I.4 : L'influence du cadre règlementaire
L'histoire des crises financières et surtout celles du
XXème siècle a montré que le système bancaire, pour
indispensable qu'il soit a la croissance d'un pays n'est pas a l'abri de
l'instabilité. Cette instabilité présentée sous la
forme de fortes fluctuations des prix, de création irraisonnable et
démesurée de monnaie (scripturale) peut avoir des
conséquences négatives sur la réalisation des projets
d'investissements du secteur privé et la croissance des Etats.
C'est la raison pour laquelle la régularisation du
système bancaire conserve une fonction pertinente et indispensable dans
une économie de marché comme celle du Burkina Faso. A cet effet,
les autorités monétaires de l'UEMOA (BCEAO) ont mis en place a
travers la commission bancaire un dispositif de suivi et de surveillance des
banques pour respecter l'orthodoxie bancaire et se conformer aux règles
et normes préétablies. Il s`est donc agit d'abord, de
redéfinir la politique de crédit en révisant les
conditions des banques commerciales et par la mise en oeuvre d'une politique de
rationnement de crédit.
- Les conditions de banque : par ce biais, les
autorités monétaires entendent contrôler les conditions de
distributions de crédit à travers les commissions et les taux
pratiqués par les banques commerciales. En cas de « gonflement
» de la masse monétaire, la BCEAO durcit les conditions de banque :
l'offre de crédit étant plus chère, la demande diminue.
Ce procédé aboutit à pénaliser les
entreprises qui recourent essentiellement au crédit pour financer leurs
activités.
- L'encadrement ou le rationnement du crédit: cette
technique consiste en une limitation directe et impérative du volume de
crédit accordé par les banques.
Le financement bancaire des PME est donc soumis aux conditions
de la politique monétaire. Ceci a constitué une raison
supplémentaire pour les banques de marquer un certain recul face au
financement des entreprises. Mais, de la capacité de la banque à
financer les entreprises dépend aussi la nature de ses ressources.
I.5 : L'inadaptation des ressources de la
banque
La faible intervention de la banque dans le financement des
PME trouve aussi son explication dans la structure de ses ressources. De fait,
la banque est un intermédiaire financier entre les agents
économiques en excédent de liquidités et ceux en besoin de
liquidités. Elle finance donc les activités de ceux en besoin
avec l'épargne constituée par les autres agents
économiques. Cette épargne est dans la majeure partie des cas
constituée de dépôts a vue ou de court terme faisant
l'objet de retraits permanents.
Pourtant, les PME nécessitent
généralement pour se développer des crédits de
moyen et long terme (supérieur a 2 ans). Cette divergence d'actions
entre épargnants et emprunteurs limite la capacité de la banque
à transformer une liquidité de court terme en moyen de
financement de moyen ou long terme.
Ainsi, l'inadaptation des ressources de la banque et
l'influence du cadre prudentiel sont des facteurs tous aussi importants les uns
que des autres qui limitent indirectement et indépendamment de la
volonté de la banque, ses capacités de financement aux PME.
Compte tenu de leur influence indirecte dans le financement des entreprises,
ces facteurs ne sont pas perceptibles par les agents dans le processus du
financement. D'oü la non prise en compte de ces variables dans notre
collecte de données.
CORIS BANK est donc réticente a financer les PME parce
qu'elle fait face à un risque qui ne trouve pas toujours une garantie
conséquente pour le compenser. De même le système actuel de
gouvernance de ces entreprises entraine la méfiance de la banque
à l'égard des promoteurs. Toute fois, d'autres facteurs
contraignent les PME à accéder au financement bancaire.
II: Les entraves à l'accès au crédit
par les PME.
Les PME dans leur quête perpétuelle de
financement se trouvent confrontées à des obstacles qui ne leur
rendent pas la tâche facile. Parmi ceux-ci, figurent le coût du
crédit et l'influence de facteurs structurels qui jouent en leur
défaveur.
II.1 : Le coût du crédit
Le coût du crédit est l'ensemble formé du
taux d'intérêt et des commissions bancaires.
L'intérêt est une somme représentant le loyer de l'argent
prêté que la banque prélève périodiquement
selon les clauses du contrat de crédit. Le taux d'intérêt
varie entre 8% et 15% (taux débiteur) pour les crédits par caisse
et entre 1% et 3%(taux débiteur) pour les engagements par signature,
toutefois négociable en fonction de la crédibilité du
projet et du niveau de risque lié au crédit. La banque
perçoit aussi des frais sous forme de commissions dont la valeur
dépend également du montant du financement et de sa
durabilité.
