C) Quelles sont les raisons qui poussent ces jeunes
à la "biture express"?
L'alcoolisation fait partie en France d'un code de politesse
culturellement ancré, vu comme un rite social. L'alcool
représente le passage à l'âge adulte c'est à dire
l'indépendance, l'intégration à la société.
L'alcool permet l'identification aux autres comme par exemple les hommes de la
famille, les personnes adultes, les copains pour leur image virile. L'alcool a
une certaine reconnaissance sociale de l'identité virile.
Boire pour les jeunes permet aussi l'affirmation de sa
différence face aux parents. L'alcool a un rôle
d'intronisation aux rituels sociologiques de la fête. Il
apparaît aussi comme un facteur important à la
convivialité, et donc de l'intégration sociale de la personne.
Chez les jeunes, la consommation d'alcool relève avant
tout d'un souci d'intégration. En effet, faire partie d'un groupe, c'est
en acquérir les usages. Les jeunes boivent pour s'identifier à
d'autres jeunes. Cependant l'autre motivation chez les jeunes de
l'alcoolisation, c'est la recherche de l'ivresse rapide, recherche de ses
propres limites c'est pour cela que l'utilisation de certains produits permet
d'éprouver et souvent de trouver certaines sensations encore inconnues
pour la jeune personne. En cette période d'entre-deux, les jeunes
cherchent leur identité. L'ivresse est recherchée, moins pour le
plaisir qu'elle procure, mais plus comme moyen d'évasion, oublier les
difficultés du quotidien, oublier l'avenir morose ou encore la
précarité.
Dans le livre "Ces ados qui "en prennent" de Sophie Le
Garrec, elle explique que l'alcoolisation serait le résultat d'un
"souci d'intégration par le groupe de pairs : boire est la
première norme importante dans la population adolescent. La
fonction de l'alcool est avant tout sociale, par le fait de se sentir dans le
même état que ses pairs".
L'alcool se traduit chez les jeunes par une quête
d'identité, peu sûrs d'eux-mêmes et du sens qu'ils donnent
à leur vie, comme un début d'affirmation de soi.
Cependant d'autres études montrent que le fait de boire
chez les jeunes, c'est pour la recherche de sensations fortes qui permettrait
de lutter contre l'ennui.
Un certain mal-être, de mauvaises relations avec les
parents, l'échec scolaire ou des tentatives de suicide sont souvent
associés à des consommations abusives d'alcool.
4)Entre prévention et publicité
ñ Moyens pour lutter contre l'alcoolisation des jeunes en
France
? Lois et prévention: retour
historique
L'alcool est une drogue licite dont la production, le commerce,
et la consommation sont réglementés mais encadrés en
France avec notanment différentes lois pour lutter contre ce
fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur dans notre pays.La
commercialisation et la distribution de l'alcool sont autorisés mais
réglémentés en France depuis plusieurs siècles,
principalement depuis que ces boissons sont taxées par l'Etat.
L 'une des premieres mesures permettant de sanctionner la
consommation d'alcool fut d'interdire l'ivresse publique en 1873.Les textes
législatifs concernant les boissons alcoolisées apparaissent dans
de nombreux Codes dont le code de la santé publique qui intervient pour
sanctionner les troubles de l'ordre publique. Ainsi l'ivresse constatée
dans un lieu public peut s'éléver à une amende de 150
euros . En 1915, la France interdit la production d'absinthe afin de lutter
contre l'alcoolisme.
La publicité des boissons alcoolisées est
réglementée depuis 1941. Cette règlementation a souvent
été modifiée, en 1991 la loi Evin permet de limiter
fortement le droit de faire de la publicité aux boissons
alcoolisées afin de protéger les jeunes des opérations de
marketing. De ce fait, la publicité sur l'alcool à la
télévision et au cinéma sont interdites,à cela
s'ajoute l'apparition sur toutes les publicités concernant l'alcool le
slogan suivant: « L'abus d'alcool est dangereux pour la
santé : consommez avec modération » afin de
dissuader le plus possible les jeunes à consommer de l'alcool et de
montrer les risques que cela peut engendrer suite à une consommation
abusive.
Plus récemment , la ministre de la santé de
l'époque Roselyne Bachelot est parti en guerre contre ce
phénomène grave, avec notamment différentes lois afin de
lutter et de stopper ce problème de santé public chez les
jeunes.
