Shahla Sherkat
Shahla Sherkat est la fondatrice de la revue féministe
iranienne « Zanan » en 1992, interdite de publication aujourd'hui.
Née en 1956 en Iran, elle est à la tête d'un des premiers
mouvements féministes fort en Iran. Son engagement actif durant la
Révolution iranienne de 1979, cette militante a su éveiller les
consciences iranienne sur divers problématiques concernant la condition
féminine en Iran mais aussi d'un point de vu politique pour de nouvelles
réformes.
Libre et audacieuse, Shahla Sherkat a su continuer son combat
malgré plusieurs interpellations en Iran et une arrestation de quatre
mois en 2001 suite à son intervention dans une conférence
à Berlin dans laquelle elle a prononcé un discours sur les maux
sociaux et l'avenir politique en Iran. L'édition de sa revue Zanan fait
d'elle une des pionnières du mouvement de libération
iranienne.
Elle a entrepris des études de psychologie à
l'Université de Téhéran et a obtenue un certificat en
journalisme de l'Institut Keyhan (Téhéran). Depuis 2002, elle
étudie afin d'obtenir sa maîtrise en études
féminines à l'université Allameh Tabatabai. En 2005, elle
a également obtenue deux prix pour son engagement avant gardiste:«
Louis Lyons Award, The Nieman Foundation for Journalism » ainsi que «
The Courage in Journalism Award » à l'université d
'Harvard.
Le militantisme féminin en Iran a connue un essor
considérable au cours des révolutions politiques durant lesquels
ces mouvements ont joué un rôle important dans
l'amélioration des conditions féminines.
Pour comprendre l'enjeu et la portée de l'engagement de
cette féministe iranienne, il serait judicieux de faire un bref rappel
historique de l'évolution de la condition féminine en Iran:
De 1931 a 1979: Acquisition des droits politiques et
civiques des femmes:
C'est sous le régne des Pahlavi49 que la
condition féminine en Iran a connu les améliorations les plus
considérables. Fondé sur la Charia50 , l'institution
juridique avait mis en place un ensemble de lois visant a promouvoir les droits
de la femme et lui garantir une certaine autonomie.
· Age légal du mariage des femmes fixé
à 18 ans en 1973 ( au lieu de 9 ans)
· Droit au vote et de l'éligibilité
accordé en 1963.
· Une loi de la protection de la famille renfermant des
règles relatives au divorce, à la polygamie, au droit à
l'héritage,... afin de garantir une justice au sein de l'institution
familiale.
· Fondation de l'OFI (Organisation des femmes
iraniennes) en 1964 par la princesse Ashraf Pahvali51. Cette
organisation réunit divers organismes qui s'occupent de confort
familial, de protection des enfants, de formation professionnelle, de planning
familial et de conseil juridique.
· D'autres lois suivent ensuite, visant à faciliter
l'accès des femmes aux fonctions jusque là
réservées aux hommes (notamment dans le domaine juridique).
Dans ce contexte où le port du foulard était
interdit, les femmes constituaient 30% des étudiants de
l'Université de Téhéran et elles entrèrent
activement dans la sphère publique et politique. Cependant ces
avancées ne concernent que les femmes urbaines, les femmes rurales
étant peu éduquées ont même vu leur situation se
dégrader du fait de la montée de la modernisation et donc de
l'appauvrissement des zones rurales. La situation des femmes et leurs
engagements étaient intimement liés à la politique de
l'Iran, elle y joue un rôle déterminant dans la mise en oeuvre de
ces avancées. Ainsi la condition féminine iranienne est le reflet
du type de pouvoir en place dans cette nation qui a connue beaucoup de
bouleversements politiques.
49 La dynastie Pahlavi est la dernière dynastie iranienne
avant l'avènement de la république islamique.
50 Droit islamique
51 Née le 26 Octobre 1919 à Téhéran,
c'est la soeur jumelle de Mohammad Reza Pahvali, le dernier Shah
de la dynastie Pahvali d'Iran.
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