L'influence du taux d'intérêt notamment dans une
entreprise peut être perçue a travers le compte de résultat
prévisionnel et les autres états financiers. De fait, les
intérêts constituent des charges financières payables
mensuellement ou annuellement selon les clauses du contrat et affectent donc la
rentabilité de l'entreprise. Ainsi, toute augmentation du taux
d'intérêt par la banque augmente les charges financières de
l'entreprise, s'en suivra une baisse du résultat financier5
puis du résultat net. Toute chose qui engendre par la suite une baisse
de la rentabilité financière de l'entreprise. Ce qui ne cadre pas
avec ses objectifs préétablis.
Cet état de fait ne demeure indifférent à
toute Petite et Moyenne Entreprise et est perçu comme un obstacle
l'empêchant d'adopter un comportement opportuniste. En effet,
l'entreprise est un agent économique dont la fonction principale est la
maximisation du profit. La rationalité et l'optimisation qui
caractérisent son action suppose que les promoteurs des PME choisissent
toujours ce qui leur est meilleur parmi ce qui leur est accessible. La
négociation du taux d'intérêt ne cadre pas toujours avec
les prévisions menées par les promoteurs. Ceux-ci,
considèrent souvent que les taux appliqués par les banques sont
élevés.
5 Résultat financier : Résultat
dégagé par l'activité financière de l'entreprise
(Produits financiers -charges financières).
influence du coût du crédit
crédits d'investissement crédits de fonctionnement
crédits par signature
57%
14%
29%
C'est pourquoi 10%( tableau 2) des problèmes de
financement rencontrés à CORIS BANK sont du fait des PME, qui,
estimant le coût du crédit élevé, manifestent de ce
fait leur réticence. En fonction des catégories de
crédits, l'influence du coût du crédit est perçue
ainsi :
Influence du coût du crédit dans les cas
spécifiques de problèmes de financement.
Variable
Types crédits
|
Coût de crédit
|
Crédits d'investissement
|
29%
|
Crédits de fonctionnement
|
57%
|
Crédits par signature
|
14%
|
Totaux
|
100%
|
Source : Extrait tableau 3, colonne 5
De ce tableau nous établissons le graphique suivant :
Graphique 5 : Représentation graphique de
l'influence du coût du crédit
Source : Construit par l'auteur, 2010
Le coût du crédit est beaucoup plus
déterminant pour les crédits de fonctionnement, un peu moins pour
les crédits d'investissement et très faiblement pour les
crédits par signature car les taux débiteurs et les frais
bancaires sont quasiment uniformes dans la plupart des établissements de
crédits.
En assimilant l'entreprise comme « consommatrice de
crédit » sur le marché du crédit, nous pouvons penser
qu'elle adopte le même comportement que celui du consommateur sur le
marché des biens et services.
Elle fait donc face à une contrainte de gains futurs
qui seront générés par son projet et ses
préférences sont représentées par une fonction
d'utilité. Le problème principal qui se pose à elle est :
comment maximiser sa satisfaction sous la contrainte de ses gains futurs qui
seront générés par l'obtention du crédit. L'analyse
du concept de l'utilité et des préférences montre que
certaines combinaisons de taux d'intérêt procurent plus
d'utilité a l'entreprise.
Il est donc tout à fait logique de penser que les
entreprises rechercheront toujours les combinaisons de taux qui leur
procureront la plus grande satisfaction. Pourtant celles-ci, considèrent
souvent ces taux élevés et de ce fait non minimal. Toute chose
qui minimise leur satisfaction; d'oü leur réticence a une demande
de financement dans ces conditions.
Ainsi, si pour un taux de crédit de 10% proposé
à CORIS BANK, une moyenne entreprise prévoit de
générer un résultat net de 500.000 F CFA, pendant que la
Banque Atlantique propose un taux de 9,5% pour le même projet avec
cependant des prévisions de résultat de 700.000 F CFA, il est
tout a fait normal que l'entreprise se retourne vers la Banque Atlantique.
Le coût du crédit entraine donc une
réticence des PME au financement. Mais ces entreprises sont aussi
confrontées a d'autres obstacles qui leur empêchent
l'accessibilité au financement. Sont de ceux ci, l'environnement des
affaires, et le poids du secteur informel.
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