Introduction de la première partie
Cette partie intitulée << Approche historique
des profanations des tombes >> est centrée sur
l'interrogation du passé ; en tant que matériau indispensable et
susceptible de nous apporter des éclaircissements, afin de mieux
connaître la réalité sociale d'aujourd'hui. En effet, nous
pensons que la profanation des tombes et des corps prend ses racines dans le
culte des ancêtres et où les ossements humains,
particulièrement le crâne humain, en sont les principaux
éléments. Des éléments sans lesquels aucune
vénération, aucune supplication ne peut être faite aux
ancêtres.
En fait, le culte des ancêtres montre que les ossements
humains qui y sont conservés et utilisés, apparaissent comme des
fétiches (c'est-à-dire comme des choses, des objets censés
détenir un quelconque pouvoir surnaturel, surhumain ou extraordinaire et
se présentant comme des intermédiaires permettant aux vivants de
dialoguer avec leurs ancêtres).
Par ailleurs, dans ces sociétés symboliques et
lignagères, le culte des ancêtres (le << Byéri
>>, le << Melan >> chez les Fang, l'« Agombé
Nèrô >> chez les Myènè, le << Malumbi
>> chez les Eshira ou encore le << Ndjobi >> chez les Adouma,
les Massango et les Obamba ou encore du Bwiti chez les Mitsogho, etc.)
était exclusivement familial et clanique parce qu'on
vénérait ses propres ancêtres responsables des
lignées des vivants. Les Fang par exemple << mettaient le meilleur
d'eux-mêmes à vénérer leurs Ancêtres, dans le
culte. Le byer est le fondement des valeurs morales auxquelles les individus
doivent se conformer dans les usages, les rites, les croyances. Tous les
sacrifices et les formules invocatoires se réfèrent à lui
>>.77
Pour tout dire, le byéri est le socle de la
société Fang car << la société Fang
était inconcevable sans le byer >>.78 Il est <<
simplement une pratique rituelle -tout comme " la flamme du souvenir"-
consistant en un "culte" privé, familial, rendu aux mânes des
ancêtres, afin d'obtenir, à la fois leur bienveillance et leur
protection et d'honorer leur
77Paulin NGUEMA OBAM, Aspects de la religion Fang,
Essai d'interprétation de la formule de bénédiction,
Paris, Karthala/A.C.C.T, 1983, p.54.
78 Ibid., p.42.
mémoire ».79 Ce qui prouverait que la
puissance dans le crâne est sociale et elle est là pour
protéger, non pas pour détruire.
Nous verrons d'abord dans le premier chapitre, le rôle
des reliques au Gabon avec toutes leurs implications. Ensuite, dans le seconde
chapitre, nous montrerons comment la conversion des gabonais au christianisme,
donc à un autre sacré, conduira à la criminalisation de
leurs propres pratiques reliquaires.
79André RAPONDA-WALKER et Roger SILLANS,
Rites et croyances des peuples du Gabon. Essai sur les pratiques
religieuses d'autrefois et d'aujourd'hui, Libreville, éd.
Raponda-Walker, (coll. « Hommes et société »),
2005, p.147.
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