3) Financements privés
Un festivaL inscrit dans une stratégie cuLtureLLe
LocaLe, ou dans Le but de L'aménagement du territoire, sera fortement
soutenu par Les subventions pubLiques des coLLectivités territoriaLes.
De nombreux événements ont
96 BOURGEOIS, Op. cit.
97 ALLEMAND, « Diffusion du SpectacLe Vivant », cours
EAC 2005-2006, citation notée par L'étudiant.
98 SAUZAY (Benjamin), « Les festivaLs, découvreurs de
taLents !», in La Scène, n° 34, page 46.
99 L'IRMA est pLacé sous La tuteLLe de La DMDTS et du
Ministère de La CuLture et de La Communication.
100 BOURGEOIS, Op. cit.
101 BENITO, Les festivals en France : marchés, enjeux
et alchimie, Op. cit., pages 137.
recours à un moyen de financement paraLLèLe
comme Le mécénat*, Le partenariat ou Le sponsoring*. Un
accompagnement compLémentaire en pLeine évoLution.
a) Le mécénat
Dans certains pays comme Le Royaume-Uni, Les Etats-Unis ou
L'ALLemagne, La pratique du mécénat est courante. En 2004, Le
« Leader » internationaL reste Les Etats-Unis avec pLus de douze
miLLiards d'euros dépensés en matière de
mécénat des entreprises et particuLiers. Au niveau
européen, L'ALLemagne se pLace en tête avec 255 miLLions d'euros,
puis La Grande Bretagne avec 226 miLLions d'euros et enfin L'ItaLie avec 205,7
miLLions d'euros102. Dans ces différents pays, Le financement
privé a fait ses preuves et La création artistique ne s'en trouve
pas ternie ou réduite. La France est en quatrième position avec
200 miLLions d'euros, montrant ainsi son retard, bien que « 1060
entreprises sont actives dans le mécénat culturel, pour un budget
total de 195 millions d'euros »103. Un chiffre qui
représente aLors moins de 1% de La dépense cuLtureLLe pubLique et
augmente « timidement » quand on sait qu'iL s'éLevait autour
de 122 miLLions d'euros en 1991104 (soit une augmentation de 73
miLLions d'euros en presque quinze ans). Les entreprises constituent donc un
gisement, encore Largement inexpLoité en France, pour répondre
à une soLLicitation en terme d'accompagnement, mais « la
question du financement privé dans un état où la tradition
va au service public est résiduellement polémique
105».
D'un point de vue historique, La Vème RépubLique
a tenté d'entretenir L'idée de don gratuit affecté
à La « chose » cuLtureLLe. André MaLraux avait
créé en son temps La Fondation de France dans Les années
soixante-dix. Mais Les Lois sur Les mesures d'incitation fiscaLe du 23 juiLLet
1987 et du 4 juiLLet 1990 pour
102 DIJAN (Jean-MicheL), Politique culturelle : la fin d'un
mythe, GaLLimard, page 84.
103 GLAVANY (Jean), « Le mécénat, une
opportunité ou un Leurre ? », in coLLoque « Faut-iL avoir peur
du financement privé de La cuLture ? », in La
Scène, suppLément du n° 37, novembre, 2004, page 2.
104 Enquête statistique sur Le mécénat
cuLtureL en France menée par L'ADMICAL, chiffres 1991.
105 BELIT (Marc), « Le mécénat, une
opportunité ou un Leurre ? », in coLLoque « Faut-iL avoir peur
du financement privé de La cuLture ? », in La
Scène, suppLément du n° 37, novembre, 2004, page 3.
Les fondations d'entreprises106 ne sembLent pas
inciter Les français à pLus de voLontarisme dans ce domaine. Des
mesures pourtant nécessaires Lorsque L'on sait que « en 1979,
quand une entreprise faisait un don d'argent à une oeuvre humanitaire,
elle pouvait être accusée de détournement d'objet social
>107... La dernière Loi du 1er août
2003 sur Le mécénat, La Mission Mécénat*, «
incite les entreprises à participer au mécénat des
actions culturelles financées par l'état !
