I.2.2. Les déterminants culturels
En effet, le processus de construction, de destruction et de
reconstruction des rapports selon les sexes est fonction du système des
valeurs culturelles de chaque société. La culture met en place un
système normatif qui régit le système social en ce qui
concerne le féminin et le masculin. L'espace politique, social, ou
économique n'est qu'un lieu du dévoilement de genre. Selon la
manière dont le genre est conçu en RDC, il apparaît un
système relationnel type, entre homme et femme qui détermine la
configuration sexuée de chaque espace partagé. Ce qui
nécessite un travail profond par divers acteurs impliqués dans la
promotion du genre : l'Etat, les acteurs sociaux nationaux et
internationaux, car les pratiques sociales perpétuent jusqu'à ce
jour les germes de la marginalisation et de la domination des femmes.
De manière générale, l'assignation des
rôles dans la société congolaise ou encore à travers
différents groupes sociaux passe par la socialisation, dont le processus
commence dès la naissance. Les hommes et les femmes s'adaptent à
des conduites sociales préexistantes véhiculées
principalement par la famille et relayées par l'école, l'Eglise,
les médias, etc.
Par certains comportements on peut noter le reflet de la
différenciation sexuelle dans le chef des femmes et des hommes. Le genre
conditionne dans une large mesure la participation effective des femmes au
développement. Le comportement social féminin répond
parfois aux exigences de genre pour lesquelles elles cherchent une harmonie
avec la société, en compromettant de fois leur capacité
à agir comme actrices de développement.
Les rôles à forte valeur sociale sont de
manière générale reconnus comme étant l'apanage des
hommes. Les femmes l'ont longtemps légitimé dans
différents groupes sociaux dans lesquels elles évoluent. De ce
fait, elles sont impliquées dans la construction et la sauvegarde des
normes qui les renvoient au destin de la féminité, et aux
rôles secondaires.
Au niveau culturel, il est à noter que l'instruction
des femmes est un des facteurs qui conditionnent leur statut défavorable
dans la vie sociale.
L'éducation maternelle restant plus déterminante
dans la construction de l'identité féminine, on assiste
aujourd'hui à la réutilisation des préjugés sociaux
tirés de la culture, par les femmes elles-mêmes, et les familles
congolaises. Les discours maternels maintiennent encore la femme dans un
assujettissement perpétuel à la culture du couple, de la famille,
et du groupe social d'origine. Pour la plupart des femmes interrogées,
la femme n'est pas faite pour la politique.
Le poids de la culture freine la mise en oeuvre de nouvelles
stratégies matrimoniales pour une éducation qui favoriserait la
reproduction d'une main d'oeuvre et d'une force de travail répondant
à un développement équilibré : hommes -
femmes.
Au lieu de s'inspirer des capacités individuelles, le
système éducatif traditionnel s'inspire des rôles
assignés à chacun selon le sexe, par la société,
pour asseoir l'éducation des enfants.
La neutralité dans l'éducation n'est pas encore
acquise. Elle affecte même l'orientation scolaire, alors que la
contribution au développement dans le contexte de la modernité
est tributaire du niveau d'instruction et de la compétence. Les sections
qui requièrent un peu plus d'effort physique et mental sont
considérées comme réservées aux hommes. Or, il faut
autant de femmes techniciennes, ingénieures, économistes,
politologues, etc. que d'hommes pour le décollage effectif du genre
comme approche de développement.
La majorité des femmes subissent de façon
profonde l'influence du système éducatif basé sur la
culture. Par des moyens de persuasion psychologique, la jeune
génération se soumet à des valeurs établies par la
société. La non conformité de la femme aux modèles
établis entraîne souvent des sanctions sociales à impact
psychologique.
|