Pour cela, le gouvernement français a mis en oeuvre
d'autres restrictions comme de réglementer les débits de
boisson, d'en limiter le nombre et de protéger les mineurs avec le
"Code des débits de boisson et de lutte contre l'alcoolisme" crée
en 1954. L'une des mesures phare de Roselyne Bachelot fut d'allonger
l'interdiction de la vente d'alcool à 18 ans au lieu de 16 ans.Cette
interdiction devrait permettre une diminution de la consommation globale
d'alcool chez les plus jeunes, alors que le nombre d'hospitalisations pour
ivresse de mineurs de moins de quinze ans a augmenté de 55 % entre 2004
et 2007. Cependant les critiques venant des commerçants ne se sont pas
faire attendre car pour eux il est très difficile de contrôler
systématiquement la date de naissance des jeunes à chaque achat
d'alcool. Par ailleurs, une enquête pour le site Rue86
révèle que cette loi est encore très peu appliquées
malgré les sanctions financières.En effet, par le biais de trois
jeunes complices :Joseph (12 ans), Alice (16ans), Ernest (14ans) ,
l'enquête montre la facilité encore aujourd'hui malgré la
loi en vigueur d'acheter de l'alcool. Pour cela, ces trois adolescents ont
réussi à acheter de l'alcool dans des magasins . En effet Joseph,
agé de 12 ans s'est procuré 2 bouteilles de vin rouge, 1 canette
de bière et une bouteille de bière avec une très grande
facilité . De même pour Ernest, 14 ans,qui a réussi
à acheter 1 bouteille de vin rouge, 1 bouteille de vodka, 1 bouteille
de bière et a consommé un demi Monaco sans que cela pose
problème, et le résultat reste le même pour Alice. Cela
prouve encore les progrès à faire pour améliorer la
situation et que l'interdiction n'est peut être pas la meilleur solution
face à des jeunes en soif de transgression.
De plus, afin de contrer ce phénomène touchant
beaucoup les jeunes durant les soirées étudiantes ,la ministre a
interdit la vente d'alcool à volonté c'est à dire les
opens bars, qui permettait aux étudiants de boire le maximum d'alcool
à un prix écrasant toute concurrence et donc de se
« défoncer » très facilement.
D'autres mesures ont été adoptés par les
députés comme la vente d'alcool dans les stations-services pour
toujours lutter contre les accidents de la route qui touche majoritairement les
jeunes. Prévue pour être totale dans le texte initial du projet de
loi, l'interdiction de vente d'alcool en stations-service n'a finalement
été que majorée .En effet, l'achat d'alcool sera interdit
entre 18 et 8 heures du matin, contre 22 et 6 heures auparavant.
Cependant , la loi Bachelot autorise la publicité pour
l'alcool sur internet . En effet, cette mesure comble un vide juridique
existant depuis la loi Evin de 1991, puisqu'à l'époque la loi
interdisait la publicité pour l'alcool mais internet n'était
pas encore développé.Cependant le texte précise que les
publicités concernant l'alcool ne seront pas autorisées sur les
sites destinés à la jeunesse. Cependant on peut se demander si
cela est dissuasif en sachant que les jeunes ne vont pas forcement surfer que
sur des sites de jeunnesses.
De plus ,toujours pour lutter contre l'alcoolimie au volant et
surtout diminuer le nombre de jeunes morts en constante augmentation, le loi
du 9 juillet 1970 instaure, pour la première fois en France, un taux
légal d'alcoolémie. Ce taux sera au cours des dernières
décennies couramment baisser, avec un seuil d'alcoolémie
tolérée. En 2006, 21,8 % des conducteurs âgés de 18
à 24 ans impliqués dans des accidents de la route mortels
présentaient une alcoolémie illégale.(ESCAPAD, OFDT, Mai
2007)
En 2009, Xavier Darcos , ministre de l'éducation à
l'époque, interdit la consommation d'alcool sur la voie publique
à proximité des établissements scolaires.
Cependant l'interdiction ou la restriction par des lois ne
suffit pas pour gagner ce combat il faut aussi un énorme travail de
prévention en amont. En effet, il faut expliquer aux jeunes , les
risques engendrés par l'alcool sans toutefois être dans la
sanction. Pour cela, il faut élaborer des campagnes de sensibilisations
des jeunes aux risques immédiats liés à la consommation
excessive d'alcool.
Ci-dessous une affiche de prévention contre l'alcoolimie
des jeunes en volant.
Ce genre de compagne très percutante a pour objectif de
montrer les risques liés à l'alcool comme des accidents,
comportements violents et agressions, rapports sexuels non
protégés ou non souhaités, comas éthyliques.
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a lancé
le 17 juillet 2008 la campagne "boire trop, des sensations trop
extrêmes", accompagnant la loi limitant la consommation d'alcool chez les
jeunes. Il s'agit de spots choc pour lutter contre l'alcoolisation massive des
jeunes et diffusés dans différents médias : TV, radio
et cinéma.Cependant ces différentes campagnes s'éloignent
de la logique moralisatrice pour ne pas stigmatiser les jeunes. Le spot TV de
40 secondes commence par des jeunes sur une plage, coucher de soleil, jolies
filles légèrement vêtues et pour finir par vomissement,
violences, abus sexuels, noyades. De plus,un site Internet "boiretrop.fr" a
été mit en place au moment de la campagne afin de fournir une
information plus complète sur l'alcool et ces risques.
En fin d'année 2005, pour renforcer l'impact du principe
du conducteur désigné et faciliter son appropriation par les
jeunes, la Sécurité routière a décidé de
baptiser le conducteur désigné par le prénom
« Sam ». Les éléments de la campagne mettent
en scène le concept du « conducteur désigné »
avec la mise en situation de Sam, sobre et responsable, raccompagnant ses amis
.
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