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Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)

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par Kalonge GASTON
Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011
  

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II.1.3. Statut des femmes congolaises dans le domaine de la santé

Il est à noter que le statut défavorable des femmes congolaise dans le domaine de la santé a un lien avec l'instruction, le pouvoir économique, la prise de décision, voire les rapports sociaux des sexes et les politiques publiques dans ce domaine. Tous ces aspects ont des effets sur le comportement des femmes dans le domaine sanitaire. Ils contribuent ou non à modifier les tendances des femmes dans leurs accès aux soins de santé, à l'information ou encore dans leur appropriation des mesures sanitaires bénéfiques à leur vie.

Le rapport du Bureau de l'OMS en RDC pour l'année 2010 prouve que la mortalité maternelle est très élevée en RDC. Pour la période de 0-4 ans, le taux de mortalité maternelle est estimé à 549 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Le risque de mortalité maternelle sur la durée de vie, calculé à partir du taux de mortalité maternelle est de l'ordre de 0,034, ce qui signifie en d'autres termes, qu'en RDC une femme court un risque d'environ 1 sur 29 de décéder pour une cause maternelle durant les âges de procréation. Seulement, les mesures en termes de prise en charge des femmes, d'information, de sensibilisation, de renforcement des capacités du personnel, pour réduire cet état de chose semblent faibles. Ce qui demande l'implication de tous les acteurs qui militent pour la question de Genre ; en fait le domaine de la santé par rapport à la question de Genre, devraient tenir compte des besoins spécifiques et stratégiques des femmes dans le domaine de la santé pour l'élaboration des politiques appropriées.

Dans la ville de Kindu par exemple, en ce qui concerne les attitudes et comportements en rapport avec le VIH/SIDA, le manque d'éducation, l'accès réduit aux médias et au centre de formation en la matière par les femmes, les rendent moins accessibles aux informations sur le SIDA. Aussi, les stéréotypes collés aux malades de SIDA produisent chez les femmes des attitudes négatives tant pour les tests volontaires que pour la recherche de l'information. La société est plus dure envers les femmes porteuses de SIDA, ou encore envers celles qui ont un intérêt particulier de la question, qu'envers les hommes. Ainsi, malgré la connaissance du SIDA, des réticences persistent à plusieurs niveaux en ce qui concerne l'appropriation d'approches de prévention et de prise en charge du SIDA. Ce qui empiète sur la connaissance complète de la question.

Selon le Ministère National de la santé en RDC, la quasi-totalité des congolais ont entendu parler du VIH/sida (92 % des femmes et 97 % des hommes) ; cependant, seulement 15 % des femmes et 22 % des hommes de 15-49 ans peuvent être considérés comme ayant une connaissance « complète » du sida. La possibilité de transmission du VIH de la mère à l'enfant par l'allaitement est connue par 55 % des femmes et 53 % des hommes ; mais seulement 14 % des femmes et 15 % des hommes savent que le risque de transmission du VIH de la mère à l'enfant peut être réduit par la prise de médicaments spéciaux pendant la grossesse. Le niveau global de tolérance envers les personnes vivant avec le VIH est faible : seulement 6 % des femmes et 11 % des hommes feraient preuve de tolérance.

L'usage des préservatifs à Kindu est en grande partie décidé par l'homme. Les femmes ont une faible marge de décision sur l'usage de préservatif. La supériorité de l'homme dans la prise de décisions rentre même dans la sphère des préventions, qui met par ce fait la vie des femmes en danger ; elles ne sont pas toujours responsables même dans la sexualité.

Au cours des 12 derniers mois ayant précédé l'EDS, 19 % des femmes et 44 % des hommes de 15-49 ans ont eu des rapports sexuels à hauts risques (rapports sexuels avec un partenaire extraconjugal et non cohabitant). Parmi eux, 17 % des femmes et 27 % des hommes ont déclaré avoir utilisé un condom au cours des derniers rapports sexuels à hauts risques. Lors des derniers rapports sexuels prénuptiaux, 16 % des jeunes femmes et 26 % des jeunes hommes ont utilisé le condom.

Le constat est que les femmes utilisent moins les préservatifs que les hommes. Question de soumission aveugle à l'homme quel qu'en soit le risque. Ce qui a un lien avec la violence domestique. Près de deux femmes sur trois (64 %) ont déclaré avoir subi des violences physiques à un moment quelconque de leur vie depuis l'âge de 15 ans et près de la moitié (49 %) au cours des douze mois ayant précédé l'enquête. Toutes les catégories de femmes sont touchées par les violences domestiques. Dans 74 % des cas, l'auteur des actes de violences est le conjoint actuel ou précédent ; fait de la domination masculine.

En ce qui concerne l'accès aux soins de santé on constate par exemple à Kindu que l'incapacité de consulter un médecin ou autre personnel qualifié ainsi que l'inaccessibilité aux soins existe soit parce que le prix est élevé, soit les produits sont rares ou que la distance qui sépare les malades d'une structure de santé sont grandes. Ce sont autant des facteurs de la pauvreté.

Les femmes sont dans la plupart des cas les plus concernées, pourtant, en cas de grossesse par exemple, les consultations prénatales de qualité sont indispensables pour assurer la vaccination des mères contre le tétanos et pour détecter précocement et prendre en charge les complications potentielles et les facteurs de risques pendant la grossesse et l'accouchement notamment la pré éclampsie, l'anémie, les maladies sexuellement transmissibles et la transmission du VIH/SIDA de la mère à l'enfant. Elles permettent ainsi de prévenir les décès maternels.

