II.4.4. Le processus de paix
Les affres de la guerre n'ont pas laissé la
société civile de la RDC en général et celle de la
Province du Maniema en particulier, indifférente. Les lourdes
conséquences d'ordre social, politique économique et humain
engendrées par les conflits, ont suscité une ouverture pour des
négociations dès 1998. La société civile s'est
engagée, tout comme les autres acteurs impliqués ou non dans la
guerre, à trouver des voies de sortie pour une paix durable. Toutes les
forces vives se sont mobilisées pour les négociations de paix.
Certaines personnes physiques se sont engagées activement pour que le
Maniema retrouve aussi la paix, on peut citer les figures les plus
célèbres comme : les acteurs politiques de la transition,
originaires du Maniema et anciens animateurs de la Société civile
du Maniema. Il s'agit de : TABEZI PENE MAGU, CHOMA NYEMBO, Catherine
AZIZA, Monseigneur Paul MAMBE MUKANGA, Emile DIMOKE, ZAKUANI MAKU, BITINGO,
etc.
Un grand travail de plaidoyer fut alors entrepris par la
société civile du Maniema au niveau local, national et
international pour l'avènement de la paix non seulement au Maniema, mais
sur toute l'étendue de la République. En 2000 la
société civile, notamment celle de la zone sous occupation des
Mai Mai avait suffisamment documenté les mécanismes et les
réseaux de pillages internationaux nés de la guerre. Elle
sollicitait la communauté internationale d'y mettre fin.
Déjà depuis septembre-octobre 1998, la
Société Civile du Congo se réunit et élabora
``l'Agenda pour la paix''. Certaines Associations féminines du
Maniema ont participé à l'élaboration de cet Agenda. Ce
document préconisait la voie des négociations pour régler
les problèmes de fond du Congo par la voie politique plutôt que
par la voie des armes. Par la suite, la Campagne Nationale pour une Paix
Durable (CNPD) fut lancée.
La CNPD mit sur pied un Conseil d'Orientation de 18 personnes
représentant un large éventail des composantes de la
Société Civile.
Il convient de souligner qu'en ces temps troublés de
guerre et de partition de fait du pays, la Société Civile avec
l'appui de partenaires extérieurs a pu maintenir une activité
à caractère national. Plusieurs rencontres furent, en effet,
organisées avec la participation de toutes les Provinces, y compris les
Provinces occupées et ce malgré les détours et les
tracasseries auxquels furent soumis les animateurs de la Société
Civile. Son Comité de suivi est resté en contact avec toutes les
coordinations provinciales.
La CNPD a mené des actions sur l'ensemble du territoire
national, des réseaux des droits de l'homme purent organiser des
rencontres nationales, le CNONGD a tenu son Assemblée
générale avec la participation de tous les CRONGD ; WOPPA, un
réseau de femmes congolaises pour la paix, a réuni des
délégations de femmes venues de toutes les Provinces.
Dans cet élan d'initiatives de la société
civile, une nouvelle dynamique a vu le jour tant à Kinshasa qu'à
Kindu avec comme mission, la défense et la promotion des
droits des populations congolaises et la paix. Dans ce contexte avaient
été signé les accords de Lusaka, dont la suite a
donné lieu au Dialogue Inter Congolais de Sun City, l'Accord Global et
Inclusif à Pretoria.
En ce qui concerne les femmes, le souci de la paix a
été l'un des déterminants de leur implication massive dans
le processus électoral. Sur 100 femmes interrogées à Kindu
par exemple, 72 disent avoir voté pour mettre fin à la guerre et
arriver à un changement. La paix fut ainsi un des enjeux de la
participation politique des femmes.
II.4.4.1. Participation des femmes aux
négociations de paix.
Pour sortir de cette guerre, les femmes ont
décidé de s'impliquer fortement dans la résolution du
conflit, en participant activement aux diverses négociations pour
l'instauration de la paix dans le pays. Pour faire entendre leurs voix, elles
ont formé un front commun pour dire non à la guerre, non à
l'agression du Congo par les pays voisins, non au pillage systématique
des ressources naturelles et minières du pays, et oui à la
cessation des hostilités, oui à la protection des vies humaines,
au dialogue entre forces politiques et sociales congolaises et à la
paix.
Sur toute l'étendue de la RDC, la participation des
femmes aux négociations était faible : 9% à Gaborone, 16%
à Sun City, 30% aux négociations informelles de Pretoria et 13%
(voir liste définitive) au Dialogue inter-congolais de Pretoria qui a
conduit à la signature, le 17 décembre 2002, de l'Accord Global
et Inclusif. Malgré cette faible représentativité, les
femmes se sont solidarisées pour mener une action commune et faire du
lobbying afin de faire aboutir les objectifs du Dialogue et surtout de prendre
position au moment du blocage des négociations. Du 23 au 25 septembre
2004, les femmes congolaises ont pris part, à Kigali, à la
réunion des femmes des Grands Lacs pour parler de la marginalisation des
femmes. En ce qui concerne la vile de Kindu, deux femmes seulement ont
participé à ces négociations, dont une du RCD et l'autre
de la Société Civile du Maniema. Elles y ont surtout
insisté sur le fait que les femmes sont des actrices de la paix, pas
seulement des victimes, et qu'elles sont un facteur de stabilisation.
Elles ont élaboré une déclaration qui
servit de document préparatoire à la Conférence sur la
paix, la sécurité et le développement dans la
Région des Grands Lacs. Ces femmes ont joué un rôle
important dans les processus de paix, notamment dans le Dialogue Inter
Congolais.
Une grande mobilisation et structuration de la
société civile s'est faite en amont du DIC, contrairement aux
autres cadres de négociation de la paix. Une des femmes
enquêtée répond : « nous avons fait notre
Dialogue Inter Congolais au féminin, avant le Dialogue Inter Congolais
proprement dit, mais en dépit de tous nos efforts, les femmes sont
souvent reléguées au second plan ».
Cela se justifie par le fait que, dans certains cas, les
femmes n'ont joué qu'un rôle secondaire sans participer aux
négociations de paix proprement dites. Cela fut vécu avec les
accords de Lusaka où aucune femme n'avait participé, mais pour
lesquelles deux femmes ont apposé les signatures sur l'accord pour la
partie Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD). Elles
étaient donc complètement écartées des
négociations.
Un regard sur le processus du Dialogue Inter Congolais permet
de cerner le rôle effectivement joué par les femmes dans le
processus de paix.
|