c) Désengagement de L'Etat vers Les
coLLectivités territoriaLes
Une révision de L'aide à La diffusion est
apparue dans La Directive NationaLe d'Orientation triennaLe 2003-2005, qui,
dans son voLet annueL 2003, précise sous L'intituLé
Festivals66 : « Le Ministère de la culture
et de la communication n'a pas vocation à financer les festivals.
L'apport des collectivités territoriales y est d'ailleurs
généralement prépondérant. Vous ne pourrez soutenir
financièrement que ceux de qualité artistique reconnue et de
portée nationale, ou ayant une action permettant de structurer
l'activité culturelle tout au long de l'année sur le territoire
qu'ils irriguent >.67 L'Etat tend à se
désengager afin que Les coLLectivités territoriaLes prennent Le
reLais. Pourtant, Le danger pour Les festivaLs d'un teL désengagement
est important, en effet, certains « se sont arrêtés suite
à la disparition brutale de la subvention de l'état : un
désengagement progressif serait peut-être plus adapté
>.68 IL tient donc à ces événements de
démontrer Leur caractère structurant à L'année,
avoir une direction artistique effective pour maintenir Leur soutien
déjà existant. « L'Etat centralisé n'entend plus
s'occuper que de quelques manifestations de grand renom et laisse volontier aux
collectivités locales le soin d'organiser leurs festivals d'autant que
le plus souvent il répugne à en financer le fonctionnement
estimant que c'est là de la
65 DMD, « L'action de L'état >, Cahiers
Espaces n°31, page 1.
66 Directive NationaLe d'Orientation du 31 janvier 2003, page
32.
67 Idem
68 « Financements des festivaLs : L'état en retrait
>, in La Scène, numéro 38, page 36.
compétence de l'échelon
décentralisé >69. Ainsi, depuis une dizaine
d'années, Les subventions du Ministère de La CuLture et de La
Communication reLayées par Les DRAC se sont concentrées sur un
nombre Limité de festivaLs. Au Lieu de se disperser, et pour
éviter une poLitique de « saupoudrage >, Leur objectif est de
soutenir Les structures pérennes et fondatrices pour des festivaLs dont
Le rayonnement est nationaL voire internationaL, comme Le Festival
d'Avignon, Le Festival Interceltique de Lorient ou encore Le
Festival des Vieilles Charrues en Bretagne. C'est pourquoi Le
ministère estime qu'iL incombe aux coLLectivités de soutenir Les
manifestations dont Le rayonnement se Limite à L'écheLon
LocaL.
d) Les coLLectivités territoriaLes
Les coLLectivités dans LesqueLLes se dérouLent
Les festivaLs sont progressivement entrées dans une Logique de
participation à Leur financement et s'y sont considérabLement
investies depuis Les années quatrevingt. « On découvre
ainsi que les festivals les plus importants peuvent être financés
jusqu'à 70 % par la ou les collectivités d'accueil
>70. Pour exempLe, dans Le département du Lot, «
les coûts de d'organisation de 500 000 euros du festival et des
résidences Chaînon Manquant à Figeac en 2004 ont
été couvert à hauteur de 160 000 euros, soit 32 % par les
recettes propres, le reste de la couverture, soit 68 %, étant
composée de subventions. Celles-ci sont de 130 000 euros pour les
collectivités locales, soit 26 % ; 67 000 euros pour l'État, soit
13 % ; 68 000 euros, soit 14 %, provient de subventions d'organismes
professionnels ; enfin 75 000 euros, soit 15 %, sont constitués de
crédits européens du FEDER* >71. L'Etat est
certes « à bout de souffLe > parce qu'iL y a de pLus en pLus
d'équipements et d'événements à financer, mais iL
ne peut pas décentraLiser une part si importante de son soutien vers Les
coLLectivités territoriaLes qui ne peuvent assumer de charges si
Lourdes. Pourtant, Leurs dépenses sont aujourd'hui supérieures
à ceLLes de L'Etat pour
69 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir aux
festivaLs ? >, Op. cit., page 10.
70 LAUNAY (Jean) et MARTINEZ (Henriette), L'action culturelle
diffuse, instrument de développement des territoires, rapport
d'information n° 3127, page 3.
71 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir aux
festivaLs ? >, Op. cit., page 4.
tous Les ministères rattachés à La
cuLture confondus72. Les associations se tournent donc pLus que
jamais vers Les coLLectivités territoriaLes pour faire face à
cette évoLution. CeLLes-ci se retrouvent ainsi mises « au pied du
mur > et doivent revoir Leur définition d'une poLitique de soutien
aux festivaLs. Ainsi, Les perspectives de rentabiLité de
L'événement, si eLLes ne sont pas de L'ordre d'un
bénéfice financier, peuvent être perçues comme des
retombées en terme d'attractivité et d'animation pour Le
territoire. Les coLLectivités doivent définir Le sens et Les
Limites de Leur participation en ce domaine. ELLes sont aujourd'hui sous
pression et « ont reçu des responsabilités dans des
domaines sociaux et autres, qui les rendent extrêmement vigilantes
à l'égard de leurs dépenses >. 73
Enfin, Le soutien financier aux festivaLs apporté par
Les coLLectivités territoriaLes, (régions, départements et
communes confondus), représente pLus du tripLe de ceLui engagé
par L'Etat en 200374.
