L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006( Télécharger le fichier original )par Corneille YAMBU -A- NGOYI Université de Kinshasa - DES 2005 |
2. Regroupement des populations.Pendant les deux premières décennies du pouvoir Mobutien, l'on émit que la Nation « zaïroise » était née. L'impressionnant appareil militaire et de sécurité que nous venons de décrire précédemment eut raison jusque vers les années 1980 des « rebelles », « sécessionnistes » ou « opposant » de quelque sorte que ce soit. Cependant, nous devons reconnaître qu'un travail d'encadrement autour des idéologies généralement acceptées où presque toutes les couches se retrouvaient : neutralisme positif, unité nationale, la libération totale de l'Afrique, l'indépendance économique et la congolisation de l'économie a soudé le sentiment national406(*). Tous les espoirs étaient permis. Ndaywel écrit à ce sujet : les problèmes issus du spectacle anomique de la décolonisation avaient été, l'un après l'autre éliminés. Après la réduction des sécessions et des rebellions, la société zaïroise se félicitait à présent de la disparition des dernières oppositions armées, du regroupement des provinces et de la dépolitisation du territoire. On s'autorisait à parler plus ouvertement de la relance agricole. En effet, le slogan : « retrousser les manches » avait fait place en 1968 à « Salongo » (travail), chacun étant invité à remplir correctement la tâche qui était la sienne ». Sur le plan international, les coup d'Etat en Afrique furent appréciés comme solutions à des crises politiques internes, pendant que les partis uniques étaient instaurés partout et interprétés comme les solutions inespérées aux excès de la démocratie d'origine occidentale407(*). il y a lieu de constater que de manière incidentielle, la constitution du 24 juin 1967 avec ses multiples révisions, a contribué par la réaffirmation du pouvoir d'Etat à rapprocher les populations autrefois soumises à des seigneurs de guerre, Maquisards, ou révolutionnaires de tout bord, séparées les unes des autres par des pouvoirs fragmentés tel que nous l'avons montré dans les pages précédentes. Ainsi, de 1968 à 1996 lors du début de la guerre de l'A.F.D.L. (Alliance des Forces Démocratique pour la Libération du Congo). La République Démocratique du Congo alors Zaïre disposait d'une population en voie de se constituer en nation dira-t-on. Le Président Mobutu était appelé Père de la Nation. Et même le fondateur de l'Etat congolais moderne. Quelle valeur peut-on accorder à ces affirmations avec le recul du temps ? Certes, le régime Mobutien a eu le mérite de consolider la paix et de rendre viables pour la construction d'un Etat, le territoire et la population. Cependant force est de reconnaître que le défaut d'institutionnalisation rendrait vains tous les efforts de réfondation de l'Etat. * 406 Le professeur Lumanu dit que ces thèmes habilement choisis ont été d'une popularité inégalée. Voy. Lumanu (MBS), op.cit, p. 398. * 407 Ndaywel, op.cit, p. 666, le Mouvement de coup d'Etat s'étendit notamment en République Démocratique Centrafricaine (Décembre 1965), au Nigeria (janvier et juillet 1966), à la Haute Volta (1966), au Ghana (février 1966), au Burundi (1969), au Togo, au Mali, en Sierra Léone (1967), en Somalie et au Soudan (1969) à l'Ouganda (1971) et au Rwanda (1973).... |
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