3- Les effets de
liaison
La notion d'une croissance fondée sur l'exportation
suppose en effet une stimulation pour d'autres secteurs d'activités
apparemment stagnants. En occurrence, l'industrie textile peut permettre
d'illustrer dans le cas sa création d'une demande suffisante pour un
facteur de production (coton ou colorant). Ce qui permettra de stimuler la
production nationale de celle-ci. Hirschman (1958) nomme cet effet de
stimulation par l'expression « liaison en
amont »
Les liaisons en amont sont particulièrement efficaces
quand le secteur d'activité bénéficiaire atteint une
dimension telle que les industries qui l'approvisionnent peuvent
réaliser leurs propres économies d'échelle. Cela permettra
de réduire leurs coûts de production et d'augmenter leur
compétitivité sur le marché interne, voire à
l'exportation. Trois conditions peuvent favoriser ce type de liaison :
- La production devra, au départ, s'effectuer dans
de petites unités faisant appel à des techniques simples, ce qui
donnera à l'industrie d'équipement naissante la
possibilité de maîtriser les techniques de fabrications et
d'apprendre le métier par production répétitive ;
- L'industrie exportatrice devra connaitre une croissance
régulière au fil des années, ce qui ouvrira à ses
fournisseurs les perspectives d'un marché constant ;
- De plus, elle devra posséder une dimension suffisante
pour permettre aux fabricants de matériel de réaliser en fin de
compte des économies d'échelle.
Ces conditions peuvent l'être dans plusieurs
activités agricoles mais ce n'est généralement pas le cas
du secteur minier.
Les secteurs d'exportations des produits primaires peuvent
également encourager dans le pays, l'essor des entreprises et du
personnel qualifié. La liaison peut être aussi fiscale.
La liaison fiscale offre de meilleur exemple dans les secteurs
pétrolier (cas du Tchad) et minier ainsi que pour certaines cultures
agricoles traditionnelles. Les pouvoirs publics peuvent s'accaparer sous forme
de taxes ou dividendes, une proportion important de rente tirée de ces
exportations et affecter les recettes au financement du développement
d'autres secteurs.
A l'évidence, le gouvernement qui
bénéficie de ce type de revenus est en meilleure posture que
celui qui n'en a pas. Mais l'efficacité avec laquelle ces recettes
stimulent un développement autonome du reste de l'économie
dépend, au plus haut point des types de programme et d'intervention
entrepris par les pouvoirs publics (Baldwin, 1966).
Mais tous ses effets positifs citer ci-dessus ne se fait pas
sentir au niveau des principaux indicateurs de croissance économique du
Tchad. Le PIB du Tchad n'a augmenté que de 0,2% en 2008 en raison de la
performance médiocre du secteur pétrolier et des conflits
persistants entre les forces gouvernementales et les groupes de rebelles. Le
fléchissement de la demande et des cours mondiaux de pétrole ont
conduit à une récession en 2009 qui pourrait se résorber
en 2010.
Le Tchad a engagé un processus de privatisation afin
d'améliorer l'ensemble de son économie. Ainsi en 2008, le Tchad a
adopté avec le FMI une nouvelle Stratégie nationale de
réduction de la pauvreté (SNRP II), établissant un
programme de réformes structurelles pour 2008-11. L'accent est mis sur
une politique fiscale soutenable et une dépense raisonnée des
revenus pétroliers pour promouvoir la diversification
économique.
Le Tchad est un des pays les plus pauvres du monde.
L'espérance de vie à la naissance est de 51 ans seulement, la
malnutrition touche un tiers des enfants de moins de 5 ans, le niveau
d'éducation est faible. Aux trois-quarts rural, supportant de fortes
disparités de développement entre les villes et les campagnes, le
Tchad est un pays aux déficiences structurelles réelles. La
faiblesse de son PIB par habitant et de son IDH (170ème/179)
vérifie l'hypothèse d'une économie fragile.
Tableau 6 : Les indicateurs de la croissance du
Tchad
Indicateurs de croissance
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
PIB (milliards USD)
|
8,39
|
6,85
|
7,98e
|
8,47
|
9,11e
|
PIB (croissance annuelle en %, prix constant)
|
-0,4
|
-1,6e
|
4,4
|
3,9e
|
5,5e
|
PIB par habitant (USD)
|
862
|
687e
|
780
|
809
|
848
|
Taux d'inflation (%)
|
8,3
|
10,1
|
6,0
|
3,0e
|
3,0e
|
Balance des transactions courantes (en % du PIB)
|
-13,7e
|
-32,5
|
-29,7e
|
-26,3
|
-7,4e
|
Source : FMI - World Economic Outlook Database (pour plus de
détail voir annexe 7)
Note : (e) Donnée estimé
Il était question pour nous dans ce chapitre de
présenter les effets de la coopération du Tchad avec ses
partenaires. Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au Tchad, il
en résulte qu'il est soumis traditionnellement à la logique de la
répartition sectorielle des branches d'activité où le
secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure
des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est
resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet
d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière
de l'économie tchadienne dont l'exportation a changé ce
schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole acquiert une
primauté dans les postes d'exportation, comptant désormais pour
près de 90% des recettes d'exportation. De plus, les importations ont vu
leur rythme évoluer surtout pendant la phase d'installation sur le sol
tchadien des sociétés pétrolières et des
différents partenaires. Il est vrai que le pétrole tchadien a
contribué à adopter une nouvelle lecture du commerce
extérieur, mais ne perdons pas surtout de vue le fait que le commerce
extérieur tchadien rencontre des difficultés depuis quelques
années. Il s'avère primordial d'adapter des politiques tant
préventives que curatives de part et d'autre part voir les limites de
cette politique basée sur l'exportation des produits primaires.
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