5.2 Un état de fait qui semble pouvoir
s'expliquer
- Une mise en oeuvre partielle et partiale du paradigme
intégrateur
Malgré ses orientations clairement affichées
concernant la place faite aux communautés locales, force est de
constater que le projet d'AMP à Ambodivahibe repose sur une
démarche particulièrement exogène. Avec pour origine la
mobilisation d'une ONG nord-américaine se basant sur des fondements
idéologiques conservateurs (libéraux et conversationnistes), la
question de sa dimension locale reste largement absente. Les modes d'action
sont fortement conditionnés par des facteurs extérieurs
(financement, pressions politiques).
Le projet se veut participatif d'un point de vue
théorique. Dans les faits, on constate que cette approche n'est pas
effective car pour des raisons pratiques et idéologiques les moyens
méthodologiques, humains et financiers qui y sont alloués restent
insuffisants. La compréhension du territoire qui est
développé n'est pas approfondie. Elle repose sur des informations
lacunaires et superficielles ainsi que sur de graves approximations spatiales.
Les relations entre les acteurs sont bien hiérarchisées et
formalisées sur des schémas institutionnels classiques. Les
différents niveaux de réflexion sont compartimentés et
aucune médiation n'est assurée afin de réunir
constructivement les acteurs.
Enfin, le point le plus important semble être l'approche
faite de la participation. Particulièrement réduite et
simplifiée. Elle n'est pas appréhendée dans toute sa
complexité. Les dimensions sociales et surtout territoriales
(multiplicité d'usages sur un même espace, conflits de pouvoirs,
enjeux fonciers) ayant été quasiment oubliées. De nombreux
facteurs l'influençant n'ont ainsi pas été suffisamment
considérés. La participation a donc été
envisagée comme un outil technique de validation représentant en
fait un passage obligé à mettre en oeuvre à minima. Elle
n'a visiblement pas été perçue comme un
élément potentiellement décisif pour la réussite et
la durabilité du projet.
Le caractère simpliste et clairement bio-centré
de l'approche environnementale développée est un
élément à ne pas oublier. La hiérarchisation des
savoirs est très claire. Une analyse très limitée
(inventaires espèces) et spatialement restreinte (récif de la
bais d'Ambodivahibe et forêt sèche adjacente d'Ampio) sert de base
pour de nombreux aspects du projet : perception espace, analyse, orientation et
décisions. Les mesures de conservation et de développement
touristique sont surinvesties tandis que les dimensions développement
local ont du mal à aboutir dans un climat de conflit qui bien sûr
ne les favorise pas.
- Des interactions conflictuelles entre les
échelles d'analyse et d'action
La démarche visant à intégrer la
dimension locale dans la gestion de l'environnement a des conséquences
territoriales considérables. L'analyse du projet à Ambodivahibe
l'a bien montré. Les projets de conservation génèrent des
interactions conflictuelles au niveau local et entre les différentes
échelles d'actions et de décisions. Les opérateurs
investissent et sollicitent de manière contrainte les acteurs locaux qui
n'ont pas toujours fait le choix d'un tel partenariat. Il est important de
noter que cette sollicitation conditionne l'intervention et les actions des
opérateurs, elle est donc davantage obligatoire que volontaire. Dans le
cadre de cette mise en relation quelque peu forcée, les interactions
produites seront donc extrêmement fortes et laissent présager des
blocages de plus en plus problématiques. N'est-il pas possible
d'envisager une approche s'appuyant sur d'autres méthodes
d'interventions. La recherche de la participation serait mise de
côté au profit d'une implication plus pertinente des acteurs
locaux, avant même la définition du projet et des
problèmes.
|