I.2. LES FONDEMENTS DES DISPARITES DE GENRE EN RDC
I.2.1. Les faits de l'histoire
Le fonctionnement de genre en RDC est épisodique et
peut être classé en rapport avec l'histoire en trois
étapes : la période précoloniale, la période
coloniale et post coloniale.
Avant la colonisation, période de l'inexistence de la
structure étatique, les relations de genre sont à
considérer comme ayant été directement liées aux
différentes aires culturelles que compte la RDC. A chaque groupe social
correspondait un fonctionnement de genre. Il a existé des rapports
sociaux des sexes tissés sur le matriarcat ou sur le patriarcat. Au
Bandundu et au Bas Congo par exemple, le système matrilinéaire a
marqué les relations hommes - femmes. En outre, le type d'organisation
sociale fondée sur la royauté a eu des implications dans la
sphère de pouvoir et les femmes. Dans ces systèmes, les femmes
n'étaient pas exclues de manière absolue de la sphère de
pouvoir. Souvent elles étaient gardiennes du sacré.
Sur le plan économique, l'économie de
ménage fut au centre des activités économiques et la
grille d'activités de survie tournait autour de l'agriculture familiale,
de l'élevage, de la pêche et de la cueillette. Les femmes y
jouaient encore une fois un rôle important, mais la
différenciation sexuelle mettait toutefois la femme sous la tutelle de
l'homme.
Cette grille d'activité a subi des modifications
substantielles avec la colonisation, qui a introduit une organisation
étatique, mettant en parallèle les sphères publiques et
privées modelées sur le patriarcat. Hommes et femmes n'ont pas
été assujettis de la même façon. Les hommes ont
été cooptés en premier dans l'administration coloniale
où ils ont exercé les fonctions de greffiers, de plantons, de
commis de bureau, tandis que les femmes qui étaient
préparées à être de bonnes ménagères
étaient orientées vers l'école de monitrice,
d'infirmière et d'accoucheuse ; rôle reconnu aux femmes en
tant qu'actrices principales de la reproduction sociale.
Ceci a eu des implications sérieuses sur le
positionnement des femmes dans la sphère publique et dans les espaces
partagés hommes-femmes. Ces espaces étant dominés par le
modèle du « capital occidental ».
Après l'indépendance, la grille
d'activités économiques, politiques et sociales n'est pas
restée la même. Aux activités économiques de
subsistance pratiquées avant la colonisation se sont ajoutées les
fonctions administratives, économiques et politiques à large
spectre auxquelles les femmes ont eu un accès très limité
et pour lesquelles elles ont une faible expérience. Ce qui donne lieu
jusqu'à ce jour à une productivité
différenciée et à la domination masculine dans divers
domaines de la vie sociale.
Cette différence de rentabilité se manifeste
aussi entre différents groupes sociaux que compte la RDC. La culture
étatique de développement ou encore celle de différents
acteurs de développement affrontent les réalités locales
de différents groupes sociaux, en provoquant parfois des perturbations
sociales qui influent sur leur participation au développement ou encore
sur la jouissance effective des bénéfices qui peuvent en
découler.
Avec la modernisation, un nouveau modèle du travail
productif apparaît. Dans l'entre-temps, les femmes sont
dépossédées de leurs fonctions productrices originelles et
de ce fait, tout le processus de développement en sera retardé.
Ce retard s'observe à des degrés différents dans les
groupes sociaux féminins et dépend des coutumes dont la
variété est large et d'autres conditions préexistantes
dans différentes communautés congolaises. A l'aube de
l'indépendance, le statut de la femme est resté presque identique
à celui d'avant 1960.
C'était la pérennisation d'une
société patriarcale, dans laquelle la gestion de la chose
publique et des structures sociales était dans la plupart des cas
assurée par l'homme.
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