Le taux des femmes âgées de 15 - 49 ans qui ont consulté le personnel qualifié est de 73,0 %. Des études ponctuelles réalisées dans les milieux ruraux ont montré que des coûts des services de santé ont un effet appauvrissant sur les populations. En effet, 24,0 % des patients ont vendu leurs biens et 18,0 % se sont endettés pour faire face aux coûts de soins de santé. Une étude menée par une ONG a déterminé que 30,0 % des patients ont vendu leurs biens et 15 % se sont endettés pour faire face aux coûts de soins de santé. Quand on met ceci avec la féminisation de la pauvreté on peut bien voir à quel niveau les femmes sont les plus exposées dans ces conditions.

Bien que le taux de la couverture des soins prénatals soit de 73 ,3 %, des disparités persistent entre les milieux ruraux et urbains, aussi entre les femmes qui ont étudié et celle dont le niveau d'instruction est faible.

Le rapport annuel de la Division Provinciale de la Santé au Maniema (exercice 2010), montre la réalité selon laquelle, malgré la proximité géographique des services de santé, 9 femmes de Kindu sur 10 âgées de 15 à 49 ans déclarent avoir rencontré des problèmes pour accéder aux soins, et en particulier des problèmes financiers (78,1%). La pauvreté limite donc l'accès des femmes aux services de santé. Il n'existe pas de mutuelles de santé et le personnel médical exige d'être payé, même dans les centres de santé publics, avant toute consultation des patients. On souligne également que les produits pharmaceutiques ne sont pas donnés dans ces centres qui se contentent de délivrer des ordonnances pour leur achat auprès des pharmacies.

Il faut noter par ailleurs que 43,2% des femmes évoquent le problème de transport qui les a empêchées de se soigner et 22,1% se sont vu refuser la permission d'y aller par leurs conjoints. Une des conséquences de cette situation est que seulement 39,1% des femmes ont effectué des soins prénatals chez un médecin ou une sage-femme au cours de leur dernière grossesse.

En outre dans toute la province du Maniema, un tiers des accouchements (33%) se font en dehors des établissements sanitaires. Par ailleurs, près de la moitié des accouchements ne sont pas assistés par un personnel de santé. Ce qui explique probablement le niveau élevé du taux de mortalité maternelle en RDC en général et au Maniema en particulier.

L'inégalité dans le domaine de l'éducation et du travail rend déjà les femmes vulnérables (faiblesse du capital humain et financier). Un accès limité au service de santé ne fait qu'accroître cette vulnérabilité. L'Etat devrait consentir un effort plus important pour améliorer l'accès physique et financier de tous, et particulièrement des pauvres et des femmes, aux services de santé.

Tableau 3. Incidence de la pauvreté en province selon le milieu de résidence et les caractéristiques socio démographiques du chef de ménage

 

Kinshasa

Sud Kivu

Maniema

Equateur

RDC

Milieu de résidence

Urbain

-

84.6

76.1

83.5

61.5

Rural

-

84.7

52.8

95.3

75.7

Sexe

Hommes

40.7

86,7

55.3

94.2

71,6

Femmes

45.7

65,6

60.8

87.7

69,9

Niveau d'instruction

Sans instruction

68.9

86,5

68.3

93.8

77,0

Primaire

57.0

84,9

54.3

96.9

76,3

Secondaire

45.5

83,6

55.6

92.7

71,9

Programme non formel

32.4

100,0

46.9

53.7

56,3

Universitaire

14.3

77,5

45.6

75.9

34,1

Secteur institutionnel

Administration publique

26.7

70,6

49.0

93.4

65,0

Entreprises publiques

16.2

86,0

22.0

87.0

59,1

Privés formels

31.3

48,8

53.6

92.2

49,6

Informel agricole

40.1

86,6

59.3

95.1

77,1

Informel non agricole

47.2

83,6

47.5

90.6

64,5

Associations

33.4

85,3

54.9

78.1

60,1

Source : Tableau élaboré sur base des profils des provinces (PNUD ; Rapport annuel, exercice 2009)

Le milieu de résidence, le sexe, le niveau d'instruction et le secteur d'activité restent déterminants sur l'incidence de pauvreté. Ces facteurs associés au niveau d'instruction et au milieu de résidence aggravent la situation de pauvreté des femmes résidant en milieu rural et n'ayant pas un niveau élevé d'instruction.

L'accès des femmes aux services de santé n'est pas évident dans la ville de Kindu. En effet, outre l'insuffisance des infrastructures de santé, 85% des femmes enquêtées dans la ville de Kindu, représentant 85 sur 100 sujets enquêtés déclarent avoir rencontré des problèmes pour accéder aux soins. Il s'agit principalement des problèmes financiers (72%) et des problèmes de transport (44%). L'inégalité selon le Genre sur le marché du travail et dans le domaine de l'éducation rend déjà les femmes vulnérables.

L'accès limité au service de santé ne fait qu'accroître cette vulnérabilité dans la ville de Kindu. Par ailleurs, d'autres facteurs viennent aggraver les barrières financières et géographiques que subissent les femmes pour accéder aux services de santé. En effet, 25 sur 100 femmes enquêtées soit 25% de la totalité des sujets enquêtés dans la ville de Kindu déclarent s'être vu refuser la permission d'aller se soigner.

Malgré cela, les conditions d'accouchements semblent bien meilleures au Chef lieu de Province par rapport aux autres territoires formant la province du Maniema. Le même rapport du Ministère National de la santé indique que les accouchements ont été assistés dans une proportion élevée (73,5% au Maniema contre 64,4% en RDC) par un personnel de santé (médecin, infirmier ou sage femme).

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon