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La baie d'Ambodivahibe, un projet d'aire marine protégée dans le nord de Madagascar

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par Jean-Xavier SAINT-GUILY
Université Bordeaux 3 - Master 1 Géographie 2009
  

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4.7 Les limites de la démarche d'analytique mise en oeuvre

Le projet analysé sur une courte période était dans une dynamique particulièrement active. Il n'a pas été évident dans ces conditions de prendre le recul nécessaire à l'exercice d'analyse. Les barrières culturelles et linguistiques ne doivent pas être négligées. Toutes les allocutions et les conversations auxquelles j'ai assisté n'ont pu m'être traduites. Quand elles l'ont été, il faut prendre en compte les biais liés à cet exercice. La traduction passe par une réflexion et une reformulation qui peut nuire à l'authenticité ou la qualité de l'information (Tröger, 2004). Ne disposant pas d'un interprète, les traductions ont été réalisées selon les situations par une grande diversité d'individus (Chargé de projet, agent technique ou stagiaire du SAGE et de CI, membre des communautés locales). Elles représentaient alors une occasion de plus pour pratiquer une certaine censure pour des raisons variables et propres à chaque traducteur. Cet aspect m'a notamment empêché de vraiment pouvoir mener des enquêtes approfondies auprès de l'ensemble des communautés locales. Il est aussi clair que vu mon statut de jeune « expert » occidental, toutes les informations ne m'étaient pas accessibles.

Contribuant pour beaucoup à sa compréhension, la spatialisation de l'analyse est sûrement un point qui aurait dû être plus développé. Malheureusement, vu les difficultés d'obtention auprès des rares techniciens en SIG du projet et le caractère réduit et imprécis des données disponibles, la production de supports cartographiques est restée très limitée.

5. L'intégration locale, le point faible du projet

5.1 De la pensée globale à un blocage local

Un projet d'AMP qui rencontre des difficultés en partie prévisibles

Le déroulement chronologique l'a bien montré, la création de l'AMP est un processus mouvementé et particulièrement complexe.

De nombreuses difficultés d'ordre méthodologique ont pu être identifiées. L'intégration des actions de terrain au sein du rythme de la vie villageoise n'a pas été facile. La gestion et la coordination dans le temps des différentes phases du projet se sont montrées difficiles. Les retards du processus à Ambodivahibe causé par l'opposition ainsi que les retards dans la livraison des diagnostics ont handicapé les restitutions et les validations au niveau local.

L'implication des communautés locales est surtout restée très limitée. Dans ce contexte, la participation et l'obtention d'un accord réel sur la définition des modalités de l'AP entre le SAGE et les acteurs les plus concernés ont représenté les difficultés majeures du projet. Les vrais conflits générés par l'AMP n'ont en fait jamais pu être abordés lors des réunions d'information et de validation. En effet, particulièrement paisibles sur le moment, ces dernières étaient très souvent suivies de manifestations d'opposition dans les semaines qui suivaient.

La réalité du projet révèle certaines contradictions par rapport à ses objectifs de développement et d'implication des acteurs locaux. Elle fait également apparaître des conflits de représentation entre les différents acteurs impliqués. La complexité géographique du processus génère également des déphasages entre les temporalités politiques, économiques, sociales et environnementales.

Le projet s'est aussi retrouvé devant une situation de plus en plus complexe qui dépassait largement ses promoteurs locaux. L'augmentation des pressions sur les ressources, les espaces et les acteurs clés en sont une bonne illustration.

- Une intégration au niveau local qui reste très limitée

Globalement ce projet n'est pas bien compris par les communautés et les leaders locaux. Ses objectifs, les intérêts qu'il présente ainsi que les modalités du processus ne sont pas bien cernés et restent flous. Son interprétation donne lieu aux hypothèses les plus alarmantes qui sont, bien sûr, reprises par ses détracteurs. Perçu comme une menace, une remise en cause de leurs droits, le projet n'est absolument pas investi par les communautés. La dynamique au niveau local est faible. Des acteurs extérieurs au territoire animent donc le processus qui de surcroît n'est ni accepté ni approprié par les acteurs locaux.

Les problèmes générés par la crise politique concernant le projet traduisent bien la sensibilité et la fragilité de cette approche venue d'en haut vis-à-vis d'une conjoncture nationale dont l'instabilité est importante.

- Une réelle distorsion entre le discours officiel et les perceptions des acteurs

L'ONG Conservation International met en avant concernant ses objectifs et ses modes d'action un discours reposant sur une approche dialectique et constructive du couple environnement/développement. Les documents cadres du SAPM tel que le manuel de procédure de création des AMP insistent également sur l'importance du développement engendré à toutes les échelles par le classement d'espaces protégés. Le projet est donc présenté comme la solution idéale pour la conservation de la biodiversité et au développement du territoire. En réalité, il est principalement porteur de contraintes pour les communautés locales alors que les opérateurs se rendent compte que sa mise en oeuvre reste très problématique.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote