SECTION 3 : PISTES EXPLORATRICES POUR LE FINANCEMENT
DES PME.
Les Petites et Moyennes Entreprises rencontrent des
difficultés pour accéder au financement bancaire. Ces
difficultés ont souvent été perçues comme une
conséquence directe des irrégularités que
présentent ces entreprises. Mais la responsabilité incombe aussi
aux conditions d'application du système bancaire. Du reste, le
système financier actuel est inadapté ou n'est pas assez
équipé pour répondre tout seul aux multiples besoins
financiers des PME. Des propositions ont déjà été
faites sans pour autant résoudre conséquemment la question du
financement.
I : Discussion de quelques mécanismes
déjà proposés.
Face au constat d'une part de la faible intervention des
banques commerciales dans le financement du secteur privé, et d'autre
part, malgré les différentes mesures incitatives mises en place
à ce jour, des solutions ont déjà été
recherchées. C'est ainsi que dans le cadre de la récente CHARTE
des PME du Burkina Faso (Juillet 2010), en son CHAPITRE VIII, Articles
18,19,20,21 et 22 il a été prévu entre autres :
- La simplification des procédures de financement des
PME par les institutions de financement et l'adaptation des fonds nationaux de
financement en rapport avec les besoins spécifiques des PME.
- La mise en place de nouveaux outils de financement des PME,
dont les lignes de crédits, les prêts d'honneurs, les
sociétés de capital- risque, les sociétés de
cautionnement mutuel, et les mécanismes de garanties des prêts
pour assurer une couverture maximale du risque.
Par ailleurs, toujours dans le souci de résoudre
durablement le problème de financement qui sévit depuis nombre
d'années, l'Etat s'investit dans la multiplication des structures de
micros finance, des centres d'appuis aux jeunes, aux femmes, et aux
entrepreneurs (confère liste détaillée en annexe 3).
Tout en consolidant les acquis déjà
réalisés, des perspectives peuvent être envisagées.
Pourquoi donc ne pas mettre l'accent surtout sur les facteurs risque et
garantie étant donné qu'elles en sont les plus
déterminantes dans le problème de financement. C'est en cela nous
proposons quelques actions susceptibles de drainer des ressources importantes
en faveur des PME.
II : Propositions d'actions.
Les solutions alternatives susceptibles de produire des
résultats à moyen et long terme devraient pour notre part,
s'orienter essentiellement vers des schémas mettant en jeu les
différents acteurs du système financier.
Le « chainon manquant » du financement des
entreprises ne devrait pas être perçu comme « un ensemble de
faveurs qui devraient être faites » au profit des PME sans garantie
de succès. Ce serait plutôt à notre avis un triptyque
« Etablissement financiers-Intermédiaires financiers - PME »
agissant dans une logique de synergie et de complémentarité
d'actions et devant prendre en charge la question du risque et de garantie. En
parallèle, il serait important que les pouvoirs publics soutiennent le
secteur privé à travers une plus grande rationalisation des
mécanismes déjà existants.
Ainsi, le schéma de financement que nous proposons tient
compte :
? de l'option de professionnalisation des acteurs du financement
;
? de la nécessitée d'implication des pouvoirs
publics à travers des actions de soutien telles que la promotion de
fonds de garantie et de structures de capital-risque.
Graphique 7 : Schéma de financement
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Moyennes entreprises à besoin de fonctionnement
Fonds de garantie.
Structures de capital-risque
Micros entreprises à besoin
d'investissement et de fonctionnement
Banques commerciales
Moyennes entreprises à besoin
d'investissement
Sociétés de crédits bail
Structures de micros finances
Source schéma : Construit par l'auteur, 2010
Légende :
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= Catégories de PME = Intermédiaires
financiers = Structures de financement = Flux de
financement
Les PME étant à des niveaux de
développement et d'activités différents, leurs besoins
devront être pris en charge de façon différenciée.
Ainsi, dans le présent schéma, les PME sont classées en
trois(3) catégories : les moyennes entreprises a besoins
d'investissement massifs (exerçant dans le secteur secondaire comme
l'industrie), les moyennes entreprises à besoin de fonctionnement et les
micros entreprises (exerçant dans le petit commerce, la menuiserie, la
poterie et les autres activités du secteur informel).
