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La baie d'Ambodivahibe, un projet d'aire marine protégée dans le nord de Madagascar

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par Jean-Xavier SAINT-GUILY
Université Bordeaux 3 - Master 1 Géographie 2009
  

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1.3 Une mobilisation internationale encore récente

Les connaissances concernant le fonctionnement des écosystèmes marins ainsi que la biodiversité qui y est associée sont très limitées. Il resterait encore 99% des espèces marines à découvrir (Brunel, 2005). Les difficultés d'accès et d'investigation sont en partie responsables de ce relatif désintérêt de la part de la communauté scientifique.

La faiblesse et le caractère très restreint des mesures de protection sont des éléments préoccupants pour la communauté scientifique. Pendant longtemps la législation internationale n'a pas cerné réellement le problème et actuellement le classement d'espace protégé ne concerne que 0,6% des océans. On peut l'expliquer par les problèmes de connaissance, d'administration et de gestion des espaces maritimes mais aussi par une focalisation sur les problématiques environnementales terrestres.

Les enjeux d'une gestion «durable» des milieux marins sont nombreux et à mettre en relation avec leur importance pour nos sociétés. Les conséquences de la modification des milieux marins sont très bien illustrées par le cas des petits états insulaires. Vu l'intensité des relations qu'ils entretiennent avec le milieu marin, ces derniers sont en effet directement concernés (Bouchard. 2006). En réponse à ces enjeux et sous la pression des lobbys conversationnistes on observe une prise de conscience internationale et croissante depuis le début des années quatre vingt (Koechlin, 2003).

Figure 2 : Chronologie d'une prise de conscience internationale
(D'après l'Agence Française des AMP, 2008)

C'est aussi sous l'effet de la globalisation de la conscience environnementale, que les océans et les ressources marines sont de plus en plus reconnue (Ibid). Mettant en avant leur importance vis-à-vis des nouveaux enjeux planétaires, la mobilisation se concentre sur la nécessité de mettre en place des actions concrètes à toutes les échelles : nationale, régionale et mondiale. Cependant ces accords de principes et d'objectifs sont des conventions internationales signées dans un contexte particulier et dont la ratification répond parfois à des enjeux stratégiques. Qu'en est-il de leur application et de leur intégration dans les législations nationales ? La création d'Aires Marines Protégées y est un point particulièrement mis en avant qui mérite une attention particulière.

2. Vers de nouveaux instruments de gestion des espaces marins et littoraux : les Aires Marines Protégées

2.1 Emergence du concept et cadre théorique

Depuis plusieurs décennies, les aires protégées sont considérées par les acteurs de la conservation comme des instruments efficaces en matière de préservation de la biodiversité et de gestion de l'environnement. La nécessité de concrétiser les approches conceptuelles et de trouver des modes d'action opérationnels concernant l'environnement marin a est à l'origine du concept d'Aire Marine Protégée (AMP). L'existence au Kenya depuis 1967 du premier parc national marin ou encore le célèbre Parc National du banc d'Arguin créé en 1976 en Mauritanie montrent que de telles structures existaient cependant depuis bien longtemps. Les avancés conceptuelles récentes se trouvent par contre dans la reconnaissance de leurs spécificités, de leur pertinence et de l'urgence d'une généralisation de leur dynamique de création (Weigel, 2007).

Les acteurs de la conservation ont largement contribué à la formalisation et la promotion du concept. D'après l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, les AMP se définissent comme « Tout espace intertidal ou infratidal ainsi que ses eaux sous jacentes, sa flore, sa faune, et ses ressources historiques et culturelles que la loi ou d'autre moyen efficace ont mis en réserve pour protéger en tout ou en partie le milieu ainsi délimité. » (UICN, Congrès de Geelong 2005)

On retrouve dans cette définition les principes de base de toute aire protégée : la mise en réserve d'un espace. A l'origine se place une volonté éminemment politique et bien souvent étatique d'orientation et de spécialisation du territoire dans une optique de préservation des ressources et des espaces naturels. Cette volonté se traduit concrètement par la délimitation d'un espace légal permettant des opérations de police administrative censées assurer la réalisation des objectifs de gestion déterminés au préalable. (Despraz, 2008)

Une des spécificités des AMP repose sur le caractère marin des espaces qu'elles concernent, Ces derniers n'ayant jusqu'alors que très peu été protégés ou mis en réserve. L'espace d'application est vaste puisqu'il va théoriquement du littoral jusqu'aux eaux internationales. Ce sont donc des éléments du domaine public national ou international qui font l'objet de mesures de protection.

Cette définition très large n'apporte de précisions que sur l'objet de la mise en réserve qui s'avère par ailleurs particulièrement complexe. Les niveaux de protection, les modalités et les objectifs de gestion ainsi que les réglementations ne sont pas abordés. A ne pas confondre avec un statut de protection l'AMP est un concept répondant aux enjeux liés à problématique de la gestion environnementale des milieux marins. Son application est directement influencée par les contextes nationaux, régionaux ou mondiaux où il s'applique. (Cazalet, 2007)

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