1.2- Les
importations
En 2004, les importations d'origine chinoise concernent
principalement les produits alimentaires (avec 47% du total des importations
d'origine chinoise) et les machines et matériels de transport (avec
39%). Il faut relever que les produits alimentaires et animaux dont il est
question renferment essentiellement le thé et les céréales
(riz). Quant aux machines et matériels de transport, il s'agit
essentiellement des motocyclettes. Cependant, les produits alimentaires et
animaux vivants d'origine chinoise ne représentent que 4% du total des
importations du Tchad en ces produits. Pour ce qui est des machines et
matériels de transport, la Chine ne représente que 1%. Le tableau
8 ci-dessous donne les dix premiers postes des importations du Tchad provenant
de la Chine pour l'année 2004.
La structure des importations de produits d'origine chinoise
s'est profondément modifiée en 2005. Les machines et
matériels de transport deviennent prédominants dans les
importations tchadiennes d'origine chinoise (52%), suivis des articles
manufacturés classés principalement d'après la
matière (26%, dominés par les articles en fer et acier
utilisés dans les bâtiments et travaux publics), les produits
alimentaires et animaux vivants n'arrivent plus qu'en troisième position
(13%). Mais, une fois encore la part de la Chine dans les importations
tchadiennes en qui concerne ces différents produits reste minime (3%
pour les machines et matériels de transport ainsi que pour les articles
manufacturés, classés principalement d'après la
matière). Le tableau 9 ci-dessous donne les dix premiers postes des
importations du Tchad d'origine chinoise pour l'année 2005.
Tableau 8 : Les dix premiers postes des
importations tchadiennes d'origine chinoise en 2004
|
Produits
|
Valeur (en milliers de dollars)
|
Part (%) du produit
dans les importations
d'origine chinoise
|
1
|
Café, thé, épices et produits
dérivés
|
2 142,92
|
37,9
|
2
|
Machines et appareils électriques, et leurs parties et
pièces détachées électriques (y compris les
équivalents non électriques, de machines et appareils
électriques à usage domestique
|
1 718,88
|
30,4
|
3
|
Céréales et préparations à base de
céréales
|
581,66
|
10,3
|
4
|
Produits chimiques organiques
|
297,11
|
5,3
|
5
|
Instruments et appareils professionnels, scientifiques et de
contrôle,
|
208,45
|
3,7
|
6
|
Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique
de l'information
|
205,51
|
3,6
|
7
|
Machines et appareils industriels d'application
générale, et parties et pièces détachées,
de
machines, d'appareils et d'engins
|
183,98
|
3,3
|
8
|
Véhicules routiers (y compris les véhicules
à coussin d'air)
|
121,16
|
2,1
|
9
|
Caoutchouc manufacturé
|
95,41
|
1,7
|
10
|
Fer et acier
|
95,05
|
1,7
|
Source des données : INSEED
Tableau 9 : Les dix premiers postes des importations
tchadiennes d'origine chinoise en 2005.
|
Produits
|
Valeur
(en milliers
de dollars)
|
Part (%) du produit
dans les importations
d'origine chinoise
|
1
|
Huiles et graisses animales ou végétales,
préparées; cires d'origine animale ou végétale;
mélanges ou préparations non alimentaires de graisses ou d'huiles
animales ou végétales,
|
4 513,18
|
40
|
2
|
Engrais bruts, autres que ceux de la division 56, et
minéraux bruts (à l'exclusion du charbon, du pétrole et
des pierres précieuses)
|
2 710,68
|
24
|
3
|
Huiles et graisses d'origine animale
|
613,45
|
5,4
|
4
|
Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique
de l'information
|
554,13
|
5
|
5
|
Véhicules routiers (y compris les véhicules
à coussin d'air)
|
551,83
|
5
|
6
|
Produits chimiques inorganiques
|
514,02
|
4
|
7
|
Matières plastiques sous formes primaires
|
494,20
|
4,3
|
8
|
Instruments et appareils professionnels, scientifiques et de
contrôle
|
489,02
|
4,3
|
9
|
Houilles, cokes et briquettes
|
437,53
|
4
|
10
|
Produits pour teinture et tannage et colorants
|
436,24
|
4
|
Source des données : INSEED
Selon les données disponibles fournies par l'INSEED
(2006 et 2007), les importations d'origine chinoise ont plus doublé en
un an passant de 6 045 711 dollars en 2004 à 12 574 333 dollars en
2005. Les tableaux 10 et 11 ci-dessous donnent des informations sur la part de
la Chine dans les importations du Tchad pour les années 2004 et 2005
respectivement. Sur ces tableaux, est donné pour chaque groupe de
produits, le montant en milliers de dollars ainsi que la part chinoise dans les
importations du produit par le Tchad.
