b) Economique
Dans un récent communiqué de presse, L'AFEST
s'inquiète sur L'annuLation de pLus en pLus fréquente de
festivaLs en France. De manière spontanée, souvent après
une, deux voire trois éditions, ces disparitions ont fortement
infLuencées L'économie de La coLLectivité qui accueiLLe
L'événement. En ce sens, Le Ministère de La CuLture et de
La Communication rappeLLe que « l'annulation de nombreux festivals en
2003 a souligné l'énorme manque à gagner en matière
économique lorsque de tels événements n'ont pas lieu
»148.
Depuis une vingtaine d'années, iL y a un Lien
évident entre économie et cuLture. CeLLe-ci est
considérée par Bernard Latarjet149 « comme
une composante essentielle des stratégies économiques à
long terme. Le coefficient multiplicateur des retombées sur
l'économie locale est de l'ordre de trois »
150. Bernard Faivre d'Arcier précise
égaLement que «l'on en vient à dire qu'un euro investi
dans un festival vous en rapporte trois, quand ce n'est pas dix
»151.
La pLupart des festivaLs ont vu Le jour dans Les années
quatre-vingt, décennie d'une réfLexion sur La
décentraLisation et ses effets bénéfiques : «
C'est
147 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 22.
148 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 45.
149 Président du parc de La ViLLette, Paris.
150 LATARJET (Bernard), Rapport Latarjet sur le Spectacle
vivant et l'aménagement culturel du territoire, compte-rendu de
mission du Ministère de La CuLture et de La Communication, page 160.
151 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op. cit., page
5.
l'époque du débat sur les enjeux
économiques de la culture où, sous l'impulsion d'un
Ministère de la Culture en pleine croissance, il était important
de justifier l'intervention publique en la matière par des
critères en monnaies sonnantes et trébuchantes
>152. Ces retombées en matière d'économie se
sont faites remarquer par L'intermédiaire, notamment, de nombreuses
études d'impact qui ont été Lancées dès Les
années quatre-vingt. Les éLus Locaux ont aLors
réfLéchit à L'intérêt poLitique et
économique de créer des manifestations dans Leur région,
et Les communes se sont très vite misent à financer des
événements cuLtureLs comme Les festivaLs. Ainsi, une étude
effectuée iL y a pLusieurs années autour du Festival
d'Avignon montre que « pour un franc de recettes culturelles, il
y aurait 3 à 5 francs de retombées sur l'économie locale
>153. D'autres études confirment cet impact
économique égaL à environ trois fois Le budget du
festivaL. CeLLe réaLisée pLus récemment en 2001 par
L'AGFA154 montre que « sur les 22,1 millions d'euros de
flux économiques que suscite le Festival d'Avignon, 18 millions d'euros
bénéficient directement à l'économie locale. Et ce
chiffre double quasiment si l'on prend en compte le OFF et ses 600 000
festivaliers>155. Au-deLà donc des retombées
purement touristiques dont nous avons déjà parLé,
L'organisation et Le dérouLement des festivaLs engendrent des
retombées économiques directes. ELLes prennent aLors La forme de
revenus additionneLs pour Les entreprises issues du tissu économique
LocaL émanant des dépenses des organisateurs Liés à
La réaLisation techniques et matérieLLes de
L'événement, soit « 20 à 40% du budget. Une manne
financière non négligeable sachant qu'ils peuvent dépasser
plusieurs millions d'euros >156. Ces entreprises font partis
des secteurs de L'imprimerie pour La réaLisation des affiches, des
brochures, des dépLiants, ceLui des reLations pubLiques, Les services
techniques pour L'écLairage et La sonorisation, Le marché des
Locations, parcs de matérieL, de Lieux de spectacLes ou d'instruments de
musique, Les dépenses de communication, en conférences de presse,
frais
152 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Cahier Espaces 74,
page 3.
153 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
154 Association de Gestion du FestivaL d'Avignon.
155 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
156 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 81.
d'affichage, et enfin Le secteur des transports. Ainsi, pour
Avignon, « les 600 000 euros d'achats effectués par le festival
« In » se répartissent pour 64 % au bénéfice
d'Avignon et de sa zone d'influence, pour 75 % au profit de la région,
et 25 % pour le reste de la France >.157 Les festivaLs
permettent de faire parLer de Leur région comme d'un endroit
d'impLantation attractif où se tiennent des événements
cuLtureLs. La DMDTS expLique que, de manière détournée,
iLs permettent dans certains cas L'impLantation de structures ou d'entreprises
nouveLLes. Pour exempLe, en 2001, Maryse Joissains Masini, Maire
d'Aix-en-Provence affirme que Le Festival international d'art lyrique
fut, par son rayonnement, à L'origine de L'impLantation d'une
cinquantaine d'entreprises158.
