IV.5.3 - Importance du pois cajan en Afrique
En Afrique, le pois d'Angole est une plante de très
grande importance notamment en alimentation humaine et animale. Dans le
Nord-est de la Côte d'Ivoire, ses grains constituent pour les populations
locales, en l'occurrence les Koulango et les Abrons, un aliment de soudure
(NDABALYSHE, 1995). Elle est utilisée pour la complémentation
animale (bovins, caprins etc.), surtout en saison sèche et sert de
matériaux pour la reconstitution des pâturages dans les îles
du Cap Vert (LEPAPE, 1980). Cajanus cajan est par ailleurs
utilisé comme plante améliorante des jachères en
agroforesterie en Zambie (BOEHRINGER et CADWEL, 1989). Toujours sur le
continent, son association avec le maïs dans plusieurs programmes
d'expérimentation, a donné des résultats
intéressants. Au Malawi par exemple, le rendement du maïs,
cultivé en rotation avec le pois cajan, a accru de 2,8 kg/ha par rapport
à sa culture continue recevant 35 kg N/ ha (MACCOLL, 1989). Au Nigeria,
des études similaires ont montré une augmentation de 50% du
rendement du maïs par rapport à sa culture sans engrais (HULUGALLE
et LAL, 1986). Par ailleurs, C. cajan fait partie des plantes de
couverture les mieux adoptées au Bénin dans la lutte contre
Imperata cylindrica, en raison de l'exploitation supplémentaire de
son bois, ses graines et ses feuilles comestibles (VISSOH et
al., 2004).
CONCLUSION PARTIELLE
En somme, le pois cajan est une légumineuse de grand
intérêt aussi bien pour l'alimentation humaine, animale que pour
la pratique agricole. Le chapitre suivant fait une synthèse des rhizobia
identifiés jusqu'à ce jour comme ses symbiotes pour la fixation
azotée.
CHAPITRE V : RHIZOBIA SYMBIOTIQUES DU POIS
CAJAN
Les travaux de recherche effectués sur les
bactéries nodulant le pois d'Angole ont permis d'identifier trois genres
symbiotiques. Il s'agit premièrement du genre Rhizobium. En
effet, on a isolé Rhizobium IHP 100 des nodules de
Cajanus cajan (BENDER et al., 1986). Par l'étude du
polymorphisme de la longueur des fragments de restriction (RFLP) des
gènes de l'ARNr 16S, de l'ARNr 23S, de l'espace intra-génique
transcrit (ITS) 16S-23S amplifiés ainsi que par le
séquençage partiel de l'ARNr 16S, il a été
confirmé en Ethiopie que ce genre est effectivement symbiote du pois
cajan (WOLDE-MESKEL et al., 2004 a).
En 1988, deux espèces bactériennes du genre
Sinorhizobium (S. fredii et S. xinjiangense) furent
également identifiées comme symbiotes du pois cajan à
partir de travaux menés en Chine (CHEN et al., 1988).
Sinorhizobium fredii fut identifié à partir d'un test
d'hybridation ADN-ADN et de quelques tests physiologiques. Quant à
S. xinjiangense, il fut identifié à partir
d'une analyse numérique de 240 différents caractères (CHEN
et al., 1988).
En 1981, il a été observé que des
souches de Bradhyrizobium isolées des nodules du
niébé (Vigna sp.) au Nigeria nodulaient le pois cajan
(AHMAD et al., 1981 a, 1981 b). Par ailleurs, des travaux
plus récents ont permis de confirmer que le pois cajan est l'hôte
de certaines souches de Bradyrhizobium. La
technique du polymorphisme de la longueur des fragments de restriction de
l'ADNr 16S a été couplée à une amplification
aléatoire des fragments d'ADN digérés pour obtenir ces
résultats. Il s'agit de la souche B. spp. TAL 1039
isolée au Kenya (ABAIDOO et al., 2000) et des
souches B. spp. TAL 36 et B. spp. TAL 191 isolées au
Nigeria (ABAIDOO et al., 2000). Egalement, l'étude de la
diversité de 30 isolats de rhizobia à croissance lente nodulant
le pois d'Angole, a montré que 16 d'entre eux étaient
phylogénétiquement proches du rhizobia à croissance lente,
Bradyrhizobium elkanii, nodulant le soja (RAMSUBHAG et al.,
2002). L'analyse numérique de 80 traits phénotypiques et le
séquençage partiel de l'ARNr 16S ont permis d'aboutir à
ces résultats. Toutefois, seulement 3 de ces 16 isolats ont
été capables de noduler le soja. Enfin, la PCR-RLFP du
gène de l'ARNr 16S et 23S, de l'ITS 16S-23S ainsi que le
séquençage partiel de l'ARNr 16S ont permis d'identifier
Bradyrhizobium japonicum comme symbiote de Cajanus cajan
(WOLDE-MESKEL et al., 2004 a).
En somme, l'émergence de techniques moléculaires
d'identification telles que la PCR-RFLP et le séquençage de
l'ADNr 16S, ont permis ces dernières années de mieux explorer la
diversité génétique des rhizobia symbiotes du pois cajan
à travers le monde.
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