Tableau 10: Part des produits d'origine chinoise dans
les importations du Tchad en 2004.
|
Groupes de produits
|
Chine
(en milliers de
dollars)
|
Total
(en milliers de dollars)
|
Part de la Chine (en % du total)
|
1
|
Produits alimentaires et animaux vivants
|
2 834,18
|
72 896,26
|
4
|
2
|
Boissons et tabacs
|
0,45
|
22 213,88
|
0
|
3
|
Matières brutes non comestibles à l'exception des
carburants
|
0,00
|
25 561,17
|
0
|
4
|
Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
|
2,61
|
106 448,90
|
0
|
5
|
Huiles, graisses et cires d'origine animale et
végétale
|
0,00
|
1 548,53
|
0
|
6
|
Produits chimiques et produits connexes,
|
304,49
|
67 920,76
|
0
|
7
|
Articles manufacturés classés principalement
d'après la matière
|
258,16
|
93 417,90
|
0
|
8
|
Machines et matériels de transport
|
2 356,58
|
179 692,49
|
1
|
9
|
Articles manufacturés divers
|
289,23
|
35 701,18
|
1
|
Note : Le taux de change moyen FCFA/$US de 2005 utilisé
pour les conversions est celui de la Banque de
Etats de l'Afrique Centrale (527,6).Source des données :
INSEED
Tableau 11 : Part des produits d'origine chinoise
dans les importations du Tchad en 2005.
Groupes de produits
|
Chine
(en milliers de
dollars)
|
Total
(en milliers de dollars)
|
Part de la Chine (en % du total)
|
Produits alimentaires et animaux vivants
|
1594,97
|
102739,57
|
2
|
Boissons et tabacs
|
0,00
|
32912,83
|
0
|
Matières brutes non comestibles à l'exception des
carburants
|
0,00
|
21848,82
|
0
|
Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
|
4,28
|
137639,38
|
0
|
Huiles, graisses et cires d'origine animale et
végétale
|
0,00
|
3602,60
|
0
|
Produits chimiques et produits connexes,
|
437,15
|
96395,09
|
0
|
Articles manufacturés classés principalement
d'après la matière
|
3254,88
|
123164,10
|
3
|
Machines et matériels de transport
|
6558,07
|
255397,88
|
3
|
Articles manufacturés divers
|
840,90
|
45239,05
|
2
|
Note : Le taux de change moyen FCFA/$US de 2005 utilisé
pour les conversions est celui de la Banque des Etats
de l'Afrique Centrale (526,5).
Source : INSEED
Globalement, les importations de produits d'origine chinoise
ne constituent encore qu'une très petite part des importations totales
du Tchad. De 1% en 2004, la part de la Chine dans les importations du Tchad est
passée à environ 2% en 2005, en 2006 les importations
étaient de 15 958 millions de FCFA soit 3%. Selon les sources
nationales et le rapport The Central Intelligence Agency (CIA) la Chine
occupe la troisième place dans les importations du Tchad avec 9,8% en
2008 (tableau 12).
Vu du Tchad, le solde bilatéral entre la Chine et le
Tchad est largement déficitaire pour ce dernier, puisque, comme nous
l'avons signalé plus haut dans cette section, il n'existe pas
d'exportations à destination de la Chine selon les sources nationales.
Cependant, selon Chaponnière (2006), le solde bilatéral du Tchad
avec la Chine a atteint 13% du PIB tchadien, ce qui est à remettre une
fois de plus sur le compte des réexportations.
Tableau 12 : L'évolution
des importations chinoises au Tchad (en milliers de dollars)
Année
|
Part de la chine
|
Total des importations
|
%
|
2004
|
6 045,70
|
605 401,07
|
1%
|
2005
|
12 690,25
|
818 939,32
|
2%
|
2006
|
15 958
|
556 820
|
3%
|
2008
|
|
|
9.8%
|
Source des données : INSEED et The Central Intelligence
Agency (CIA)
Le tableau 13 ci-dessous présente les
bénéficiaires et les perdants des relations commerciales entre le
Tchad et la Chine. Le quadrant en haut à gauche présente comme
bénéficiaires mais potentiels perdants les producteurs locaux,
notamment ceux des PME/PMI. Ils gagnent en acquérant des inputs à
bas coût provenant de la Chine mais ne peuvent faire concurrence avec les
bas prix des produits chinois sur le marché. Le cas typique est celui de
la Cyclo-Tchad, entreprise spécialisée dans la construction de
bicyclettes qui est finalement en régression malgré le prix
favorable des tuyaux et autres pièces utilisés dans le montage
des bicyclettes. Ainsi, les producteurs ont un statut de perdants à long
terme à moins que le gouvernement tchadien n'encourage les producteurs
chinois à la création de joint-ventures avec leurs homologues
tchadiens.
Les grands perdants des relations commerciales
sino-tchadiennes sont présentés dans le quadrant en bas à
gauche. Ce sont les travailleurs locaux et les syndicats. En effet,
l'accroissement des importations de produits d'origine chinoise est synonyme
d'opportunités croissantes d'emploi en Chine, ce qui est
équivalent à des pertes d'emploi au Tchad, à moins que les
produits concernés ne soient pas du tout produits localement.
Tableau 13 : Classification des groupes
de bénéficiaires et de perdants des échanges commerciaux
du Tchad avec la Chine
|
Bénéficiaires
|
|
Perdants
|
Producteurs locaux
|
. Commerçants
. Consommateurs
. Exportateurs chinois
. Gouvernement
|
|
Travailleurs locaux
Syndicats
|
|
Source : nous même
Le cadrant en haut à droite présente les
bénéficiaires du commerce entre le Tchad et la Chine. Grâce
aux bas prix des produits chinois, les consommateurs tchadiens ont accès
à des produits qui leur était difficile d'acquérir il y a
encore quelque années (téléphones cellulaires,
télévisions, ordinateurs, le Générateur...). Les
commerçants bénéficieront de la potentielle croissance de
la demande de la part des consommateurs qui se retrouveront avec beaucoup plus
d'argent à dépenser. Avec la croissance de leurs exportations
vers le Tchad, les exportateurs chinois sont aussi des
bénéficiaires. Le gouvernement tchadien gagne à partir des
taxes et droits de douanes qui croissent et à partir de la satisfaction
occasionnée par le bénéfice des ménages. Une
potentielle perte du Gouvernement pourrait provenir de la baisse des
impôts sur les entreprises et les salaires s'il y a faillite des
entreprises tchadiennes à cause de la concurrence chinoise.
En somme, il ressort indiscutablement que le commerce entre la
Chine et le Tchad prend un tournant décisif à partir de ces
dernières années avec une consolidation des échanges entre
les deux pays. Le commerce bilatéral évolue de manière
exponentielle pour la Chine qui en la matière devient le
véritable partenaire du Tchad. En faisant un rapprochement des
importations et exportations du Tchad à l'endroit de la Chine, la
dépendance en ce qui concerne le Tchad paraît plus nette. Cette
situation joue négativement sur le la balance commerciale du Tchad.
Ainsi, le commerce sino-tchadien est une lame à double
tranchant, car le Tchad arrive certes à gagner de nouveaux
marchés, à saisir des opportunités dans le cadre du
processus de mondialisation, à satisfaire le bien-être de sa
population et à relancer sa croissance. Mais, en sens inverse, les
importations chinoises qui provoquent la disparition des pans entiers de
l'économie et engendrent le chômage, tuent en partie les
initiatives économiques du pays.
|
|