3.5 FACTEURS FAVORISANTS
Pour être efficaces, les politiques et les programmes de
réduction de l'impact négatif de la mortalité maternelle
doivent nécessairement passer par l'indentification des facteurs
évitables.
Il est très important pour chaque cas de
décès de connaître à quel(s) niveau(x) une
intervention aurait pu modifier l'issue fatale. C'est ainsi que grâce au
modèle des trois retards nous avons pu identifier les facteurs
liés à chacun des trois retards.
3.5.1 Les facteurs du premier
retard
Différents facteurs ont été responsables
du retard au recours aux soins dans notre étude. Il s'agit notamment
de :
3.5.1.1 L'ignorance des signes de complications et
croyances erronées
L'ignorance est l'un des facteurs les plus impliqué
dans les retards de recourir aux soins médicalisés (16%). Dans la
majorité des cas, les parents ou la famille qui étaient
présents au moment du décès ne connaissaient pas les
signes avant coureurs du danger. Ils étaient le plus souvent mal
informés sur les risques et signes de danger de la grossesse et de
l'accouchement, ce qui les poussait à trouver des causes surnaturelles
à ces signes. « Lorsqu'elle a eu des crises convulsives,
nous pensions qu'elle était victime d'un mauvais sort. C'est pour cela
que nous avons appelé un marabout pour chasser les mauvais esprits qui
viennent au moment de l'accouchement » (mari d'une femme
décédé à Golmy).
« En voyant les jambes, les pieds et le visage
enflés, nous avons pensé que c'était du à la
montée du sang sur la tête et à sa descente sur les pieds,
car pendant son accouchement elle n'a pas beaucoup
saigné » (tante d'une femme décédée
à Kounghany d'éclampsie). Ceci confirme l'ignorance des
populations face à des signes alarmants. L'ignorance de l'urgence et de
la gravité des signes a aussi été un facteur de
retard : « nous avons attendu qu'il fasse jour et que les
gens sortent de la mosquée » (Parente d'une victime à
Bakel Darou Salam).
Selon le personnel de santé, dans le district de
Goudiry, les populations n'ont pas encore l'habitude de recourir aux soins
modernes en cas de complications même si elles sont informées de
la présence de structures pouvant leur fournir des soins
médicaux. Elles ne se soignent jamais tant qu'il n'y a pas de
problèmes qui les dépassent totalement. Selon une sage-femme
de Goudiry « certaines femmes dans ces contrées
n'accouchent jamais à l'hôpital car leurs coutumes interdisaient
cela. Et en cas de force majeur, elles ne rentrent à l'hôpital que
la nuit et ne sortent que la nuit car selon leurs coutumes elles ne doivent pas
être vues par des hommes. En plus les hommes ne doivent pas être au
courant de rien tant que la femme n'a pas accouché ».
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