De nos résultats, nous pouvons tirer beaucoup
d'enseignements. D'abord, il reste évident que les dispositifs
d'apprentissage ne font pas l'unanimité quant à leur
efficacité même si certains en ont une perception pas tout
à fait négative. Si l'un des enjeux majeurs pour une formation
réussie se trouve dans le modèle pédagogique
adopté, il serait intéressant à notre avis, de repenser
ceux qui sont de mise en formation initiale des inspecteurs. Les deux
modèles les plus visibles relèvent des pratiques d'enseignement
magistral avec le cours et les explications du formateur d'une part, et d'autre
part, des pratiques permettant aux stagiaires de construire leurs savoirs et
leurs compétences en agissant dans des situations porteuses de sens. Le
plan de formation, quoique pertinent, exige un type de formateurs conscients de
toute la difficulté à former de futurs cadres dont les
expériences aussi riches que variées ne peuvent plus être
mises sous le boisseau.
Chez les stagiaires, les opinions sont partagées par
rapport aux modèles pédagogiques à adopter. Cela traduit
l'orientation à une dynamique de complémentarité possible
entre les deux conceptions. En effet, il est difficile de dévier
certains formateurs de leurs choix car chacun sait ce qui motive son choix,
consciemment ou inconsciemment.
Une chose demeure : certaine un bon dispositif de formation
renvoie à une vision globale, à une approche «
système » et ne peut bien se traiter qu'en respectant certaines
conditions préalables, à savoir la prise en compte des dimensions
pédagogiques, sociologiques et organisationnelles.
Entre autres enseignements, les résultats montrent que
les stagiaires sont plus motivés pour les cours interactifs. Même
s'il reste vrai que dans la formation, le cours magistral trouve quelques
adeptes, nous pensons qu'il faut surtout éviter le risque qu'il
génère des façons de faire chez le formateur qui induisent
des réactions de rejet de la part des stagiaires.
Ainsi le formateur doit-il mesurer l'impact de la relation
pédagogique qu'il établit avec les apprenants et les
méthodes pédagogiques qu'il choisit pour dérouler son plan
de cours. Il n'a pas affaire à un enfant mais à un adulte qui a
des motivations très ciblées et très pragmatiques. Ne pas
en tenir compte signifierait échouer à l'avance toute tentative
de formation.
Les résultats ont aussi fait apparaître que
l'échange social est un déclencheur de l'apprentissage. Ces
échanges ou plus précisément interactions sont
jugés insuffisants par les stagiaires dans les cadres institutionnels de
formation. C'est pourquoi, hors des cadres institutionnels la motivation
à interagir s'est accrue.
Nous sommes convaincu que si les stagiaires s'investissent
dans ce nouveau type d'apprentissage non formalisé, c'est parce qu'ils
en perçoivent la valeur ajoutée en termes des compétences
professionnelles.
Les sentiments anxiogènes qui les habitent en situation
d'apprentissage les empêchant de se déployer convenablement
résultent de la distance pédagogique qu'ils perçoivent
entre eux et les formateurs.
Les formateurs doivent en effet analyser plus finement la
spécificité de la formation des inspecteurs afin d'adapter les
postures et les méthodes pédagogiques à ce type
d'apprenant. Du fait des parcours différents des stagiaires, il se forme
en réalité des groupes hétérogènes avec des
savoirs et des expériences divers. Dès lors, leur apprentissage
s'appuie sur des réalités concrètes qui demandent de la
part des formateurs l'établissement d'un climat de confiance au sein
d'eux.
L'attitude positive des stagiaires envers les interactions
« adidactiques » doit inspirer les formateurs à faire des
interactions et des échanges de pratiques, les points forts de la
formation.