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Problématique du financement des PME par les établissements bancaire : cas de Coris bank

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par Théophile Fabrice NEZIEN
Université Saint Thomas d'Aquin - Maitrise en Economie,Gestion des Entreprises et des Organisations 2010
  

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I.4 : L'influence du cadre règlementaire

L'histoire des crises financières et surtout celles du XXème siècle a montré que le système bancaire, pour indispensable qu'il soit a la croissance d'un pays n'est pas a l'abri de l'instabilité. Cette instabilité présentée sous la forme de fortes fluctuations des prix, de création irraisonnable et démesurée de monnaie (scripturale) peut avoir des conséquences négatives sur la réalisation des projets d'investissements du secteur privé et la croissance des Etats.

C'est la raison pour laquelle la régularisation du système bancaire conserve une fonction pertinente et indispensable dans une économie de marché comme celle du Burkina Faso. A cet effet, les autorités monétaires de l'UEMOA (BCEAO) ont mis en place a travers la commission bancaire un dispositif de suivi et de surveillance des banques pour respecter l'orthodoxie bancaire et se conformer aux règles et normes préétablies. Il s`est donc agit d'abord, de redéfinir la politique de crédit en révisant les conditions des banques commerciales et par la mise en oeuvre d'une politique de rationnement de crédit.

- Les conditions de banque : par ce biais, les autorités monétaires entendent contrôler les conditions de distributions de crédit à travers les commissions et les taux pratiqués par les banques commerciales. En cas de « gonflement » de la masse monétaire, la BCEAO durcit les conditions de banque : l'offre de crédit étant plus chère, la demande diminue.

Ce procédé aboutit à pénaliser les entreprises qui recourent essentiellement au crédit pour financer leurs activités.

- L'encadrement ou le rationnement du crédit: cette technique consiste en une limitation directe et impérative du volume de crédit accordé par les banques.

Le financement bancaire des PME est donc soumis aux conditions de la politique monétaire. Ceci a constitué une raison supplémentaire pour les banques de marquer un certain recul face au financement des entreprises. Mais, de la capacité de la banque à financer les entreprises dépend aussi la nature de ses ressources.

I.5 : L'inadaptation des ressources de la banque

La faible intervention de la banque dans le financement des PME trouve aussi son explication dans la structure de ses ressources. De fait, la banque est un intermédiaire financier entre les agents économiques en excédent de liquidités et ceux en besoin de liquidités. Elle finance donc les activités de ceux en besoin avec l'épargne constituée par les autres agents économiques. Cette épargne est dans la majeure partie des cas constituée de dépôts a vue ou de court terme faisant l'objet de retraits permanents.

Pourtant, les PME nécessitent généralement pour se développer des crédits de moyen et long terme (supérieur a 2 ans). Cette divergence d'actions entre épargnants et emprunteurs limite la capacité de la banque à transformer une liquidité de court terme en moyen de financement de moyen ou long terme.

Ainsi, l'inadaptation des ressources de la banque et l'influence du cadre prudentiel sont des facteurs tous aussi importants les uns que des autres qui limitent indirectement et indépendamment de la volonté de la banque, ses capacités de financement aux PME. Compte tenu de leur influence indirecte dans le financement des entreprises, ces facteurs ne sont pas perceptibles par les agents dans le processus du financement. D'oü la non prise en compte de ces variables dans notre collecte de données.

CORIS BANK est donc réticente a financer les PME parce qu'elle fait face à un risque qui ne trouve pas toujours une garantie conséquente pour le compenser. De même le système actuel de gouvernance de ces entreprises entraine la méfiance de la banque à l'égard des promoteurs. Toute fois, d'autres facteurs contraignent les PME à accéder au financement bancaire.

II: Les entraves à l'accès au crédit par les PME.

Les PME dans leur quête perpétuelle de financement se trouvent confrontées à des obstacles qui ne leur rendent pas la tâche facile. Parmi ceux-ci, figurent le coût du crédit et l'influence de facteurs structurels qui jouent en leur défaveur.

II.1 : Le coût du crédit

Le coût du crédit est l'ensemble formé du taux d'intérêt et des commissions bancaires. L'intérêt est une somme représentant le loyer de l'argent prêté que la banque prélève périodiquement selon les clauses du contrat de crédit. Le taux d'intérêt varie entre 8% et 15% (taux débiteur) pour les crédits par caisse et entre 1% et 3%(taux débiteur) pour les engagements par signature, toutefois négociable en fonction de la crédibilité du projet et du niveau de risque lié au crédit. La banque perçoit aussi des frais sous forme de commissions dont la valeur dépend également du montant du financement et de sa durabilité.

