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Le féminisme islamique: l'islam "au féminin"-dessous sociologiques et historiques d'un mouvement féministe pour une nouvelle lecture du Coran.

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par Nejwa El Kettab
Université de Picardie Jules Verne - Master 1 recherche sociologie 2012
  

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Révolution iranienne et instauration de la république islamique:

Avec la révolution iranienne de 1979, l'arrivée de Khomeini diminue considérablement le droit des femmes à cause du conservatisme religieux. Cette république islamique privilégie la restriction de la place des femmes à l'espace privé. Une des premières modifications du droit des femmes s'illustre par l'abrogation de la loi sur la protection de la famille, favorable aux femmes, votée a l'époque du Shah. Le port du hijab devient obligatoire, les femmes sont désormais soumises à la Charia, elles sont écartées de toutes les hautes fonctions publiques, l'âge du mariage est reculé à celui de 9 ans et ce gouvernement met en place une ségrégation spatiale52; on assiste ainsi à l'annulation de tous les acquis sociaux pour les droits des femmes sous la dynastie des Pahlavi.

Mort de Khomeini et reprise du militantisme féminin:

Les revendications de la société civile recommencent a s'exprimer de manière assez notable, particulièrement celles des femmes a qui l'État peut difficilement refuser de reconnaître la participation a la révolution, a la guerre, et l'implication dans la bonne marche du pays alors que la majorité des hommes étaient au front (à la guerre opposant l'Iran à l'Irak). Ceci dit les dirigeants qui ont suivit Khomeini reste religieux dans leur discours et privilégient toujours la limitation du rôle des femmes dans le cadre privé. C'est ce qui entraina l'émergence de groupement de femmes instruites qui critique cette position qu'elles ont longtemps combattues. Il existe à l'heure actuelle 3 types de militantisme féminin en Iran : Les musulmanes traditionalistes (issues de la classe moyenne traditionnelle ou des familles cléricales ) elles prônent un retour à la vie active mais dans les limites imposées par la charia et dans la séparation avec les hommes; les musulmanes modernistes (originaires de la classe moyenne traditionnelle mais instruites et actives) elles veulent l'amélioration de la condition des femmes et leur insertion dans la sphère publique et politique, une émancipation de la femme fondé sur une réinterprétation des textes religieux. Ce courant tire sa force du journal Zanan de Shahla Sherkat. Shahla fait donc partie de ce mouvement moderniste et religieux à la fois. Puis il y a les modernistes laïgues (issues pour la plupart de la classe moyenne moderne, très instruites suite aux changements amenés par les Pahlavi). Elles revendiquent une séparation du religieux et de l'État et ne prennent pas en compte la charia dans leur militantisme.

52 Par exemple:ségrégation dans les bus (femmes à l'arrière et hommes à l'avant)

Si nous revenons sur le parcours de Shehla Sherkat on remarque donc qu'elle s'inscrit dans une tradition de militantisme propre à l'Iran et son discours est un appel qui vise à reformer l'esprit citoyen de son peuple pour la justice et la démocratie. Après l'interdiction de publication de son journal, accusée de peindre une image négative de la situation de la femme en Iran elle continu à militer à travers des sites internet, des conférences et encourage l'action politique féminine en Iran et dans les pays musulmans.

«A l'instar du feu sous la cendre, ces mêmes femmes simples, ordinaires, qui étaient négligées par les intellectuels à l'époque du Chah, ce sont elles qui, aujourd'hui, incarnent le mouvement. Étant sorties de quatre murs de leur maison à la faveur de la révolution, elles ont commencé à se rencontrer et à se raconter dans les files de ravitaillement et ont enfin compris qu'elles ont une histoire, qu'elles sont l'histoire. »53; c'est dans cet état d'esprit que Shahla considère les mouvements féministes en Iran , dont elle rappelle le rôle essentiel qu'ils ont joué dans la révolution et durant la guerre opposant l'Iran à l'Irak, comme le reflet d'un renouveau islamique juste et authentique. Au delà de la lutte féministe pour l'émancipation de la femme, c'est un militantisme nationaliste pour des meilleures perspectives d'avenir en terme politique et civique en Iran. La spécificité des mouvements féministes islamiques ainsi que les militantes musulmanes s'exprime par la multiplicité des terrains de revendications dans la mesure où ce sont des luttes qui touchent plusieurs sphères de la vie politique et sociale. C'est en ce sens que l'on peut affirmer que ce ne sont pas seulement des luttes féministes mais aussi d'ordre nationalistes, politiques et idéologiques.

On peut penser que l'aspect multidimensionnel de ce type d'engagement est lié au fait qu'il est fondé sur une nouvelle lecture de l'islam, en effet l'islam étant une religion qui régit l'ensemble du fonctionnement social et politique de la communauté, il est donc logique que ces discours réformistes visent plusieurs domaines de la vie politique et sociale.

Dans un entretien paru dans le Figaro publié en Juin 2009, Shahla Sherkat déclare : « Zanan a jeté les fondements d'un féminisme iranien, non calqué sur l'Occident. Nous avons interviewé des ayatollahs progressistes, qui prônent une relecture moderne de l'Islam et l'égalité entre les hommes et les femmes. » ; Shahla déclare lutter contre des traditions archaïques instaurées par le régime de Khomeini qui voit en la femme uniquement une « mère ou une épouse ». Malgré les forces rétrogrades en Iran et leur haute surveillance de ces groupes féministes, ces femmes ont arraché malgré tout des victoires54.

53 <<Zanan: le journal de l'autre Iran » Shahla Sherkat , Editions CNRS- 2009

54 << le recul des députés conservateurs qui souhaitaient rétablir la polygamie et une réforme de la loi sur

l'héritage, qui permet désormais aux veuves d'hériter des terres de leur mari » Être féministe en Iran- Le figaro

Malgré son arrestation et la fermeture de son journal, Shahla reste confiante :« Quand le magazine a fermé, toute mon équipe pleurait. Pas moi. Je les consolais. Je suis une optimiste farouche »55; elle soutient activement le candidat réformiste Mohammad Khatami en espérant relancer un autre magazine à travers lequel les femmes iraniennes pourront s'exprimer.

Cette militante dont le parcours fut périlleux et semé d'embuches voit en sa lutte un combat légitime et sacré, car ses motivations consistent à transformer ce qu'on a fait passer comme étant « l'Islam » en le replaçant sur la voie d'un message coranique portant sur l'égalité des sexes et la justice social.

Ce parcours nous illustre les difficultés auxquels est confronté ce type de positions en terre d'Islam; les consciences politiques et collectives rejettent une association entre féminisme et Islam. De plus la dichotomie entre Orient et Occident qui sont des catégories construites, constitue un frein à l'émancipation de ces femmes dont la posture est vue comme une « trahison » aux valeurs islamiques puisque « occidentalisées»; ceci malgré une légitimité qu'elles revendiquent par leur attachement aux écrits religieux.

55 Ibid.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo