Les revendications de la société civile
recommencent a s'exprimer de manière assez notable,
particulièrement celles des femmes a qui l'État peut
difficilement refuser de reconnaître la participation a la
révolution, a la guerre, et l'implication dans la bonne marche du pays
alors que la majorité des hommes étaient au front (à la
guerre opposant l'Iran à l'Irak). Ceci dit les dirigeants qui ont suivit
Khomeini reste religieux dans leur discours et privilégient toujours la
limitation du rôle des femmes dans le cadre privé. C'est ce qui
entraina l'émergence de groupement de femmes instruites qui critique
cette position qu'elles ont longtemps combattues. Il existe à l'heure
actuelle 3 types de militantisme féminin en Iran : Les
musulmanes traditionalistes (issues de la classe moyenne
traditionnelle ou des familles cléricales ) elles prônent un
retour à la vie active mais dans les limites imposées par la
charia et dans la séparation avec les hommes; les musulmanes
modernistes (originaires de la classe moyenne traditionnelle mais
instruites et actives) elles veulent l'amélioration de la condition des
femmes et leur insertion dans la sphère publique et politique, une
émancipation de la femme fondé sur une
réinterprétation des textes religieux. Ce courant tire sa force
du journal Zanan de Shahla Sherkat. Shahla fait donc partie de ce mouvement
moderniste et religieux à la fois. Puis il y a les
modernistes laïgues (issues pour la plupart de
la classe moyenne moderne, très instruites suite aux changements
amenés par les Pahlavi). Elles revendiquent une séparation du
religieux et de l'État et ne prennent pas en compte la charia dans leur
militantisme.
52 Par exemple:ségrégation dans les bus (femmes
à l'arrière et hommes à l'avant)
Si nous revenons sur le parcours de Shehla Sherkat on
remarque donc qu'elle s'inscrit dans une tradition de militantisme propre
à l'Iran et son discours est un appel qui vise à reformer
l'esprit citoyen de son peuple pour la justice et la démocratie.
Après l'interdiction de publication de son journal, accusée de
peindre une image négative de la situation de la femme en Iran elle
continu à militer à travers des sites internet, des
conférences et encourage l'action politique féminine en Iran et
dans les pays musulmans.
«A l'instar du feu sous la cendre, ces mêmes
femmes simples, ordinaires, qui étaient négligées par les
intellectuels à l'époque du Chah, ce sont elles qui, aujourd'hui,
incarnent le mouvement. Étant sorties de quatre murs de leur maison
à la faveur de la révolution, elles ont commencé à
se rencontrer et à se raconter dans les files de ravitaillement et ont
enfin compris qu'elles ont une histoire, qu'elles sont l'histoire. »53;
c'est dans cet état d'esprit que Shahla considère les
mouvements féministes en Iran , dont elle rappelle le rôle
essentiel qu'ils ont joué dans la révolution et durant la guerre
opposant l'Iran à l'Irak, comme le reflet d'un renouveau islamique juste
et authentique. Au delà de la lutte féministe pour
l'émancipation de la femme, c'est un militantisme nationaliste pour des
meilleures perspectives d'avenir en terme politique et civique en Iran. La
spécificité des mouvements féministes islamiques ainsi que
les militantes musulmanes s'exprime par la multiplicité des terrains de
revendications dans la mesure où ce sont des luttes qui touchent
plusieurs sphères de la vie politique et sociale. C'est en ce sens que
l'on peut affirmer que ce ne sont pas seulement des luttes féministes
mais aussi d'ordre nationalistes, politiques et idéologiques.
On peut penser que l'aspect multidimensionnel de ce type
d'engagement est lié au fait qu'il est fondé sur une nouvelle
lecture de l'islam, en effet l'islam étant une religion qui régit
l'ensemble du fonctionnement social et politique de la communauté, il
est donc logique que ces discours réformistes visent plusieurs domaines
de la vie politique et sociale.
Dans un entretien paru dans le Figaro publié en Juin
2009, Shahla Sherkat déclare : « Zanan a jeté les fondements
d'un féminisme iranien, non calqué sur l'Occident. Nous avons
interviewé des ayatollahs progressistes, qui prônent une relecture
moderne de l'Islam et l'égalité entre les hommes et les femmes.
» ; Shahla déclare lutter contre des traditions archaïques
instaurées par le régime de Khomeini qui voit en la femme
uniquement une « mère ou une épouse ». Malgré
les forces rétrogrades en Iran et leur haute surveillance de ces groupes
féministes, ces femmes ont arraché malgré tout des
victoires54.
53 <<Zanan: le journal de l'autre Iran » Shahla
Sherkat , Editions CNRS- 2009
54 << le recul des députés conservateurs qui
souhaitaient rétablir la polygamie et une réforme de la loi
sur
l'héritage, qui permet désormais aux veuves
d'hériter des terres de leur mari » Être féministe
en Iran- Le figaro
Malgré son arrestation et la fermeture de son journal,
Shahla reste confiante :« Quand le magazine a fermé, toute mon
équipe pleurait. Pas moi. Je les consolais. Je suis une optimiste
farouche »55; elle soutient activement le candidat réformiste
Mohammad Khatami en espérant relancer un autre magazine à travers
lequel les femmes iraniennes pourront s'exprimer.
Cette militante dont le parcours fut périlleux et
semé d'embuches voit en sa lutte un combat légitime et
sacré, car ses motivations consistent à transformer ce qu'on a
fait passer comme étant « l'Islam » en le replaçant sur
la voie d'un message coranique portant sur l'égalité des sexes et
la justice social.
Ce parcours nous illustre les difficultés auxquels est
confronté ce type de positions en terre d'Islam; les consciences
politiques et collectives rejettent une association entre féminisme et
Islam. De plus la dichotomie entre Orient et Occident qui sont des
catégories construites, constitue un frein à
l'émancipation de ces femmes dont la posture est vue comme une «
trahison » aux valeurs islamiques puisque «
occidentalisées»; ceci malgré une légitimité
qu'elles revendiquent par leur attachement aux écrits religieux.
55 Ibid.