L'influence du taux d'intérêt notamment dans une entreprise peut être perçue a travers le compte de résultat prévisionnel et les autres états financiers. De fait, les intérêts constituent des charges financières payables mensuellement ou annuellement selon les clauses du contrat et affectent donc la rentabilité de l'entreprise. Ainsi, toute augmentation du taux d'intérêt par la banque augmente les charges financières de l'entreprise, s'en suivra une baisse du résultat financier5 puis du résultat net. Toute chose qui engendre par la suite une baisse de la rentabilité financière de l'entreprise. Ce qui ne cadre pas avec ses objectifs préétablis.

Cet état de fait ne demeure indifférent à toute Petite et Moyenne Entreprise et est perçu comme un obstacle l'empêchant d'adopter un comportement opportuniste. En effet, l'entreprise est un agent économique dont la fonction principale est la maximisation du profit. La rationalité et l'optimisation qui caractérisent son action suppose que les promoteurs des PME choisissent toujours ce qui leur est meilleur parmi ce qui leur est accessible. La négociation du taux d'intérêt ne cadre pas toujours avec les prévisions menées par les promoteurs. Ceux-ci, considèrent souvent que les taux appliqués par les banques sont élevés.

5 Résultat financier : Résultat dégagé par l'activité financière de l'entreprise (Produits financiers -charges financières).

influence du coût du crédit

crédits d'investissement crédits de fonctionnement crédits par signature

57%

14%

29%

C'est pourquoi 10%( tableau 2) des problèmes de financement rencontrés à CORIS BANK sont du fait des PME, qui, estimant le coût du crédit élevé, manifestent de ce fait leur réticence. En fonction des catégories de crédits, l'influence du coût du crédit est perçue ainsi :

Influence du coût du crédit dans les cas spécifiques de problèmes de financement.

Variable

Types crédits

Coût de crédit

Crédits d'investissement

29%

Crédits de fonctionnement

57%

Crédits par signature

14%

Totaux

100%

Source : Extrait tableau 3, colonne 5

De ce tableau nous établissons le graphique suivant :

Graphique 5 : Représentation graphique de l'influence du coût du crédit

Source : Construit par l'auteur, 2010

Le coût du crédit est beaucoup plus déterminant pour les crédits de fonctionnement, un peu moins pour les crédits d'investissement et très faiblement pour les crédits par signature car les taux débiteurs et les frais bancaires sont quasiment uniformes dans la plupart des établissements de crédits.

En assimilant l'entreprise comme « consommatrice de crédit » sur le marché du crédit, nous pouvons penser qu'elle adopte le même comportement que celui du consommateur sur le marché des biens et services.

Elle fait donc face à une contrainte de gains futurs qui seront générés par son projet et ses préférences sont représentées par une fonction d'utilité. Le problème principal qui se pose à elle est : comment maximiser sa satisfaction sous la contrainte de ses gains futurs qui seront générés par l'obtention du crédit. L'analyse du concept de l'utilité et des préférences montre que certaines combinaisons de taux d'intérêt procurent plus d'utilité a l'entreprise.

Il est donc tout à fait logique de penser que les entreprises rechercheront toujours les combinaisons de taux qui leur procureront la plus grande satisfaction. Pourtant celles-ci, considèrent souvent ces taux élevés et de ce fait non minimal. Toute chose qui minimise leur satisfaction; d'oü leur réticence a une demande de financement dans ces conditions.

Ainsi, si pour un taux de crédit de 10% proposé à CORIS BANK, une moyenne entreprise prévoit de générer un résultat net de 500.000 F CFA, pendant que la Banque Atlantique propose un taux de 9,5% pour le même projet avec cependant des prévisions de résultat de 700.000 F CFA, il est tout a fait normal que l'entreprise se retourne vers la Banque Atlantique.

Le coût du crédit entraine donc une réticence des PME au financement. Mais ces entreprises sont aussi confrontées a d'autres obstacles qui leur empêchent l'accessibilité au financement. Sont de ceux ci, l'environnement des affaires, et le poids du secteur informel.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus