Partie 1 : Contextualisation problématique
1. Préoccupations actuelles vis-à-vis de
l'environnement marin
1.1 L'importance des milieux marins et littoraux à
l'échelle mondiale
Occupant 70% de la surface du globe, les océans sont
d'une importance considérable à l'échelle
planétaire. Ils représentent un système naturel à
l'organisation complexe fonctionnant à l'échelle
planétaire.
De par leur biodiversité et leur productivité
biologique les milieux marins représentent des espaces clefs pour les
sociétés humaines. La concentration démographique et
économique sur les littoraux en est une belle illustration (Miossec et
al, 1998). On parlera en premier lieu du rôle de régulation
écologique que les milieux marins assurent. Le fonctionnement de ses
écosystèmes complexes assure une certaine « stabilité
» de l'environnement local et mondial nécessaire au
développement des sociétés. Leur rôle est
également alimentaire et économique. L'exploitation des
ressources diversifiées et abondantes fournit des protéines et
des matières premières (parfois rares) en quantité
importante. Ces milieux représentent aussi une voie de communication
indispensable au fonctionnement économique mondial (prés de 90%
du tonnage commercial international est transporté par voie maritime
(Macardon, 2008). Enfin soulignons la dimension géopolitique des espaces
marins qui sont en partie appropriés et permettent ainsi aux
états d'asseoir leur stratégie économique, commerciale ou
militaire (Sanguin et al, 1999). Sur leur partie internationale, les enjeux
pour le contrôle sont particulièrement forts.
1.2 Un environnement marin subissant des pressions
croissantes
Au coeur du fonctionnement des sociétés, les
milieux marins sont de plus en plus sollicités. Le développement
industriel, économique et social à l'oeuvre depuis deux
siècles est à l'origine de pressions croissantes sur
l'environnement océanique et littoral (Miossec, 2001).
Les ressources halieutiques longtemps
considérées inépuisables ont été et sont
toujours clairement surexploitées (Sann, 1997). La pêche
industrielle joue un rôle majeur dans cette dynamique. Les
réflexions sur la gestion de la ressource et des stocks y sont longtemps
restées marginales (Guilloux, 2004). Les pêches artisanales et
traditionnelles sont également concernées par la diminution des
ressources disponibles. Principalement pratiquées dans les pays des
Suds, les fortes pressions qu'elles exercent actuellement sont à mettre
en relation avec l'évolution du contexte socioéconomique de ces
derniers (Cormier-Salem, 2006).
Figure 1 : La pêche traditionnelle à
Madagascar, un contexte en mutation à l'origine de nouvelles
pressions (D'après Chaboud, 2006, 2007)
La dégradation des milieux marins est effective et
s'observe à l'échelle mondiale (Sann, 2008). Les scientifiques y
voient en premier lieu une conséquence directe de la surexploitation des
ressources. Mais cette dégradation est aussi une issue de
l'aménagement des milieux naturels et du développement
d'activités fortement impactantes. En tant qu'espaces attractifs aux
dynamiques fortes, les littoraux sont directement concernés :
industries, tourisme, transports (Sanguin et al, 1999). De nombreux
écosystèmes particulièrement fragiles ou rares sont ainsi
menacés de disparition à l'échelle de la planète.
Les récifs de corail dont 10% de la surface totale a déjà
été détruite et dont 52% est considérée en
sursis (Montaggioni, 2007) est un exemple flagrant. Le cas des mangroves est
aussi préoccupant puisqu'on estime que la moitié de leur
répartition a disparu en cent ans (UICN 2005). Les espèces
animales et végétales sont également concernées par
des menaces d'extinction. En 2008 la proportion d'espèces marines dans
la liste rouge de l'UICN est impressionnante si ce n'est majoritaire. La
situation est depuis une trentaine d'années de plus en plus
préoccupante et suscite une réflexion au niveau mondial.
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