1.3 Une mobilisation internationale encore
récente
Les connaissances concernant le fonctionnement des
écosystèmes marins ainsi que la biodiversité qui y est
associée sont très limitées. Il resterait encore 99% des
espèces marines à découvrir (Brunel, 2005). Les
difficultés d'accès et d'investigation sont en partie
responsables de ce relatif désintérêt de la part de la
communauté scientifique.
La faiblesse et le caractère très restreint des
mesures de protection sont des éléments préoccupants pour
la communauté scientifique. Pendant longtemps la législation
internationale n'a pas cerné réellement le problème et
actuellement le classement d'espace protégé ne concerne que 0,6%
des océans. On peut l'expliquer par les problèmes de
connaissance, d'administration et de gestion des espaces maritimes mais aussi
par une focalisation sur les problématiques environnementales
terrestres.
Les enjeux d'une gestion «durable» des milieux
marins sont nombreux et à mettre en relation avec leur importance pour
nos sociétés. Les conséquences de la modification des
milieux marins sont très bien illustrées par le cas des petits
états insulaires. Vu l'intensité des relations qu'ils
entretiennent avec le milieu marin, ces derniers sont en effet directement
concernés (Bouchard. 2006). En réponse à ces enjeux et
sous la pression des lobbys conversationnistes on observe une prise de
conscience internationale et croissante depuis le début des
années quatre vingt (Koechlin, 2003).
Figure 2 : Chronologie d'une prise de conscience
internationale (D'après l'Agence Française des AMP,
2008)
C'est aussi sous l'effet de la globalisation de la conscience
environnementale, que les océans et les ressources marines sont de plus
en plus reconnue (Ibid). Mettant en avant leur importance vis-à-vis des
nouveaux enjeux planétaires, la mobilisation se concentre sur la
nécessité de mettre en place des actions concrètes
à toutes les échelles : nationale, régionale et mondiale.
Cependant ces accords de principes et d'objectifs sont des conventions
internationales signées dans un contexte particulier et dont la
ratification répond parfois à des enjeux stratégiques.
Qu'en est-il de leur application et de leur intégration dans les
législations nationales ? La création d'Aires Marines
Protégées y est un point particulièrement mis en avant qui
mérite une attention particulière.
2. Vers de nouveaux instruments de gestion des espaces
marins et littoraux : les Aires Marines Protégées
2.1 Emergence du concept et cadre théorique
Depuis plusieurs décennies, les aires
protégées sont considérées par les acteurs de la
conservation comme des instruments efficaces en matière de
préservation de la biodiversité et de gestion de l'environnement.
La nécessité de concrétiser les approches conceptuelles et
de trouver des modes d'action opérationnels concernant l'environnement
marin a est à l'origine du concept d'Aire Marine Protégée
(AMP). L'existence au Kenya depuis 1967 du premier parc national marin ou
encore le célèbre Parc National du banc d'Arguin
créé en 1976 en Mauritanie montrent que de telles structures
existaient cependant depuis bien longtemps. Les avancés conceptuelles
récentes se trouvent par contre dans la reconnaissance de leurs
spécificités, de leur pertinence et de l'urgence d'une
généralisation de leur dynamique de création (Weigel,
2007).
Les acteurs de la conservation ont largement contribué
à la formalisation et la promotion du concept. D'après l'Union
Internationale pour la Conservation de la Nature, les AMP se définissent
comme « Tout espace intertidal ou infratidal ainsi que ses eaux sous
jacentes, sa flore, sa faune, et ses ressources historiques et culturelles que
la loi ou d'autre moyen efficace ont mis en réserve pour protéger
en tout ou en partie le milieu ainsi délimité. » (UICN,
Congrès de Geelong 2005)
On retrouve dans cette définition les principes de base
de toute aire protégée : la mise en réserve d'un espace. A
l'origine se place une volonté éminemment politique et bien
souvent étatique d'orientation et de spécialisation du territoire
dans une optique de préservation des ressources et des espaces naturels.
Cette volonté se traduit concrètement par la délimitation
d'un espace légal permettant des opérations de police
administrative censées assurer la réalisation des objectifs de
gestion déterminés au préalable. (Despraz, 2008)
Une des spécificités des AMP repose sur le
caractère marin des espaces qu'elles concernent, Ces derniers n'ayant
jusqu'alors que très peu été protégés ou mis
en réserve. L'espace d'application est vaste puisqu'il va
théoriquement du littoral jusqu'aux eaux internationales. Ce sont donc
des éléments du domaine public national ou international qui font
l'objet de mesures de protection.
Cette définition très large n'apporte de
précisions que sur l'objet de la mise en réserve qui
s'avère par ailleurs particulièrement complexe. Les niveaux de
protection, les modalités et les objectifs de gestion ainsi que les
réglementations ne sont pas abordés. A ne pas confondre avec un
statut de protection l'AMP est un concept répondant aux enjeux
liés à problématique de la gestion environnementale des
milieux marins. Son application est directement influencée par les
contextes nationaux, régionaux ou mondiaux où il s'applique.
(Cazalet, 2007)
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