>.108 ELLe a aujourd'hui pour fonction de rapprocher Les
deux miLieux que sont ceLui de La cuLture et de L'entreprise. Pourtant,
«une loi de ce type n'est pas une fin en soi, c'est un outil, qui, en
tout cas, hausse la France, sur le plan de la fiscalité des donateurs,
à un niveau compétitif sur le plan international. C'est donc
déjà une chose importante >109. Et ceLa
même si Le mécénat des entreprises privées n'est pas
très déveLoppé en France, contrairement à d'autres
pays, iL est sans doute pLus actif dans Les festivaLs que dans Les autres
activités cuLtureLLes110. En effet, même s'iL reste
minime, iL permet quand même à un événement de voir
Le jour. C'est pourquoi de nombreux festivaLs recherchent une partie importante
de Leurs budgets dans Le mécénat. En 1990, L'ADMICAL* mène
une enquête sur Le mécénat auprès des festivaLs :
« Sur les 83 festivals étudiés, 75 ont
bénéficié de mécénat en argent et/ou en
nature au moins une fois entre 1986 et 1990 > 111. Mais
depuis cette période euphorique des années quatre-vingt neuf,
quatre-vingtdix, où La pLupart des festivaLs bénéficient
du mécénat, iL est aujourd'hui en perte de vitesse. Pour exempLe,
« celui du Festival d'Avignon avait atteint 13,8% du budget en 1988
pour tomber à 9,6% en 1992. Cela peut s'expliquer par un repli brutal
dû à la Guerre du Golfe en 91 mais aussi pour les grands besoins
financiers de 92 avec les Jeux Olympiques d'Albertville et de Barcelone,
l'Exposition Universelle de Séville >112.
106 DIJAN (Jean-MicheL), Op. cit., page 59.
107 SAUVANET (NathaLie), « Mécénat >, cours
EAC 2005-2006, citation notée par L'étudiant.
108 DIJAN (Jean-MicheL), Op. cit., page 59.
109 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'argent des festivaLs... >,
Op. cit.
110 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique >, Op. cit.,
page 27.
111 GORSSE (EmmanueLLe), « Mécénat des
festivaLs : faut-iL encore y croire ? >, Cahiers Espaces n°31, page
1.
112 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 3.
Aujourd'hui, Les festivaLs sont financés par Le
mécénat à hauteur de 14 %113. « Les
dons que peuvent désormais faire les entreprises à nos festivals
sont aujourd'hui devenus fiscalement plus intéressants que les
partenariats qui permettaient jusqu'alors une série de combinaisons
assez intéressantes finalement >114.
Pourtant, tout comme Le Ministère de La CuLture et de
La Communication, de nombreuses entreprises sont amenées à revoir
Leur poLitique de mécénat : Les fonds sont différemment
répartis, Les choix pLus déterminés. IL y a moins de
« saupoudrage > et d'éparpiLLement. « Des «
recentrages » auprès d'un nombre limité de partenaires pour
de plus longues durées >115. En outre, Les
entreprises sont encore pLus sensibLes à La concurrence et modifient
parfois LittéraLement Leur position. Ainsi, « le CIC de Paris
ne soutient plus la musique comme l'Orchestre National d'Ile-de-France et le
Festival de Saint Denis à cause de la concurrence avec deux autres
banques. Du coup l'entreprise a choisi un autre secteur, le
théâtre privé >116.
ParaLLèLement, d'autres domaines s'ouvrent au mécénat
comme L'environnement, Les secteurs sociaux ou médicaux,
générant ainsi une nouveLLe concurrence pour de nombreux secteurs
d'intérêt généraL : « La culture mobilise
57% des budgets du mécénat d'entreprise contre 39% pour la
solidarité et 4% pour l'environnement >117. Mais
aujourd'hui, iL sembLe que Les attentes des festivaLs soient de mieux en mieux
comprises avec La muLtipLication de contrats pLuriannueLs. « Ainsi, le
Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême est associé aux
Centres Leclerc en signant un contrat de trois ans par lequel l'entreprise
apporte une subvention annuelle de 530 mille euros >118.