A travers ce schéma, nous proposons d'abord aux
établissements financiers de promouvoir le crédit bail pour
assurer le financement des investissements des Moyennes Entreprises. En effet,
le crédit bail en tant qu'instrument de financement propose des
conditions plus souples sans exigence de garantie conséquente. De plus,
l'Etat devrait développer les fonds de garanties qui serviront
d'intermédiaires entre les banques et les moyennes entreprises, afin que
ces entreprises puissent accéder aisément au crédit
classique des banques commerciales. En effet, la logique des fonds de garantie
est d'amener les intermédiaires financiers agréés à
octroyer des crédits à des opérateurs économiques
qui ne disposent pas de garanties.
Les PME susceptibles de trouver directement des financements
auprès des banques sont les Moyennes Entreprises à besoin de
fonctionnement, ayant une structure financière solide, un marché
clairement identifiée, sur lequel elles interviennent
déjà, avec des perspectives de croissance, une rentabilité
actuelle et future évidente et dont les promoteurs sont capables
d'apporter des garanties réelles ou personnelles acceptables.
Les Micros Entreprises quant à elles devront se diriger
auprès des structures de micro finances telles que les fonds d'appuis
mis en place par l'Etat, le réseau des caisses populaires, afin de
trouver aisément un financement. Leur accessibilité au
financement bancaire nécessite la prise en charge du risque lié
au financement. D'oü l'importance de créer des structures de
capital-risque qui devront servir d'intermédiaires entre micros
entreprises et banques commerciales.
Toutefois, la mise en oeuvre du financement durable
nécessite aussi un certain nombre de préalables et de mesures
d'accompagnement de la part des acteurs.
III : Mesures d'accompagnement
Parallèlement à nos plans d'actions, des efforts
doivent être consentis de part et d'autre. > A l'égard des
entrepreneurs.
Il s'agira essentiellement :
- d'avoir le sens de la responsabilité, le respect des
engagements et devront susciter la confiance dans leurs relations avec les
établissements financiers ;
- de créer des associations de cautions mutuelles au
sein de chaque corps de métier (artisanat, menuiserie,
sidérurgie, agriculture etc.) qui, à travers des cotisations
permanentes pourront se porter en garantie à la banque au
bénéfice d'un membre qui solliciterait un financement.
> A l'égard de la Banque centrale(BCEAO)
Au niveau de la banque centrale, il serait intéressant
qu'elle pense a une nouvelle dynamisation des conditions de financement
bancaire dans l'économie. Ainsi,
- la causalité entre taux directeur et taux
d'intérêt devrait permettre au système financier d'enrichir
son offre face aux besoins de son marché actuel tout en s'adaptant aux
mutations et aux exigences internationales du métier de la finance ;
- l'allégement des conditions de surveillance devrait
permettre une meilleure prestation en ce qui concerne le financement par les
banques. Ainsi, celles-ci prendront certes plus de risque, mais seront plus
aptes à accompagner les PME dans la réalisation de leurs
projets.
> A l'égard des établissements financiers
(en particulier CORIS BANK), il s'agira de :
- rationnaliser les frais de gestion et autres conditions
applicables à la clientèle ;
- d'améliorer la bancarisation par un déploiement
géographique des agences bancaires sur le territoire afin de rapprocher
aux mieux la banque des PME.
- et de promouvoir le crédit bail (qui de part son
coût élevé ne nécessite pas de garantie
conséquente) pour financer surtout l'investissement mobilier des
entreprises en création.
> A l'égard des pouvoirs publics, la
nécessité s'avère de :
- promouvoir les fonds de garanties ainsi que le recours plus
fréquent des entreprises au service de ces institutions au regard du
niveau élevé du risque ;
- et d'assainir d'avantage le climat des affaires au Burkina en
révisant notamment le régime d'imposition appliqué aux
PME.
Il ressort donc que la problématique du financement des
PME par CORIS BANK est une question à responsabilités
partagées entre les acteurs. D`une part, la banque dont les
possibilités de crédits sont limitées et d'autre part, des
insuffisances internes aux entreprises sont constatées. De plus,
l'incertitude de remboursement à laquelle la banque fait face (risque),
traduit toute son exigence d'une garantie conséquente pour parer
à cette éventualité; garantie non toujours détenue
par les promoteurs.
La problématique du financement des PME est
récurrente au Burkina Faso et elle interpelle à cet effet tous
les acteurs économiques aussi bien les entreprises, l'Etat, la banque
centrale et les établissements financiers en vu d'une véritable
promotion du financement bancaire à cette catégorie
d'entreprise.
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