur la détresse des
populations, mais entreprendra aussi des actions assez visibles pour la fin des
hostilités. Le peuple s'octroie ainsi la tutelle d'un pouvoir de
conjoncture des églises, des ONG de défense des droits de
l'homme, des associations féminines, et autres acquises à leur
cause.
La portée de ses interventions était liée
à la situation désastreuse de la période de guerre que
traversait la population de la ville de Kindu, à savoir le pillage des
ressources naturelles, les massacres des populations, la répression
militaire, les viols, etc.
Compte tenu de l'Etat de guerre dans lequel se trouvait la
République Démocratique du Congo, la coordination de la
société civile du Maniema avait mis un accent particulier sur la
résolution pacifique et la prévention des conflits, sur la
promotion de la paix et sur le processus de normalisation de la vie publique
par les élections libres et transparentes.
Toutefois, des déterminants à la fois sociaux,
économiques et politiques influent de temps en temps sur la
configuration de cette société civile qui reste souvent hybride.
Ainsi, les déterminants sociaux ont dans la plupart des
cas rapproché la population de la société civile, et ce,
essentiellement pendant la guerre, et ceux économiques, et politique
sont généralement les sources de l'inféodation, de
l'instrumentalisation et de la lutte pour le positionnement de certains
acteurs de la société civile dans l'après-guerre.
Les négociations initiées dans une conjoncture
politique et économique polluée ont déterminé la
société civile dans des proportions considérables.
Supposée avoir une meilleure connaissance de la situation des
populations, elle a contribué tout de même à la production
d'argumentaires qui ont servi à la prise de certaines mesures
bénéfiques à la République Démocratique du
Congo. Seulement, ce souci de l'intérêt collectif s'est vu
masqué par la quête du pouvoir qui a plongé les acteurs
sociaux dans une compromission et qui les a dépouillés dans une
certaine mesure de leur crédibilité au niveau de la
population.
La société civile du Maniema est entrée
ainsi dans une logique à double facette : à la fois elle
luttait pour la défense des droits des citoyens, mais aussi luttait pour
une représentation politique des femmes. Certains responsables de la
société civile du Maniema ont passé à la politique
active et participent aussi à l'instabilité sociopolitique.
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