Pour trouver un mécène, iL faut savoir anaLyser
ses motivations. ELLes sont aussi nombreuses que ses engagements, c'est
pourquoi iL est difficiLe de trouver une entreprise qui corresponde
exactement à son festivaL. « En 1990,
113 Voir annexe 2, page 194.
114 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'argent des festivaLs... >,
Op. cit.
115 Idem
116 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 8.
117 GLAVANY (Jean), Op. cit.
118 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 4.
les responsables de festivals présentent quatre
motivations principales qui décideraient les entreprises : la
réalisation d'actions de relation publique, une meilleure
intégration à leur environnement, une bonne couverture de presse,
des retombées en terme de communication interne >119.
Ces motivations sembLent toujours être au centre des
préoccupations des entreprises mécènes. On peut cependant
y rajouter un intérêt fiscaL et La recherche d'un pubLic et de
vaLeurs partagées120. IL y a donc un travaiL de communication
important à réaLiser pour motiver Les entreprises au
mécénat. CeLui-ci doit égaLement être
approuvé par Les saLariés de L'entreprise et être
vécu comme un éLément positif.
Les contreparties sont autorisées en matière de
mécénat, « à condition qu'il existe une
disproportion marquée, inférieure à 25%, entre les sommes
données et la valorisation de la prestation rendue. La disproportion
n'est effective que lors d'une donation matérielle mais on ne quantifie
pas de l'image >.121 Les contreparties des festivaLs peuvent
donc être de formes diverses : La mention du nom de L'entreprise sur Les
supports promotionneLs (affichages, cataLogues, biLLetterie), La mise à
disposition de pLaces de spectacLe, vaLoriser Les vaLeurs de L'entreprise
à L'occasion de conférences de presse, L'édition de
casettes et de disques pour Les cadeaux d'entreprise, Les opérations de
reLation pubLique ou encore La pubLication d'un encart presse pour remercier
Les partenaires. La notion de coLLaboration entre un mécène et Le
festivaL est donc fondamentaLe. Ainsi, iL faut rester prudent sur un certain
nombre de points, car cette sécurité financière
dévoiLe parfois un « Laxisme > de La part des responsabLes de
festivaLs. En effet, « pour les événements qui n'ont
qu'un mécène exclusif, il faut alors bien savoir gérer le
mécénat surtout si celui-ci nous fait défaut, si le
mécène veut se retirer, il faut avant tout avoir un
successeur >122. IL existe un risque dans Le fait de n'avoir
qu'un partenaire unique car iL peut à tout moment se désister. De
pLus, on ne peut jamais entreprendre de nouveaux mécénats sans en
avertir ses mécènes
119 Idem
120 SAUVANET (NathaLie), « Mécénat >,
Op. cit.
121 Idem
122 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 7.
actueLs. Enfin, La direction du festivaL peut rencontrer une
perte de maîtrise de L'événement, comme L'exigence d'une
programmation tournée vers Le vedettariat.
Aujourd'hui, iL est difficiLe de trouver un
mécène car iL existe une véritabLe méconnaissance
des intérêts cuLtureLs et fiscaux. Comme Le souLigne Luc Benito,
« le soutien d'activités culturelles par des entreprises
privées apparaît, dans la conscience collective et sans doute plus
dans celle des professionnels de la culture, comme un mariage contre nature
>123. IL y a égaLement Le phénomène de
La concurrence entre Les entreprises mécènes, ou pLus
précisément entre Les festivaLs nationaux ou régionaux, ou
encore La crainte du caractère novateur de L'événement et
de sa programmation. C'est pourquoi Les festivaLs ayant une thématique
pLus « cLassique > remportent souvent Les suffrages des
mécènes. Pourtant, un autre facteur peut égaLement
expLiquer La faibLesse du mécénat cuLtureL en France, «
il relève de cette fameuse exception culturelle* française
qui s'illustre par une imbrication forte des activités culturelles dans
la sphère publique >.124 En ce sens, « on ne
peut pas accepter que les produits culturels soient réduits à
leur valeur marchande et renoncer à l'exception culturelle
>.125
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