II.2- L'environnement des affaires
La considération de l'environnement de l'entreprise est
nécessaire et fondamental dans le processus de financement puisque
l'entreprise n'est pas une entité vivant en autarcie : elle interagit
dans un contexte géographique avec un ensemble d'acteurs
extérieurs.
Le comité des bailleurs pour le développement
des entreprises(1998) définit l'environnement des affaires comme «
l'ensemble des conditions politiques, légales, institutionnelles et
réglementaires qui régissent les activités des entreprises
». Au vu des multiples efforts entrepris par les autorités
depuis deux (2) décennies (création du CEFORE et autres
structures d'appuis aux entreprises), l'environnement des affaires
burkinabè se veut plutôt favorable mais demeure toutefois à
parfaire.
En effet, le poids de la fiscalité est toujours
décrié par les PME qui du reste, optent souvent pour le secteur
informel pour éviter toute forme d'imposition.
Cette pression fiscale est une véritable charge pour la
création et le développement d'une entreprise surtout de type PME
car elle réduit ses résultats, et ses prévisions
financières ; toute chose qui influence négativement sa demande
de financement.
Par ailleurs, les PME font face au quotidien à un
environnement concurrentiel instable. Cela est dû au fait que ce secteur
occupe une grande partie de la population qui crée des entreprises
régulièrement dans des conditions « informelles ~
(l'ouverture au quotidien de boutiques, quincailleries et divers magasins).
Cette instabilité concurrentielle des PME ne devrait non pas rester
indifférente a l'entreprise, mais l'amener plutôt a ne pas
élaborer ses prévisions financières en fonction d'une
position acquise.
En effet, une quincaillerie qui détient 50% de Part De
Marché (PDM)6 et qui prévoit un chiffre d'affaires de
cinq (5) millions peut être dans l'incapacité d'atteindre cet
objectif car un secteur aussi porteur que celui-ci est l'objet
régulièrement d'investissement par de nombreux promoteurs. Ainsi,
50% de PDM aujourd'hui peut être réduit de 20% dans une
année. Ce constat, aussi partagé par la banque joue en la
défaveur de l'entreprise pour l'obtention d'un financement.
II.3 : Le poids du secteur informel
Le secteur privé au Burkina Faso porte à 32%
l'emprunte « informelle ». Cette prédominance du secteur
informel témoigne de l'importance d'entreprises traditionnelles et
familiales dans l'économie. Celles-ci, concentrées en zones
rurales exercent dans les activités traditionnelles de fabrication
(forge, sculpture, poterie, broderie, peinture, menuiserie, couture et
sidérurgie). Dans de telles structures, on parle très peu
d'investissement quand bien même le besoin se fait imminent. Le
matériel utilisé est de forme traditionnel et
généralement hérité d'un membre de la famille, ou
de la colonisation. L'obsolescence de l'outil de travail est
indifférente aux promoteurs; pourvu que la production soit
réalisée.
De plus, il n'existe pratiquement pas en leur sein de politique
gouvernementale, commerciale, technique encore moins de politique
financière.
Caractérisées dans leur ensemble, par le
vieillissement du matériel de production, la mauvaise qualité des
biens produits (peu compétitifs en qualité et en prix), il est
difficile pour ces entreprises de disposer d'une garantie conséquente
pour couvrir un éventuel risque de crédit.
6 Part de marché(PDM)=Elle représente le
pourcentage du chiffre d'affaire de l'entreprise par rapport au chiffre
d'affaire global de l'ensemble des entreprises évoluant dans le
même secteur.
Risque Garantie Coût du crédit Gouvernance
7%
10%
37%
46%
C'est pourquoi, de telles entreprises ne répondent
aucunement aux critères de financement définis par les banques.
Elles (banques) ne sont donc pas adaptées pour financer ces types
d'activités aux « risques élevés ».
A travers les éléments ci-dessus cités,
il nous a été surtout question de mettre en évidence les
variables qui sont à la base du problème de financement. Ayant vu
que le risque de crédit est assimilé comme étant celui de
non remboursement, celui-ci dépend aussi de l'environnement des
affaires, et du poids du secteur informel. Ces facteurs ont donc
été considérés comme faisant partie du risque.
Ainsi, environ 46% des problèmes de financement à CORIS BANK sont
dûs au fait que le risque est élevé, 37% du fait de
l'absence de garantie, 7% à cause du système de Gouvernance et
10% parce que le coût du crédit est élevé ;
d'oü nous établissons ce graphique illustratif.
Graphique 6 : Les principaux facteurs
déterminants dans la problématique du financement
Source : Construit par l'auteur, 2010
Le risque du crédit et l'insuffisance de garantie
conséquente sont donc les facteurs les plus déterminants dans la
problématique du financement des PME. Les facteurs tels que le
système de gouvernance et le coût du crédit sont aussi
d'une influence non négligeable.
Eu égard des considérations qui
précèdent et en vu de contribuer à une véritable
promotion du financement aux PME, il nous a été amené
d'explorer quelques pistes, en guise de recommandations susceptibles de
promouvoir d'avantage le financement aux PME.
|