II.1.2.Sur le plan de l'éducation
La proportion de femmes de 15-49 ans sans instruction est
quatre fois plus élevée que celle des hommes (21 % contre 5 %) et
les hommes sont proportionnellement deux fois plus nombreux que les femmes
à avoir achevé les niveaux secondaires ou supérieurs (65 %
contre 41 %). La proportion des personnes de 15-49 ans qui ne savent ni lire ni
écrire (analphabètes) atteint 41 % parmi les femmes.
Cette situation n'est pas actuelle, car depuis l'enquête
organisée par le Bureau de l'UNICEF en 2001, la situation des femmes
est la même. Le taux de scolarisation des filles s'élevait
à 75,7 % contre 76,8 % pour les garçons. Le taux
d'analphabétisme des femmes est de 14,5 % contre 6 % pour les hommes
Les résultats de notre étude effectuée
par le moyen d'une enquête à Kindu montrent les
réalités selon lesquelles, plusieurs causes expliquent cette
différence en matière d'éducation notamment, les
difficultés d'accès, l'abandon du aux grossesses, aux mariages
précoces, au manque de revenu, à la tradition qui poussent les
parents à déconsidérer la scolarité des filles
etc.
Quelques exemples au niveau de la ville de Kindu insistent
sur le statut inférieur des femmes dans le domaine de l'éducation
par rapport aux hommes.
A Kindu, l'accès à l'école semble plus
difficile pour les filles que les garçons à partir du niveau
secondaire. En effet, si le rapport filles / garçons dans le primaire
est de 91,5% et donc proche de 100% (c'est-à-dire qu'il y a 9 filles
pour 10 garçons dans ce cycle), ce ratio descend à 55,5% (un peu
moins de 6 filles pour 10 garçons) au secondaire pour atteindre 8,6%
pour l'enseignement universitaire (1 fille pour 9 garçons).
Cette situation se traduit par un niveau moyen
d'éducation des femmes (5,7 années) inférieur à
celui des hommes (7,1 années) et un taux d'alphabétisation des
femmes (36,2%) plus faible que celui des hommes (48,2%).
Comme dit ci-haut, la pauvreté mais aussi la grossesse
ou le mariage précoce à Kindu sont les principales causes de
l'abandon de la scolarisation des jeunes filles. En effet, si 74,2% des
garçons ont arrêté leurs études pour des raisons
financières, 61,7% des filles de Kindu évoquent ce
problème financier tandis que 22,3% ont arrêté leurs
études à cause d'une grossesse ou un mariage.
D'ailleurs, selon l'EDS, la proportion de jeunes filles de
15-19 ans qui ont déjà commencé leur vie féconde
s'élève à 26,9% dans la Province du Maniema. En
résumé, des programmes ciblés sont nécessaires pour
que les filles de Kindu puissent poursuivre leur scolarité autant que
les garçons. Ceci est d'autant plus nécessaire que les
enquêtes montrent l'influence positive de l'éducation des
mères sur la santé des enfants.
La situation socio politique qu'a traversée la province
du Maniema ces dernières décennies a eu un impact négatif
sur le Genre. Elle est à la base de la dislocation des familles, suivie
d'une situation de précarité que vit la femme Congolaise à
tous les niveaux. On observe une permutation drastique du rôle de la
femme : chef de famille nombreuse dû au décès du
conjoint suite aux conflits armées et/ou au VIH / SIDA, enrôlement
forcé dans les milices combattantes, divorcée par suite des
violences sexuelles, femmes de compagnie pour les soldats, prostitution. On
constate également, en exploitant le rapport annuel (exercice 2008) de
la Division Provinciale de l'Agriculture du Maniema, l'existence d'une
déperdition au niveau de la productivité agricole où les
femmes occupent 52 % des forces de travail et assure 75 % de la production
alimentaire.
Aujourd'hui en RDC en général et dans le milieu
où nous avons fait notre enquête en particulier ( la ville de
Kindu), l'emploi non structuré occupe une grande majorité des
femmes qui s'adonnent à des activités de survie afin de lutter
contre la montée de la pauvreté du fait de la modicité des
salaires payés dans l'emploi formel dominé par les hommes et le
manque des ressources monétaires en général.
Les conclusions des consultations participatives indiquent
également que les droits des femmes sont violés ; des
discriminations sont constatées dans tous les domaines de vie :
droits, éducation, santé, accès aux ressources etc. En ce
qui concerne l'inégalité de l'accès à
l'éducation homme/femme, on constate un abandon précoce des
filles dû aux grossesses, aux mariages précoces et à
certaines traditions qui poussent les parents à
déconsidérer la scolarité des filles.
La situation de dépendance économique de la
femme vis-à-vis du revenu du mari est à la base de la violence
dont elle est victime. Les violences et sévices sexuels sont monnaie
courante. Les violences sexuelles ont entraîné la propagation de
la pandémie du VIH / SIDA dans les zones à conflits. Ces
violences continuent même en période post conflit sur l'ensemble
de la province.
Les femmes sont encore en minorité au sein des
institutions et structures de l'Etat notamment au niveau du gouvernement,
du parlement, de l'administration publique, du secteur privé, des
syndicats, des coopératives, des organisations professionnelles ainsi
qu'au niveau des organisations communautaires de base. En effet, le guide
biographique des femmes cadres et leaders, réalisé par le M.S.AF
et UNICEF, montre que le taux de représentativité des femmes aux
postes de pouvoir politique estimé à 10 % pour l'ensemble de la
République et dans la province du Maniema, le taux n'est que de 1 %
par rapport aux hommes.
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