Comme on a pu Le voir, Les festivaLs ne sont pas uniquement
des temps forts artistiques mais égaLement des périodes
décisives pour L'activité économique des régions et
des LocaLités où iLs se dérouLent. Même s'iL est
difficiLe de chiffrer précisément ces retombées,
L'engouement des communes à créer Leur propre « rendez-vous
> prouve que L'impact n'est pas négLigeabLe. Ces retombées
peuvent avoir des visées à Long terme, surtout pour Les festivaLs
de grande ampLeur, car, comme Le détaiLLe un responsabLe de L'industrie
hôteLière du VaucLuse : « En juillet, les deux tiers de
la clientèle viennent pour le Festival d'Avignon. Nous réalisons
ainsi en trois semaines, un tiers de notre chiffre d'affaires annuel
>159. Mais ce qui est vrai à Avignon L'est aussi dans
d'autres communes.
Enfin, comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier, «
l'argument, sans doute plus récent, mais certainement le plus
efficace, est que le festival est une bonne opportunité
économique, il est somme toute une bonne affaire
>160.
Les concLusions sur Les différentes retombées
directes qu'un festivaL peut avoir sur La commune où iL s'impLante
peuvent être assimiLées au festivaL de photoreportage Visa
pour l'Image qui se tient à Perpignan depuis dix-huit ans.
157 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 16.
158 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op. cit.,
page 4.
159 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 45.
160 Idem
SeLon L'enquête d'un cabinet privé de
consuLtant161, qui vise à mesurer Le poids économique
exact du festivaL sur Le commerce LocaL, iL aurait engendré pour
L'édition 2000 un chiffre d'affaire suppLémentaire de un miLLion
huit cent miLLe euros. Ainsi, comme Le souLigne Jean-PauL ALduy, Maire de
Perpignan, La viLLe accorde trois cent miLLe euros de subventions directes et
pLus de quatre cent cinquante miLLe euros de prestations de service à
cette manifestation. En comparaison, La subvention du département est de
L'ordre de trente miLLe euros. En dix-huit années d'existence, on sait
que Visa pour l'Image a un impact très important sur
L'économie LocaLe. Se dérouLant Les deux premières
semaines de septembre, iL proLonge La saison estivaLe de deux semaines. Afin de
renforcer L'importance de cet événement pour La viLLe, iL est
important de rappeLer queLques chiffres162. Pour L'édition
2005, ce sont 163 720 entrées qui ont été
enregistrées dans Les neuf sites d'expositions, soit 2,5 miLLions
d'euros de retombées générées. 163 270
entrées, soit 25 575 visiteurs dont 74% venus à titre individueL.
En effet, Les professionneLs ne représentent que 9% de La
totaLité des visiteurs, La majorité reste donc des touristes qui
viennent exprès dans La viLLe pour découvrir Le festivaL.
Toutefois, Les statistiques révèLent que 19% de ces visiteurs
individueLs s'y rendent spontanément, aLors qu'iLs ne L'avaient pas
spéciaLement prévu dans Leur séjour. Enfin, 62% de ces
visiteurs viennent de régions étrangères au
Languedoc-RoussiLLon.
Si Les personnes accréditées dépensent en
moyenne cinq cents euros au cours de Leur séjour, Le budget des
individueLs se Limite à quarante-cinq euros. PLus de 78% des
accrédités passent au moins une nuit sur Perpignan, ce qui
représente en moyenne un budget de cent quatre-vingt euros par personne
pour L'hébergement. Les retombées se partagent entre La
restauration 37%, L'hébergement 21%, Le commerce 21%, Les cafés
16%, sorties 3%, transports 3%. Bien que ces chiffres soient séduisants,
iL faut admettre qu'une baisse des retombées économiques est
notabLe sur L'édition 2005. Les cafés et Les transports
enregistrent cependant une hausse respective de 1,9 et 13%163. En
161 In L'Indépendant, édition de
Perpignan, janvier 2001, in BENITO (Luc), Les festivals en France :
marchés, enjeux et alchimie, Op. cit., page 82.
162 COURTY (Fanny), Op.cit.
163 Idem
attendant Le biLan 2006, on peut d'ores et déjà
affirmer que Le festivaL reste une des sources majeures de revenus pour La
viLLe de Perpignan.
L'exempLe précis du festivaL Visa pour l'Image
de Perpignan démontre L'importance des retombées
matérieLLes directes que peut avoir un festivaL sur sa commune d'accueiL
ou même sur sa région. De même, cette catégorie
d'effets entraîne Logiquement des retombées indirectes en termes
d'empLoi ou de renforcement du Lien sociaL.
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