4)b. La femme plus sage que
l'homme
Les femmes de sagesse ont un rôle de médiateur, soit
entre le spirituel et les hommes, comme nous l'avons vu
précédemment, soit pour excuser le comportement de ces derniers,
tout en se rebellant contre leurs décisions.
Elles apparaissent ainsi comme étant plus sages que les
hommes, car elles assument la responsabilité des actes, rectifient les
erreurs sans que les hommes le sachent ; ces derniers refusant toujours de
voir leurs torts. C'est le cas par exemple, lorsque les femmes de Pejite font
le bon choix sans l'accord de leurs hommes, ce que nous verrons dans une autre
partie.
Elles savent comment obtenir le pardon ; elles en prennent
la responsabilité à la place des hommes, et réparent les
erreurs de ces derniers. Hii-Sama, dans la scène où elle prie le
Dieu Sanglier, demande le pardon à ce dernier et lui demande d'excuser
les erreurs commises. Elle lui demande de pardonner les offenses des hommes qui
l'ont provoqué et l'ont rendu malade.
Les femmes ont souvent ce rôle, celui d'être
responsables des hommes, en demandant le pardon pour eux. Cela montre qu'elles
sont montrées comme étant plus sages, plus avisées que les
hommes. Elles agissent pour rectifier les erreurs commises par les hommes.
Leur sagesse se perçoit également dans leur
capacité à se sacrifier pour une cause plus grande. C'est le cas
par exemple de Sheeta, qui se sacrifie pour sauver Pazu, en se laissant
utiliser par Muska, l'agent du gouvernement à sa recherche depuis le
début du film ; sa noblesse d'esprit lui permettra finalement de le
vaincre et de sauver sa vie, celle de Pazu, ainsi que l'île dans le ciel.
Nausicaä est également une femme capable de se sacrifier ; cet
acte lui permettra d'ailleurs de se révéler comme un être
de grande sagesse, plus encore qu'O-Baba, la vieille femme du village. Son
sacrifice, en barrant la route des animaux pour sauver son peuple, fait d'elle
« l'Etre vêtu de bleu ». Elle devient ainsi un
être de sagesse.
4)c. Altruisme, pragmatisme et
capacité à apprendre des erreurs passées
Outre leur importance aux yeux des hommes, la capacité
à se sacrifier, la responsabilité pour les erreurs des hommes,
nous découvrons encore une nouvelle facette de la sagesse des femmes. Le
personnage de Dame Eboshi a une sagesse particulière. Elle est
respectée par ses hommes car elle est d'un très grand sang-froid,
pragmatique. Comme nous l'avions vu dans l'une des scènes du film, elle
est capable de laisser ses hommes morts sans été
d'âme ; mais cela témoigne d'une capacité à ne
pas être vulnérable, contrôlée par ses
émotions. Très calme, mais aussi une guerrière, c'est un
personnage qui a de multiples facettes.
Nous découvrons dans d'autres scènes une femme
altruiste, bien différente de cette première image que nous avons
eue d'elle. En effet, Dame Eboshi est la fondatrice d'un village, que nous
découvrons lorsque le personnage d'Ashitaka y ramène des
survivants. Dame Eboshi est la maîtresse de ce village de forgerons, et
en a fait une ville idéale, selon ses critères. Des
prostituées qu'elle a racheté aux bordels des grandes villes y
vivent et y sont mariées, leurs maris s'occupent du commerce du fer
qu'elles produisent. Ces femmes ont un rôle à part entière
dans le fonctionnement commercial du village, un travail important ; elles
n'ont pas d'enfants. Leur rôle n'est pas celui d'être
mère.
Dame Eboshi a également accueilli des lépreux, dont
elle s'occupe en les soignant, les nourrissant ; elle leur donne une
valeur sociale en leur faisant fabriquer des armes. Bien que son message ne
soit pas celui de la paix, Dame Eboshi a des valeurs humaines qui font d'elle
un personnage complexe, ni bon ni mauvais.
A la fin de Princesse Mononoké, Dame Eboshi est
punie pour les mauvais choix qu'elle a fait : en propageant un message de
haine, en cherchant à détruire les Dieux, elle croyait
protéger son village et ses habitants. Ainsi, nous ne pouvons dire si ce
rôle est négatif ou positif. Dame Eboshi peut être haïe
car elle se trompe d'ennemi, mais aussi admirée car elle se bat pour les
démunis, les faibles, les exclus de la société, et se
dévoue corps et âme à la cause qu'elle croit juste.
Sa punition pour avoir choisi les mauvaises batailles et
causé le chaos est la mutilation, son bras étant arraché
par les crocs de Moro lors d'une des scènes finales du film. Comme
princesse Kushana dans Nausicaä de la vallée du vent, elle
se retrouve amputée, blessée. Princesse Kushana est un personnage
très semblable à Dame Eboshi, mais sans la sagesse qui fait de
dame Eboshi quelqu'un de complexe et qui peut devenir un modèle. En
effet, son issue est plus positive. Au lieu d'en ressentir une haine encore
plus violente, elle comprend ses erreurs. Le message de fin du film est ainsi
heureux : le village renaît de ses cendres, Dame Eboshi
décide de « construire un meilleur village cette
fois-ci ». Au lieu de se laisser abattre par la défaite, elle
décide de reconstruire en ayant appris de ses erreurs.
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