II.1.4. Dans le domaine de l'emploi
Le Capital humain ne peut constituer un moteur de
modernisation que si on accorde une importance à
l'éducation ; car, le niveau de progrès d'un pays est
fonction du degré d'instruction de sa population. Ainsi, assurer
à tous, dans une société, des chances équitables,
d'accès à des moyens appropriés de s'instruire et de se
qualifier garanti le développement des populations. Or en R.D.C., il
existe encore des inégalités criantes entre
d'une part, hommes et femmes et d'autre part garçons et filles.
En matière d'emploi, les femmes sont très peu
représentées. Les données de l'INS (Rapport annuel de l'an
1991) indiquent qu'il y a 11% des femmes salariées dans le secteur non
agricole. En effet l'analphabétisme des femmes, la confusion
consacrée dans les dispositifs juridiques consacrant
l'incapacité de la femme mariée en exigeant l'autorisation
maritale, la coutume etc., sont des facteurs explicatifs de la sous
représentativité des femmes dans ces domaines.
Dans le Rapport cité ci-haut, les données de la
Province du Maniema révèlent
que l'inégalité dans le domaine de
l'éducation se répercute sur le marché du travail. En
effet, le taux d'activité des femmes de 10 ans et plus (50,6%) est
légèrement plus faible que celui des hommes (54,3%). En revanche,
leur taux de chômage est plus faible (2,3% pour les femmes et 3,6% pour
les hommes).
L'analyse par secteur institutionnel montre que les femmes
sont quasiment absentes dans le secteur organisé (secteur public et
privé formel). En effet, 97% des femmes du Maniema travaillent dans le
secteur informel (contre 85% des hommes). Par ailleurs, 4% des hommes occupent
des emplois de cadres contre seulement 0,1% des femmes.
Les femmes occupent surtout des emplois précaires avec
de faible rémunération. En effet, 44% des femmes sont des aides
familiales contre 10% des hommes dans cette catégorie. Le taux de
salarisation des femmes est très faible car seulement 2,4% des femmes de
la province sont salariées alors que ces proportions montent à
18,4% pour les hommes. Enfin, le revenu d'activité moyen mensuel des
femmes (15 dollars) est également nettement plus faible que celui des
hommes (20 dollars). Face à cette précarité des emplois
des femmes, des appuis spécifiques doivent leur être
accordés comme par exemple l'accès facile au crédit.
A Kindu Chef-lieu de la Province du Maniema, cette
inégalité dans le domaine de l'éducation se
répercute sur le marché du travail. Les femmes ont un taux
d'activité (62,8%) plus élevé que celui des hommes
(60,2%). En revanche, leurs conditions d'activité sont plus
précaires : un revenu mensuel moyen d'un peu plus de la moitié de
celui des hommes (19$ pour les femmes contre 32$ pour les hommes), un faible
taux de salarisation (4,9% pour les femmes et 21,4% pour les hommes). Il en est
de même du taux de chômage qui est un peu plus élevé
chez les femmes par rapport aux hommes. Par ailleurs, 56,3% des emplois du
secteur informel sont occupés par des femmes, que l'on trouve
concentrées dans les emplois les plus vulnérables, notamment
parmi les travailleurs à leur compte et spécialement les
commerçants.
Face à cette précarité des emplois des
femmes, des appuis spécifiques devraient leur être accordés
comme par exemple des facilités d'accès au crédit pour
celles qui envisagent de développer des activités
génératrices de revenus.
Il se dégage que de manière
générale la situation des femmes dans le domaine de l'emploi est
différente de celle des hommes, mais aussi, elle se différencie
entre les femmes elles-mêmes en raison de plusieurs facteurs. Le tableau
ci-dessous le confirme en tenant compte des caractéristiques socio
démographiques.
Tableau 4. Occupations des femmes en
RDC
Caractéristique socio- démographique
|
Employée
|
Ventes et services
|
Cadre/technicienne/direction
|
Agriculture
|
Groupe d'âge
|
15-19
20-24
25-29
30-34
35-39
40-44
45-49
|
0.4
0.8
0.9
1.0
0.3
0.5
00
|
24.9
27.6
25.0
30.6
26.4
19.1
19.6
|
0.5
2.0
3.6
3.4
4.7
5.6
4.4
|
63.1
65.1
64.0
58.8
63.4
70.1
73.5
|
Etat matrimonial
|
Célibataire
En union
Divorcée/séparée/veuve
|
2.5
0.3
0.6
|
32.9
23.0
33.2
|
4.1
3.2
3.1
|
47.3
69.0
57.0
|
Milieu de résidence
|
Urbain
Rural
|
1.6
0.1
|
52.0
10.4
|
6.7
1.4
|
28.8
85.1
|
Province
|
Kinshasa
Bandundu
Equateur
Sud Kivu
Maniema
|
2.4
0.4
0.1
0.3
0.1
|
73.0
7.5
11.8
34.8
19.5
|
6.3
3.0
1.4
4.2
3.7
|
5.4
88.4
82.6
53.8
69.6
|
Niveau d'instruction
|
Aucune instruction
Primaire
Secondaire
Supérieur
|
0.0
0.0
1.4
12.7
10.3
|
9.3
20.1
44.9
36.0
24.2
|
0.5
0.3
7.7
38.6
27.5
|
88.3
74.8
15.9
4.6
31.2
|
Quintile de bien être
économique
|
Le plus pauvre
Second
Moyen
Quatrième
Le plus riche
|
0.0
0.2
0.1
0.9
2.0
|
8.5
7.7
15.6
42.9
69.8
|
0.5
1.1
2.2
5.1
9.8
|
87.9
87.8
78.3
42.9
3.6
|
Source : Tableau
dressé à partir des données tirées dans le rapport
annuel de l'EDS-RDC 2007.
Au regard de tout ce qui précède, il est
à noter que si la question de Genre est au coeur des débats
politiques, il n'en reste pas moins qu'elle soit prise en compte par tous les
agents de développement. Ainsi, il est impérieux de tenir compte
de tous les facteurs qui engendrent le déséquilibre de Genre, ou
mieux de la situation défavorable des femmes congolaises dans tout
programme, politique ou projet de développement.
|