I.2.3. Les déterminants économiques
Par les rôles de genre, les femmes sont dans le contexte
congolais et de manière générale affectées aux
rôles à faible valeur économique, politique et sociale. Les
espaces générateurs de capitaux sont dominés par les
hommes. Depuis la période coloniale, on constate que les hommes sont
majoritaires à occuper les fonctions politiques ou économiques
qui leur ont facilité le cumul des capitaux économiques favorable
à l'acquisition des moyens.
L'entreprenariat féminin reste dominant dans le secteur
informel, dans l'agriculture, dans les travaux domestiques et ne suffit pas
à les libérer de manière significative de la
pauvreté. Le document des stratégies d'intégration du
genre dans les politiques et programmes de développement
élaborés en novembre 2003 indique que 8 % seulement des femmes
sont dans l'entreprenariat généralement informel (ateliers de
couture, salons de coiffure, savonneries, salaisons de poisson, restauration).
Actuellement, seulement 5 % d'entreprises de type formel sont
gérées par les femmes, contre 95 % par les hommes.
En plus, comme faits cumulateurs des défaveurs, elles
sont généralement moins instruites et moins qualifiées,
accèdent moins aux stages de formation professionnelle, au
crédit, à la terre voire aux postes de décision. Aussi,
elles ne bénéficient pas d'une politique étatique
favorable à l'émergence d'une classe de femmes réellement
détentrice de capitaux. Dans la plupart des cas, leur champ social et
économique est circonscrit par la cellule familiale ou le ménage.
Dans la sphère publique, la tutelle des hommes reste encore très
palpable.
L'enquête démographique et de santé a
présenté de données sur les types de revenus des femmes.
Il en existe en argent ou par nature. L'utilisation des revenus est un des
indicateurs de statut de la femme. La proportion des femmes qui décident
principalement de l'utilisation de leur revenu est plus élevée en
milieu urbain (40%) qu'en milieu rural (15%). Le niveau d'instruction influence
aussi l'autonomie des femmes dans l'utilisation des revenus. Il s'ensuit que de
manière générale, les femmes en milieu urbain et
instruites ont plus de chance de décider sur leur revenu et les femmes
rurales et moins instruites sont par ce fait défavorisées.
On constate aussi un écart dans la décision des
femmes sur le revenu selon les quintiles de bien-être économique,
plus les femmes sont riches, plus elles ont la possibilité de
décider sur leur revenu. La pauvreté est un des facteurs qui
limitent les femmes dans la prise des décisions en ce qui concerne les
revenus du ménage. Si on met en corrélation cette dimension et
celle de la législation congolaise, il se dégage que la femme
mariée a une marge de manoeuvre très réduite en ce qui
concerne les décisions sur les revenus sans que des contraintes d'ordre
patriarcal ne la poursuivent.
Il est aussi important de s'appesantir sur les enjeux et
défis que pose l'adoption de projets à visée
économique tel que le Document de la Stratégie de
Réduction de la pauvreté. Quand bien même on y fait
référence à la féminisation de la pauvreté,
il sied cependant de soulever que ce document pose encore problème en ce
qui concerne la résorption effective de la pauvreté et sa
révision est en cours. La volonté de l'Etat bien que manifeste,
n'est toutefois pas de nature à rassurer sur sa capacité à
accroitre le pouvoir économique des femmes et même de l'ensemble
de la population, à travers la politique adoptée dans le
DSCRP.
En matière d'accès aux crédits dans les
banques et autres institutions, la femme connaît des difficultés
majeures pour accéder aux crédits. Les causes suivantes
justifient cet état de chose: le manque de garantie
matérielle : le manque d'aval d'une tierce personne ; le taux
d'intérêt excessif, c'est - à dire supérieur a un
taux de rendement des activités généralement
exploitées par la femme (petit commerce, agriculture traditionnelle,
petit élevage, etc.)
Etant donné que le crédit est un multiplicateur
des richesses, celui qui ne peut y accéder est d'office condamné
à la pauvreté. Dans le domaine de propriété
foncière, les femmes éprouvent de nombreuses difficultés
pour leur épanouissement, et ceci, à cause du manque des facteurs
de production tel que l'accès à la terre.
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