On constate dès Lors que Les festivaLs constituent un
véritabLe investissement pour Les coLLectivités territoriaLes,
principaLement pour Les municipaLités et Les ConseiLs
Généraux. Pourtant, Les ConseiLs Régionaux,
coLLectivité La pLus récente puisque créée en
198675, sembLent moins impLiqués en matière de soutien
aux actions cuLtureLLes : « La part du budget allouée à
la culture représente en moyenne 3% du budget total du Conseil
Régional et le soutien des régions à ces manifestations
représente 9% des budgets des festivals >76. La
cuLture n'est pas une compétence obLigatoire pour La région mais
acquise. ELLe favorise une poLitique de soutien gLobaL à un ensembLe de
festivaLs régionaux, « par exemple au travers d'une politique
de communication générale, la logique étant avant tout de
promouvoir l'espace régional plutôt qu'un festival en particulier
>77. Ainsi, La région ILe-de-France impose un nouveau
critère pour « fiLtrer > Les nombreuses demandes de soutien
aux
72 BORIS (Jean-MicheL), Op. cit.
73 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'intermittence est vitaLe pour
L'économie des festivaLs >, in Le Nouveau Musicien,
n°12, février 2006, page 8.
74 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
20.
75 DUVAL, « Projet cuLtureL et coLLectivités
territoriaLes >, cours EAC 2006-2007, citation notée par
L'étudiant.
76 TOUSSAINT (Philippe), « L'intermittence est
vitaLe pour L'économie des festivaLs >, Op. cit.
77 Idem
festivaLs de musiques actueLLes : ceLui de se dérouLer
sur une durée minimum de trois semaines78. Une
réaction qui démontre L'« essouffLement > financier des
ConseiLs Régionaux, surtout Lorsque L'on sait que La majorité des
festivaLs de ce type se dérouLe Le temps d'un week-end.
De La même manière, L'attribution des subventions
pour Les ConseiLs Généraux a eLLe aussi évoLuée.
« Ils consacrent en moyenne 30% de leur budget culturel au spectacle
vivant et autres animations polyvalentes. Ils soutiennent les initiatives des
communes et des associations en faveur du développement culturel de leur
territoire >79. Une mesure qui tient dans La nature de Leur
mission : Les départements prennent en charge Le fonctionnement des
équipements et des infrastructures de Leurs espaces territoriaux. Ainsi,
s'agissant du département du Bas-Rhin, Le Vice-président du
ConseiL GénéraL, Jean Laurent Vonau expLique en juin 2006 que
« chaque année 55 festivals y ont lieu, dont 39
subventionnés par le Conseil Général
>80. Un chiffre qu'iL considère trop éLevé.
IL insiste aLors sur La nécessité pour Le ConseiL
GénéraL de se fixer des critères beaucoup pLus
précis pour décider d'un subventionnement traduisant une
poLitique cuLtureLLe pLus efficace.
C'est enfin aux communes que revient Le pLus gros effort de
soutien et de financement des festivaLs en France. Créée en 1850,
iL en existe environ trente-huit miLLe six cents sur L'ensembLe du
territoire81. « Participant à hauteur de 20 a 40% du
budget de ces événements, elles apportent souvent bien plus
qu'une manne financière en fournissant une aide en nature non
négligeable >.82 En outre, ces financeurs Locaux ont
motivé La création de festivaLs franchissant désormais Le
périmètre de La viLLe. Pour exempLe, « le Festival
International de Clavecin s'étend sur plusieurs municipalités de
l'Artois, tandis que le festival de variétés Chorus se
déroule dans une
78 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
79 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 128.
80 VONAU (Jean-Laurent), in LAUNAY (Jean) et MARTINEZ
(Henriette), Op. cit., page 5.
81 DUVAL, « Projet cuLtureL et coLLectivités
territoriaLes >, cours EAC 2006-2007, citation notée par
L'étudiant.
82 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
20.
vingtaine de villes du département des
Hauts-de-Seine >.83 Ces communes sont souvent à
L'origine de signatures de conventions pLuriannueLLes, qui montre un engagement
pérenne pour L'événement. Cet été, une
nouveLLe convention triennaLe a été signée entre
L'association du festivaL de photojournaLisme Visa Pour l'Image et La
viLLe de Perpignan. Pour son Sénateur-Maire, Jean-PauL ALduy, «
cette convention consacre aussi juridiquement l'indépendance du
directeur artistique de l'événement, JeanFrançois Leroy
>84. Outre une participation financière, Les
municipaLités fournissent un certain nombre de services qui peuvent
aLLer du prêt de matérieL ou de saLLes, jusqu'à La mise
à disposition de fonctionnaires à titre gracieux pour
L'instaLLation, Le démontage, La sécurité ou Le nettoyage.
Comme Le souLigne Maurice HaLimi, Maire-adjoint à La cuLture de
Perpignan, « la ville met à disposition l'ensemble du
patrimoine historique municipal pour les lieux d'expositions, ainsi que les
employés municipaux chargés durant tout le mois d'août,
d'encadrer et d'accrocher les photos >85.
|