5) Femmes s'affranchissant de la
domination masculine
L'une des caractéristiques principales des
héroïnes miyazakiennes est la capacité de s'affranchir de la
domination masculine. Les femmes dans les oeuvres de Miyzaki se rebellent,
rectifient les erreurs des hommes. Elles se rebellent aussi simplement afin de
se sauver elles-mêmes.
Dans Nausicaä de la vallée du vent, les
femmes adultes, les mères de famille, ont un rôle important.
Lorsque Nausicaä est emprisonnée, ce sont les femmes du royaume de
Pejite qui la libèrent. L'entrée de Nausicaä dans une
pièce remplie de femmes âgées et de jeunes mères,
montre la puissance de la volonté féminine : celles-ci se
rebellent contre la volonté de leurs hommes. Mais si elles choisissent
de libérer Nausicaä contre le gré des hommes, en organisant
sa fuite, elles cherchent tout de même à les excuser. Les femmes
se sentent responsables des hommes, qui sont les pères de leurs enfants,
leurs fils. Une vieille femme dit : « Pardonnez les Pejitiens
pour les mauvais traitements ». La mère de Lastelle et Asbel,
aidant Nausicaä à s'enfuir de sa cellule, dit à
celle-ci : « Pardonnez-nous mon enfant, notre peuple a commis de
graves erreurs ». Cette phrase montre également à quel
point les femmes se sentent responsables, répondent des actes de leurs
maris. Les femmes réparent les erreurs des hommes, tout en leur
pardonnant.
Les femmes, comme nous l'avons vu précédemment,
sont plus sages que les hommes dans les oeuvres de Miyazaki. Elles sont
écoutées, leur sagesse est mise en avant ; elles endossent
les responsabilités pour els comportements des hommes et demandent leur
pardon. Mais nous voyons ici qu'elles font leurs propres choix. Elles
choisissent de suivre leur propre conscience, et se rebellent ocntre la
volonté des hommes. C'est le cas des femmes de Pejite dans
Nausicaä de la vallée du vent, mais c'est aussi le cas des
femmes du village des forgerons dans Princesse Mononoké. Ces
dernières sont totalement affranchies des hommes, et
préfèrent avoir les responsabilités les plus importantes
dans la vie du village plutôt que de la laisser aux hommes qu'elles
jugent incompétents. D'ailleurs, comme nous l'avons vu dans la
scène où Toki crie après son mari blessé, et se
tourne vers Gonzo, elles n'ont pas peur de dire ce qu'elles pensent et de
traiter leurs hommes d'idiots.
Dans le Château dans le ciel, l'une des
premières scènes montre Sheeta emprisonnée par ses
ravisseurs. Elle va réussir à se révolter contre cette
situation. Lorsque la forteresse est attaquée par les pirates, lors de
la première scène d'ouverture du film, Sheeta n'attend pas de
voir si elle sera sauvée ou pas.
00 : 02 : 09
00 : 02 : 19
00 : 02 : 22
00 : 02 : 29
Sheeta attaque son ravisseur, scène extraite du
Château dans le ciel
Muska, l'homme en charge de son enlèvement, entre dans la
pièce où elle se trouve, les bombardements résonnant au
loin. Il lui ordonne : « ne reste pas là, à
terre». Dans un premier plan séquence, nous voyons Muska au premier
plan, se diriger vers la radio. En arrière-plan, Sheeta est
obéissante, effrayée, dos au mur, la main sur la poitrine. Puis
un gros plan sur le visage de Sheeta, montre son expression en train de
changer. Elle surmonte alors sa peur, saisit une bouteille, et assomme le
ravisseur, devenant ainsi une véritable « héroïne
miyazakienne » : forte, courageuse.
Le personnage de Ponyo dans Ponyo sur la falaise est
encore différent des précédents. A l'instar des autres
héroïnes dépeintes par Miyazaki, Ponyo est courageuse :
elle quitte le monde de la mer et la protection familiale pour explorer le
monde au-dessus. C'est la rencontre avec le petit garçon Sôsuke
qui lui donne la force de réclamer son indépendance. Comme le
conte de la petite Sirène, lequel a une fin plus dure pour
l'héroïne, Ponyo est une véritable métaphore pour
l'indépendance vis-à-vis du père. Ponyo, bien
qu'étant seulement une petite fille, représente la femme qui
souhaite s'affranchir de la protection masculine. Ponyo veut être comme
Sôsuke, être humaine ; elle souhaite en réalité
être l'égale d'un garçon. Son père souhaite que
Ponyo « reste pure et innocente à tout jamais ». Il
représente le père, le mari, l'homme qui idéalise la
femme, mais l'empêche d'être libre. Ainsi Ponyo, en souhaitant
devenir humaine, s'éloigne de son père, de l'oppression et de la
protection masculine, devient plus indépendante, plus libre, comme
Sôsuke, comme un garçon. Il s'agit d'une métaphore pour le
combat des femmes qui veulent être égales de l'homme, libres, et
non des images idéalisées de pureté, d'obéissance
et de douceur.
Le père de Ponyo ne veut pas son mal, il croit la
protéger, mais la maintient prisonnière. Dans l'une des
scènes, où il vient de récupérer Ponyo après
sa première fuite, il l'emprisonne dans une bulle afin d'être
sûr qu'elle ne s'échappe pas. Cette métaphore n'est
d'aillerus pas anodine : il la garde « dans sa
bulle », protégée du monde extérieur qui peut
faire mal, mais que Ponyo souhaite découvrir. Son combat est celui de
toute jeune fille, jeune femme, qui souhaite s'affranchir de son père
pour vivre sa vie ; lequel a du mal à s'en séparer.
Fujimoto garde Ponyo dans sa bulle, dans Ponyo sur la
falaise (00 : 32 : 22)
Mais les pouvoirs de Ponyo se sont développés et
elle parvient à lui échapper. Elle réussira finalement
à rejoindre Sôsuke, et sa mère convaincra Fujimoto de
laisser leur fille devenir humaine. A la fin, Ponyo réussit à
vivre sa vie comme elle l'entend, après s'être rebellée
contre les souhaits de son père.
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