CHAPITRE II. ANALYSE DES MECANISMES DE LA PROMOTION DU
GENRE EN RDC
Dans l'élan global du repositionnement des femmes
à des fins de développement, il s'avère que la RDC est
partie prenante à plusieurs instruments internationaux relatifs aux
droits de l'homme garantissant également les droits des femmes,
notamment, la Convention des nations Unies sur l'élimination de toutes
les formes de discrimination, le Protocole de la Charte Africaine des droits
de l'homme et des peuples sur les droits des femmes en Afrique, la
Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies
d'octobre 2000, la Résolution 1820 du Conseil de sécurité
des Nations Unies de juin 2008, le Pacte sur la paix, la
sécurité, le développement et la démocratie dans la
région des Grands Lacs, etc.
Ce qui au niveau national a eu des implications et a abouti
à des politiques nationales et à l'élaboration des textes
qui favorisent l'implication des femmes dans la vie nationale. Seulement comme
mentionné ci-haut, ces dispositions restent encore lacunaires tant dans
leur contenu que dans les faits.
Il existe certes une manifestation de volonté des
acteurs sociaux et étatiques à changer la situation des femmes de
manière durable. La traduction de ce fait est perçue en RDC,
à travers l'élaboration d'instruments nationaux en faveur de la
promotion des femmes et de Genre et l'implication accrue des organisations
féminines dans ces processus.
Sur le plan formel, quelques repères mettent en exergue
cette volonté, du moins manifeste :
? 2002 : l'élaboration du Programme National pour
la Promotion de la Femme Congolaise (PNPFC), adopté par le Gouvernement
en Septembre 1999 et mise en oeuvre en 2002;
? 2004 : l'élaboration du Document des
stratégies d'intégration du Genre dans les Politiques et
programmes de Développement en RDC
? 2005 : la mise en place des Bureaux de
réseautage des points focaux à Kinshasa et en provinces, suivi
des sessions de formation de ces derniers en approche Genre. A Kindu, ce bureau
existe également ;
? 2006 : la promulgation de la loi sur les violences
sexuelles;
? 2009 : l'élaboration de la Politique Nationale
de Genre.
II.1. LE STATUT DE LA FEMME EN RDC : UN REFLET DES
INEGALITES DE GENRE
II.1.1. Sur le plan politique
La participation de la femme dans le gouvernement ou dans les
organes locaux reste toujours faible. Les statistiques existantes de 1980 -
1995, indiquent que le nombre de femmes ayant occupé de postes
ministériels était de 16. Celui des hommes et femmes ayant
participé dans les organes locaux: s'élevait à 771 hommes
contre 22 femmes en 1980 et 5 ans après il est passé à
790 hommes contre 24 femmes (1995). A la période de transition, le
nombre des femmes et des hommes au parlement de transition et Haut Conseil de
la République parlement de transition est passé à 824
hommes contre 20 femmes (1990 - 1993).
Pour la Province du Maniema, les statistiques existantes de
1980 à 2011, indiquent que le nombre de femmes ayant occupé de
postes des Gouverneurs ou Vice-gouverneurs était de deux seulement.
Avant la période de la transition, il y avait une femme qui a
occupé le poste du Gouverneur (Gertrude KITEMBO) et pendant la
transition, une autre a occupé le poste du Vice-gouverneur de la
Province (Madame Catherine AZIZA SADIKI)
Aux élections de 2006, la représentation des
femmes tant au niveau national que provincial est restée encore
très faible. Nous confirmons que cette faible représentation des
femmes est la résultante de contraintes de divers ordres qui
pèsent sur elles. Il s'agit à titre illustratif, des contraintes
ci-après : le manque des moyens financiers pouvant couvrir les
besoins de la campagne. À Kindu par exemple, certaines femmes
étaient menacées par leurs époux à cause de leur
engagement au sein des formations politiques, la tradition les empêche
de prendre la parole devant les hommes ou de les réunir pour des fins
politiques, etc.
En ce qui concerne les opérations électorales de
l'an 2006 en RDC, au niveau du pouvoir législatif, sur 9709 candidatures
enregistrées au niveau de la Commission Electorale Indépendante
(CEI), il n'y a eu que 1320 candidatures féminines (13,6 %) dont
seulement 42 furent élues (3,2 %). Ainsi, les femmes ne
représentent que 8,4 % de 500 députés siégeant
à l'Assemblée nationale. Aucune femme n'a été
présente dans l'Espace Présidentiel, 8 femmes seulement (soit
7,6%) ont siégé dans le gouvernement de transition contre 53
hommes sur un total de 61 ministres et vice-ministres.
Au sénat de la transition, plus masculinisé
encore que l'assemblée nationale, il n'y avait que 3 femmes (2,5%)
contre 117 hommes alors que 120 sièges étaient à
répartir.
Les Assemblées provinciales quant à elles
présentent un pourcentage assez faible allant de 0% (Maniema) à
18,7% (Kinshasa), et entre les deux d'autres pourcentages très faibles,
dont : 2,3% (Nord Kivu) et 2,7% (Equateur).
Les femmes ont participé à titre
d'électrice à 55,07% contre les hommes dont le taux de
participation s'élevait à 44, 92%. Alors que les femmes sont
numériquement majoritaires au sein de la population globale et
constituent des forces actives et dynamiques pendant les campagnes
électorales, les échecs des femmes aux élections ont
été très criants et ont ainsi causé leur sous
représentation dans les institutions démocratiques issues des
élections libres, démocratiques, transparentes et
indépendantes.
Notre enquête dans la ville de Kindu relève les
réalités selon lesquelles, deux facteurs majeurs participent au
statut défavorable des femmes congolaises dans le domaine politique. Il
s'agit d'abord de la problématique du faible niveau
d'instruction pour la majorité des femmes et enfin, de l'absence de
culture politique chez la plupart des femmes ; fruit de la trajectoire
historique, de Genre, de la socialisation politique penchée beaucoup
plus vers les hommes
En rapport avec les exigences de la dialectique
matérialiste, l'interconnexion des faits exige à ce que d'autres
facteurs empiriques soient annexés à côté de deux
facteurs énumérés par nos enquêtés. Il s'agit
des facteurs ci-après:
- L'impréparation des femmes
- La confrontation à de nouvelles expériences
produites pas les mutations sociales
- Le patriarcat politique
- La faiblesse des actions des agents de développement
politique en direction des femmes
- Etc.
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