V. Les outils du mental
1. La préparation mentale
Le monde sportif regroupe des formes multiples de pratiques
physiques, allant des plus codifiées aux plus sauvages, des plus
professionnelles aux plus amatrices, des plus médiatiques aux plus
anonymes. Aujourd'hui le sport de haut-niveau, qu'il soit professionnel ou non,
contraint les athlètes à investir croissant. Pour répondre
à la fameuse devise olympique « Citus, Altus, Fortus »
(Comité International Olympique, 1946), les sportifs se doivent
d'optimiser l'ensemble de leurs compétences et de leurs
capacités, et ce dans tous les domaines de la performance, des plus
scientifiques - physique, technico-tactique, psychologique,
diététique au plus exotiques, tels que rituels, Haka Maori ou
certains chants polynésiens.
Depuis le milieu du XX° siècle, la
préparation mentale tente de se faire une place parmi les outils de la
performance. Elle permet d'aider l'athlète { optimiser ses
capacités psychiques, à affronter les temps de
compétition, notamment en termes de gestion de stress, de «
conditionnement > { l'exercice. Pour se faire l'athlète à sa
disposition une multitude d'exercices et de méthodes de relaxation qui
ont toutes un objectif commun : celui « d'améliorer la
récupération et d'augmenter les capacités physiques d'un
individu en agissant notamment sur la respiration, les pulsations cardiaques et
la tension musculaire » (Chevallon S., 1995).
Dans le cadre de la préparation mentale à la
performance sportive, les méthodes les plus fréquemment
rencontrées sont la « relaxation progressive »
(Jacobson E., 1938), le << training autogène
>> (Schultz J., 1958) et la << sophrologie dynamique >>
(Caycedo A., 2004). Malgré des approches relativement
différentes, nous pouvons noter qu'il existe aussi certains invariants,
notamment en ce qui concerne l'importance de l'imagerie mentale et la
proprioception dans ces dernières.
2. Training autogène de Schultz (TAS)
Le training autogène aussi appelé
entraînement par autosuggestion, est une méthode mise au point
vers 1930 par le Dr Johannes Schultz. Méthode proche de l'hypnose, le
T.A.S a pour objectif de <<provoquer un état de relaxation pour
que l'individu soit sensible aux suggestions de calme, du bien-être qu'il
se donne et de parvenir ainsi à un état modifié de
conscience>> (Chevallon S., 1995).
Afin de rétablir une relation corps-psyché, la
méthode s'appuie sur six exercices où le sujet doit faire appel
à la fois aux techniques de visualisation et aux techniques
d'affirmation positive de l'hypnose.
Ce travail basé sur les sensations proprioceptives
permet aux athlètes d'appréhender leur propre
corporéité et d'apprendre progressivement { se l'approprier.
<<La méthode du training autogène de Schultz (T.A.S) est
une méthode d'entraînement personnel à l'autohypnose. Cette
méthode d'entraînement plonge le patient dans un état de
déconnexion organismique voisin de l'état hypnotique mais non
similaire. Il s'agirait donc d'une méthode née de l'hypnose mais
non hypnotique>> (Gross L., 1998).
3. Relaxation progressive de Jacobson : La
méthode de relaxation d'E. Jacobson coïncide dans le temps avec
celle de
J. Schultz. Elle veut cependant s'en écarter
complètement, rejetant toute idée de suggestion et, par
conséquent, d'hypnose. Refusant de se joindre aux théories
psychanalytiques, elle choisit délibérément de se fixer
à un niveau purement physiologique. Jacobson en fait pourtant une
véritable méthode de psychothérapie. La méthode de
Jacobson se veut par conséquent anti-hypnotique. << Le principe de
Jacobson est simple : tendre, contracter le muscle puis le relâcher en
faisant attention aux sensations que cela procure, aux changements
opérés >> (Chevallon S., 1995). Comme nous pouvons le
constater, toute la technique de Jacobson repose sur le
Partie théorique
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Partie théorique
postulat suivant : un relâchement musculaire entraîne
nécessairement une baisse de la tension psychique.
Depuis les années 30, ce précepte
d'interdépendance fut régulièrement rediscuté, et
notamment par la psychosomatique, où l'activité sensori-motrice
peut, dans certain cas, être { l'origine d'un abaissement des tensions
psychiques.
À titre d'exemple, C. Smadja nous explique que «
le recours aux procédés autocalmants permet de canaliser le
niveau d'excitation [de l'appareil psychique], grâce à la mise en
place de formes motrices primaires > (Smadja C., 1993). L'activité
sensori-motrice serait ici utilisée afin d'obtenir le retour d'un calme
somme toute relatif de l'appareil psychique. Malgré tout, cette
méthode de relaxation se trouve être régulièrement
utilisée dans le monde sportif. Sa facilité d'apprentissage et
son ouverture vers d'autres techniques de préparation mentale telle que
l'imagerie mentale, en font un outil privilégié dans le cadre de
la préparation à la haute performance.
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